VIDÉO - "Ça ne donne pas envie", "Je ne m'en soucie pas"... Qui sont ces Français qui s'abstiennent de voter ?

TF1 | Reportage C. Adriaens-Allemand, J.F. Drouillet, O. Stammbach
Publié le 5 janvier 2022 à 12h36

Source : JT 20h Semaine

ÉLECTION - À moins de 100 jours, désormais, de l'élection présidentielle, des millions de Français se définissent eux-mêmes comme abstentionnistes. Pourquoi boudent-ils les urnes ? Le 20H de TF1 en a rencontré certains.

Le 20 juin dernier, au second tour des élections régionales et départementales, plus de 66% des Français ne se sont pas rendus aux urnes. Une abstention historique, mais pas si surprenante au vu des précédents suffrages. Alors, à moins de 100 jours de l'élection présidentielle, le 20H de TF1 a rencontré une partie de ces électeurs.

À une quinzaine de kilomètres de Lille (Nord), près de la frontière franco-belge, nous avons rencontré Dimitri Taisne, 40 ans, père de deux enfants. Il travaille comme conseiller clientèle. Et s'il est impliqué dans la vie associative comme président d'un club de sport, concernant la vie démocratique, il est beaucoup plus distant et ne vote que très rarement. 

"Je n'ai pas les clés. On ne m'a pas donné de sens, on ne m'a pas donné d'explications à partir du moment où on reçoit des tracts. Je ne vois pas du tout ce qu'on attend de moi et ce que je peux changer avec ma voix", se confie-t-il dans le reportage en tête de cet article. Voilà pourquoi il s'abstient aux élections européennes, départementales et régionales. Mais pour le scrutin d'avril prochain en revanche, il le promet : "l'élection présidentielle, j'irai voter".

Quel rôle pour les élus ?

À l'image de Dimitri, dans la petite commune de Baisieux, 4700 habitants, comme dans toute la France, deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés pour voter en juin dernier. Un niveau d'abstention jamais atteint toutes élections confondu. "On y croit de moins en moins. Il n'y a pas grand-chose qui se fait, surtout pour nous, les moyens, les ouvriers, ceux qui ont toujours travaillé", juge une habitante. 

Pour le maire de la commune, Philippe Limousin, c'est aux élus de ramener les citoyens aux urnes en les associant aux décisions via des conseils de quartier par exemple. "À part du moment où on leur parle de chez eux, de leurs problèmes (...) ça doit contribuer à amener davantage les citoyens aux urnes, je l'espère", indique l'édile.

"Je n'ai jamais été voter. Je ne m'en soucie pas vraiment"

Un phénomène inquiète tout particulièrement : en zone rurale comme dans les villes, la catégorie des jeunes manque particulièrement à l'appel au moment de se rendre aux urnes. En juin dernier, au niveau national, 82% des 18-35 ans ne sont pas allés voter. C'est même plus de 90% dans certains quartiers de Lille. Comment l'expliquer ? 

En France, 11 millions d'électeurs ont moins de 35 ans. Mais pour la grande majorité d'entre eux, voter n'est même pas un sujet. "Je n'ai jamais été voter. Je ne m'en soucie pas vraiment", nous explique Timothé, barbier à Lille.

"Je ne me sens pas représenté"

Un désintérêt qui ne dépend pas nécessairement du niveau d'études des potentiels électeurs. Illustration avec l'exemple de Victor, 22 ans, titulaire d'une licence en Communication et marketing et salarié à temps partiel d'un restaurant. Il souligne que malgré la dizaine de candidats déjà déclarés à la présidentielle, aucun ne trouve grâce à ses yeux.

"Je ne me sens pas représenté. Il y a des valeurs que je porte qui ne sont pas les leurs. Ou l'inverse. Et ça ne me donne pas envie de voter pour eux", détaille-t-il.

Prise en compte des bulletins blancs, vote électronique, vote obligatoire... Au-delà des idées avancées ici et là pour redonner du souffle à cet exercice démocratique, c'est dans la rue que se mène la chasse aux voix. Ainsi, à Roubaix, ville championne de l'abstention en France, une association bat le rappel avant chaque scrutin. "Est-ce que ça t'intéresse de venir discuter avec nous ? On n'est pas politisés", lance une bénévole à un jeune de 21 ans qu'elle interpelle dans la rue.

"Il faut aller aux urnes, il n'y a que les urnes qui parlent. Parce que le changement, c'est nous, les citoyens", juge Nora Morvany-Sehiri, bénévole au comité de quartier Servir. 

Les 10 et 24 avril, pour l'élection présidentielle, plus de 47 millions d'électeurs sont appelés à voter.


TF1 | Reportage C. Adriaens-Allemand, J.F. Drouillet, O. Stammbach

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