Entretien des routes et des ponts français : le serpent de mer de l'écotaxe revient dans le débat

Publié le 16 août 2018 à 16h42, mis à jour le 16 août 2018 à 17h21
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Source : Sujet JT LCI

ROUTES - Après l’effondrement du viaduc de Gênes, l’ancien secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau relance le débat sur l’écotaxe. Selon lui, cette taxe qui devait être prélevée sur les poids lourds servirait à financier l'entretien et la rénovation des infrastructures routières. La majorité en revanche n’a pas l’air prête à étudier le retour de cette taxe abandonnée en 2013 par Ségolène Royal.

L'écotaxe pourrait-elle être ressortie des cartons pour aider au financement de l'entretien et des rénovations des infrastructures routières en France ? C'est en tout cas le souhait de Dominique Bussereau, ancien secrétaire d'Etat aux Transports de Nicolas Sarkozy. "Il y avait une ressource que nous avions mise en place avec Jean-Louis Borloo qui était l’écotaxe. Ca aurait rapporté (...) à peu près 3,5 à 4 milliards d’euros par an. Avec cela, on pourrait financer à la fois la rénovation du réseau, améliorer et moderniser le réseau, équiper mieux le ferroviaire, construire des ouvrages fluviaux, faire des transports publics dans les villes" a-t-il expliqué sur LCI ce jeudi 16 août.

Dominique Bussereau plaide pour le retour de l'écotaxe pour financer l'entretien des routesSource : Sujet JT LCI
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"C’est 3,5 à 4 milliards d’euros qui ont été bêtement supprimés par  décision de Ségolène Royal qui nous manquent tragiquement aujourd’hui alors que tous les autres pays européens se dotent de cette ressource" a ajouté le président de l'Assemblée des départements de France. 

Pour rappel, l'écotaxe était la mesure phare du Grenelle de l'environnement de 2007. La mise en place de cette taxe sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes empruntant le réseau routier français non-payant devait financer la construction et l’entretien des infrastructures de transport. Mais elle n'a jamais été appliquée et a été abandonnée par Ségolène Royal en 2013, après la fronde des "bonnets rouges" bretons. L'abandon de l'écotaxe aurait coûté  1 milliard d'euros à l'Etat selon un rapport de la Cour des comptes rendu en février 2017 notamment car de nombreux équipements avaient déjà été installés sur les routes  de France. Selon les estimations, cette taxe aurait dû rapporter 9,83 milliards d'euros nets à l'Etat de 2014 à 2024. 7,56 milliards auraient été alloués à l'Agence de financement des infrastructures de transports en France.

Une redevance transitoire annuelle évoquée par la majorité

Toutefois, l'actuelle majorité ne semble pas prête à faire marche arrière et à instaurer de nouveau l'écotaxe. "Aujourd’hui, je n’ai pas vu de membre du gouvernement disant qu’il fallait revenir à l’écotaxe  telle qu’elle avait été prévue à l’époque" a expliqué sur LCI le député LaREM Matthieu Orphelin. Selon lui, d'autres solutions sont envisageables, comme l'instauration d'une "redevance transitoire annuelle payée par les camions pour utiliser les routes".

Dans une interview aux Echos le 5 juillet dernier, la ministre des Transports Elisabeth Borne disait ne pas vouloir ressusciter l’écotaxe. "Ce ne serait pas une bonne idée de la relancer en l’état, mais il faut réfléchir à une façon de faire payer ces poids lourds" avait-elle déclaré. "Certaines régions (…) demandent à pouvoir créer, comme l’a fait le Grand Paris, une taxe spécifique dédiée aux besoins en équipement. Cela peut également passer par la mise en place de péages sur certaines sections de routes nationales" avait-elle ajouté.


Justine FAURE

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