Un loto pour sauver le patrimoine : une mesure déjà appliquée dans plusieurs pays

Publié le 31 mai 2018 à 9h54
Un loto pour sauver le patrimoine : une mesure déjà appliquée dans plusieurs pays

BOITE À IDÉES - La mesure défendue par Stéphane Bern et qui se déroule à partir du 31 mai pour défendre le patrimoine français n'est pas une franche nouveauté, étant déjà appliquée chez plusieurs de nos voisins européens.

Un tirage, un grattage, et vous sauvez un monument. Le loto du patrimoine imaginé par Stéphane Bern, à l'automne dernier pour la préservation du patrimoine, afin de dégager des sources de financement dans un secteur où les financements publics font souvent défaut, entre en vigueur jeudi 31 mai.

Alors que la France a recours depuis longtemps à des fonds privés, via notamment le mécénat, pour la conservation des monuments, cette mesure peut paraître inédite dans l'Hexagone. Elle a pourtant été envisagée de longue date. L'idée de créer un tirage exceptionnel du loto dédié au patrimoine a en effet notamment déjà été avancée par le maire DVD de Versailles, François de Mazières. En 2014, avec d'autres parlementaires, il avait déposé un amendement à la loi de Finances pour affecter les bénéfices d'un tirage exceptionnel réalisé lors des Journées européennes du patrimoine au Centre des monuments nationaux.

Il y a déjà 11 ans, face aux difficultés structurelles de financement du patrimoine, un rapport parlementaire de l'ex-député LR Christian Kert promouvait des "formules innovantes", dont celle consistant à "créer une recette d'au moins 90 millions d'euros, assise sur le produit de la Française des jeux, en faveur des monuments classés et inscrits des collectivités territoriales". L'idée avait été reprise par le Sénat, avec cet argumentaire : la Française des jeux (13.7 milliards de chiffre d'affaire l'an passé) reverse déjà une part de son chiffre d'affaires (1.8%) au profit du Centre national pour le développement du sport (CNDS), soit plus de 208 millions d'euros en 2016. Il serait question, comme pour le sport, de réserver 1% du chiffre d'affaires au patrimoine.  Sans succès.

Un modèle bien connu à l'étranger

Si la France hésitait donc depuis des années à s'engager dans ce mode de financement, d'autres pays, en Europe, y ont recours depuis longtemps. Le modèle le plus souvent cité est celui du Royaume Uni. Avec son "Heritage Lottery Fund", créé en 1994, il revendique le soutien à 42.000 projets patrimoniaux, et 7.7 milliards de livres sterling (8.6 milliards d'euros) collectés au moyen du loto national. Son champ d'action s'étend de l'archéologie à la restauration des parcs et des monuments. Le Royaume-Uni est même allé plus loin, avec la production d'émissions de télévision comme "Restoration", sur la BBC 2, un programme mettant en compétition une trentaine de chantiers, avec un vote des téléspectateurs à la clé...

En Allemagne, la loterie télévisuelle (GlückSpirale) alimente quant à elle depuis 1991 la Fondation allemande pour la protection des monuments, au même titre que des projets sportifs ou sociaux, avec un bilan revendiqué à ce jour de 5.000 monuments rénovés par ce biais. Cette loterie constitue "un pilier stable" de financement pour la préservation du patrimoine, vante la Fondation allemande, qui programme la réhabilitation d'églises, châteaux et autres monuments dont les besoins "dépassent les capacités de financement public". Aux Pays-Bas, la "BankGiroLoterij" organise de son côté depuis 11 ans une compétition annuelle, via une émission de télévision grand public, pour permettre la restauration d'un bâtiment historique, pour un montant de 50 millions d'euros chaque année. Quant à l'Italie, elle a mis en place dès 1996 la "Lottomatica", qui permet de reverser aux collectivités des fonds pour le patrimoine. Ils ont servi notamment à réhabiliter le palais ducal de Mantoue ou les fresques de Giotto à Padoue


Vincent MICHELON

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