Taxés de "soi-disant députés", les frondeurs évoquent une démission de Valls

Publié le 19 février 2015 à 7h17
Taxés de "soi-disant députés", les frondeurs évoquent une démission de Valls

MOTION DE CENSURE – Après l'épreuve de force qui a acculé Manuel Valls à brandir l'article 49-3 pour sauver la loi Macron, le torchon brûle plus que jamais au Parti socialiste entre les frondeurs et les soutiens de l'exécutif.

Fini les pincettes. Deux jours après la crise créée dans la majorité par les députés dissidents qui ne voulaient pas voter la loi Macron, forçant l'exécutif à passer en force avec l'article 49-3, le gouvernement a sorti sa propre fronde pour décocher quelques pierres aux fameux frondeurs.

C'est le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, qui a lancé les hostilités dans la matinale d' Europe 1 . " Les soi-disant députés qui ont été jusqu'à voter contre (la loi Macron, ndlr), ils auront à se rappeler d'une chose : ils ont été élus lors d'une présidentielle, qui avait été précédée d'une primaire qui avait mobilisé trois millions de personnes. Rien n'a été caché, en particulier sur ce qu'on appelle la réduction du déficit budgétaire". Quitte à se voir rétorquer que c'est un peu la définition d'un Parlement godillot...

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Les frondeurs "ont franchi la ligne rouge"

Quelques heures plus tard, Manuel Valls y est aussi allé de ses amabilités lors des questions au gouvernement. Face à la loi Macron se sont "conjugués immobilisme, conservatisme, irresponsabilité, infantilisme", a-t-il attaqué. S'il n'a pas distribué nommément chacun de ces substantifs à la droite et aux frondeurs, la charge résonne avec celle qui les visait mardi, quand le Premier ministre avait dit au 20 heures de TF1 ne pas vouloir "perdre du temps avec ceux qui ont d'autres objectifs que les problèmes des Français".

Si la riposte anti-frondeurs est aussi violente, c'est parce qu'ils "ont franchi la ligne rouge", a estimé de son côté le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux. "Là, pour la première fois, des députés socialistes qui ont décidé de rejoindre la droite pour faire battre le gouvernement sur un texte", a-t-il explicité sur iTélé. "C'est là que leur fonctionnement est antidémocratique, c'est là qu'il faut y mettre un terme. Il faut qu'ils se ressaisissent".

Une démission de Valls ? "C'est une des options"

Bruno Le Roux n'a pas explicitement brandi la menace de nouvelles sanctions, après une première salve en septembre dernier . Mais la question est bien dans l'air. "Je verrai dès la semaine prochaine ceux qui nous ont manqué dans ce moment pour voir avec eux si nous pouvons continuer à travailler ensemble", avait-il sobrement annoncé mardi soir. Tout en refusant de parler de représailles, le porte-parole du groupe Hugues Fourage a salué l'initiative de la frondeuse Nathalie Chabanne qui a quitté son poste de rapporteure générale du Budget. D'autres pourraient-ils perdre des responsabilités ? Sans le dire, Hugues Fourage a estimé qu'une "clarification était nécessaire" : "Est-ce qu'il ne faut pas aller plus loin dans les règles du vivre ensemble au sein du groupe ?", s'est interrogé ce proche de Manuel Valls. Douce, la formule n'en est pas moins menaçante.

En face, les frondeurs ne baissent pas la garde, au contraire. A la question de savoir s'ils souhaitent un départ de Manuel Valls, le député Laurent Baumel a répondu sur iTélé : "Je demande un changement de ligne, s'il doit passer par un changement de Premier ministre, ça ne me dérange pas". "C'est une des options, ce n'est pas la seule. Je n'écarte rien", a abondé son camarade Christian Paul. Faisant bondir Bruno Le Roux dans les couloirs de l'Assemblée : "Maintenant, on ciblerait sur le Premier ministre, en disant qu'il faut en changer, comme ça, simplement parce que ceux qui sont dans la préparation d'un congrès pensent qu'ils auraient intérêt à dire 'Manuel Valls, on n'en veut plus'!" s'est-il indigné. Définitivement, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, s'est réjoui trop vite mardi, en se félicitant qu'un "psychodrame" ait été évité : on est en plein dedans.

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La rédaction de TF1info

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