Un maire écolo, ça change quoi ? Voici ce que celui de Tours a fait en 100 jours

A.R
Publié le 9 octobre 2020 à 7h00

Source : JT 20h Semaine

PREMIER BILAN - Voilà cent jours qu'Emmanuel Denis est devenu maire écologiste de Tours. Pistes cyclables, réfection des écoles, mise en place d'un potager pour les cantines scolaires ou encore baisse de l'indemnité de maire... Le programme a été mis en route au pas de charge.

Après l'euphorie de la victoire, les Verts élus à la tête de grandes villes lors des élections municipales se frottent désormais à l'épreuve du pouvoir. A Tours, le nouveau maire écolo, Emmanuel Denis, a mis en place son programme au pas de course. Depuis son accession à la mairie, il a multiplié les décisions, qui ne font pas toujours la joie des 130.000 habitants de la ville.

Rénovation énergétique des bâtiments, développement des pistes cyclables, baisse de son indemnité de maire

A Tours, le mandat écolo a commencé par le développement des pistes cyclables. Pour cela, le maire a fermé trois ponts à la circulation automobile. Désormais, c'est en deux roues qu'on les traverse. Alors forcément, certains automobilistes n'y trouvent pas leur compte : "C'est une vraie merde, quand on vient de Tours nord. Il y a plus de bouchons", affirme un sexagénaire. "Il faut s'organiser (...) mais on est ravi", se réjouit de son côté une automobiliste. Les esprits chagrins vont devoir s'y faire : cet été, deux kilomètres de pistes cyclables ont été créés et l'objectif est d'atteindre les 40 kilomètres d'ici la fin du mandat. Emmanuel Denis le dit lui-même, il veut prendre le tournant pris par Pompidou à propos des voitures, à contre-pied : "En 1971, Pompidou avait déclaré qu'il fallait adapter la ville à la voiture, maintenant il faut faire tout l'inverse".

L'autre chantier mis en place à la vitesse de la lumière : la rénovation énergétique des bâtiments publics, à commencer par les écoles avec l'installation d'isolants et de doubles vitrages. Une façon de lutter contre les "passoires énergétiques" face auxquelles la ville avait pris, selon lui, "beaucoup de retard". 

Depuis trois mois, Emmanuel Denis a également baissé son indemnité d'élu, à hauteur de 1000 euros, et a baptisé un jardin public du nom de "Fritz", un éléphant employé dans un cirque à la fin du XIXe siècle et mort à Tours. Son corps empaillé est d'ailleurs exposé dans un musée de la ville, comme un symbole de la maltraitance animale. 

Pour moi, c'est très politique et assez idéologique
Pascal Brault, directeur du Château d'Artigny et Spa

Autre annonce, peut-être un peu plus fâcheuse pour certains, d'Emmanuel Denis : l'annulation de la subvention d'un million d'euros à Ryanair, seule compagnie encore présente à l'aéroport de la ville. Une décision catastrophique pour ceetains acteurs du tourisme local, qui craignent la disparition des vols commerciaux. C'est notamment la crainte de Pascal Brault, directeur de l'hôtel cinq étoiles Château d'Artigny et spa. 

Situé à 20km de Tours, son établissement accueille entre 30.000 et 40.000 touristes chaque année. Une clientèle qui vient souvent de l'étranger et ... en avion. "Je pense pas qu'une seule région touristique, une seule région vraiment très dynamique en France puisse se passer d'un aéroport. Je n'en connais pas en France donc ça me navre un petit peu. Je trouve ça un peu dommage. Pour moi, c'est très politique et assez idéologique", dénonce-t-il. 

Au sein de l'opposition, les élus commencent à s'agacer de ces prises de position qu'ils estiment ne pas être prises dans la "concertation". On lui reproche aussi des changements de programme, des modifications, comme sur ce terrain où le maire a finalement accepté la construction d'un vaste projet immobilier, après s'y être opposé au cours de la campagne électorale. "Le projet avait déjà été lancé", se défend le maire qui demande du temps. Il lui reste six ans, moins 100 jours.


A.R

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