DROITS DES FEMMES - Les témoignages de femmes dénonçant les violences sexuelles et sexistes dont elles ont été victimes affluent sur les réseaux sociaux, deux jours après la publication d'une tribune appelant à ne pas investir leurs auteurs à la présidentielle et aux législatives.
A quatre mois de l'élection présidentielle et à six mois des législatives, elles estiment que "les agresseurs sexuels n’ont pas leur place aux élections de 2022". Depuis la publication d'une tribune dans Le Monde lundi 15 novembre appelant les partis à "écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes" de la vie politique, des dizaines de femmes ont pris la parole sur les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions ou remarques sexistes dont elles ont été victimes dans le cadre de leurs fonctions, de la part d'élus de la République.
Ainsi, une étudiante raconte comment on lui a proposé de "coucher pour une place sur une liste municipale" ou "pour un stage à l'Assemblée nationale", ou encore comment elle a failli être agressée aux universités d'été du Parti socialiste. Une ancienne collaboratrice parlementaire témoigne également des remarques sexistes entendues au sein du Parlement ; une autre comment des sénateurs ont prévenu sa mère qu'elle devait "faire attention à [sa] fille" alors qu'elles dînaient dans un restaurant fréquenté par les parlementaires.
À l’homme politique qui a essayé de m’agresser aux UEPS, celui qui m’a proposé de coucher pour une place sur une liste municipale et l’autre pour un stage à l’AN. Et à celui qui a essayer de m’humilier politiquement après une rupture. Il est temps que ça cesse. #MeTooPolitique — Mina (@bazimina) November 15, 2021
Cet été, en stage à l’Assemblée, alors qu’on allait prendre l’ascenseur avec d’autres collègues collaboratrices, un député nous lâche sans pression « et ba dit donc, on ne m’a pas prévenu qu’il y avait défilé de mannequins aujourd’hui ! ». C’est non. #MeTooPolitique — Auriane Dupuy (@AurianeDupuy) November 16, 2021
Par solidarité avec le #metoopolitique dans lequel il est régulièrement cité. Je réitère l'anecdote pathétique d'un grand escogriffe qui s'est jeté sur moi dans un ascenseur au Japon pour m'embrasser de force quand j'étais journaliste. Il est député et s'appelle Jean Lassalle. https://t.co/ummbtgoNhr — Mié Kohiyama (@MiKohiyama) November 15, 2021
#MeTooPolitique Une fois, un actuel candidat au présidentielles, m’a dit avec son accent du terroir qu’il avait bien regardé mes fesses, et qu’à n’en pas douté elles rentreraient dans une seule de ses mains. — Mathilde Viot 🌈 ✊🏻🌿🚩 (@ViotMathilde) November 15, 2021
Une fois j'ai mangé au resto Chez Françoise, la cantine du Sénat qui se trouve à proximité, av ma mère. Un groupe de sénateurs mangeaient derrière ns, un me regarde trop, puis se permet de dire à ma mère, outrée: "vs devriez faire attention à votre fille". #MeTooPolitique — Alice BEGUET🔻 (@LISATUE) November 15, 2021
Les élues de gauche à la pointe
Selon Visibrain, l'outil de veille des réseaux sociaux, près de 9000 tweets reprenant le hashtag #MeTooPolitique avaient été publié ce mercredi 17 novembre en milieu de journée, par près de 5000 personnes différentes, deux jours après la publication de la tribune par 285 femmes de gauche, des élues LFI Manon Aubry et Danièle Obono à la sénatrice Laurence Rossignol (PS) en passant par la numéro 2 d'EELV Sandra Regol, la finaliste de la primaire écologiste Sandrine Rousseau et l'adjointe à la maire de Paris Hélène Bidard (PCF).
Une tendance qui se confirme à l'analyse des comptes les plus actifs dans la reprise et la diffusion du hashtag, parmi lesquels celui de la fondatrice du collectif #NousToutes Caroline de Haas, la porte-parole de Yannick Jadot Marine Tondelier, la maire écologiste du 12e arrondissement de Paris Emmanuelle Pierre-Marie, l'eurodéputée insoumise Manon Aubry ou l'élue EELV au Conseil de Paris Alice Coffin.
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Un site internet, metoopolitique.org, a également été mis en ligne pour recueillir des témoignages ou rediriger les internautes vers une pétition mise en ligne sur le site Change.org, réclamant qu'aucun candidat mis en cause ne soit investi par les partis ou que ces derniers n'embauchent pas de personne mise en cause pour violences sexistes et sexuelles. Hacké dès sa mise en ligne, il est de nouveau visible.