INVITÉ - La ministre des Solidarités et de la Santé était l'invitée de la matinale sur LCI ce mardi 13 novembre. Elle est revenue sur sa politique, de la lutte contre la pollution de l'air face à la fronde du 17 novembre à ses positions concernant la loi bioéthique.
Sur le plateau de LCI ce mardi, Agnès Buzyn a défendu la politique du gouvernement en termes de santé publique : taxation écologique, remboursement des prothèses dentaires et auditives, mutuelle à 1 euro par jour pour les plus démunis ou encore remboursement de la PMA pour les femmes homosexuelles ou seules. LCI revient point par point sur ces explications.
Hausse des prix du carburant : "Le diesel tue"
La ministre des Solidarités et de la Santé a affirmé "ne pas avoir peur" des "gilets jaunes", ce mouvement qui réclame une baisse des taxes sur les carburants. Elle estime que la "France doit être en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique" pour répondre à ce "défi de l'humanité".
Mettant une politique du "en même temps", Agnès Buzyn dit comprendre la colère d'une partie des Français et souhaite un accompagnement des conducteurs qui n'ont d'autre choix que d'utiliser leur voiture, mais met en avant "une enjeu de santé publique majeur".
"La pollution de l'air cause 48.000 morts prématurés par an", indique-t-elle. "Le diesel tue", a-t-elle ajouté. "Il est classé au même titre que le tabac comme un cancérigène prouvé par l'OMS", il a également "une risque accru de leucémie des enfants autour des grands axes routiers." "On ne peut pas faire semblant qu'il n'y a pas de sujet" estime-t-elle.
Aux accusations du mouvement du 17 novembre de vouloir augmenter les taxes dans le seul but de gonfler les recettes de l'Etat, elle assure : "En tant que médecin, en tant que ministre de la Santé, ce n'est pas un faux prétexte".
Les mesures d'accompagnement seront dévoilées par le gouvernement dans la semaine, soit avant la manifestation de ce samedi. "Nous travaillons sur l'élargissement du chèque énergie (...), sur l'élargissement du nombre de bénéficiaires à la prime à la reconversion", a-t-elle donné comme exemple, comptabilisant actuellement "200.000 demandes", et indiquant vouloir "aller jusqu'à 500.000" bénéficiaires.
🗨 @agnesbuzyn à @chrisjaku : "Nous travaillons sur l'élargissement du chèque énergie [...], accompagnons les Français pour qu'ils changent de voiture, c'est un vrai changement de société." 📺 #La26 . pic.twitter.com/TUKhCdv5S9 — La Matinale LCI (@LaMatinaleLCI) 13 novembre 2018
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Prise en charge des lunettes, prothèses dentaires et auditives : "Ce sera en 2021"
Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, "le reste à charge zéro" pour les lunettes, prothèses dentaires et auditives sera totale "en 2021", assure la ministre. Sa mise en place se fera par étapes : "Il faut accompagner les professionnels et puis c'est un effort financier considérable". Coût de l'opération : 1 milliard d'euros. "750.000 euros vont être pris en charge par la Sécurité sociale et 250.000 par les mutuelles", a-t-elle indiqué.
A ceux qui s'inquiètent d'une flambée des cotisations des mutuelles, la ministre de la Santé assure que la question a fait l'objet de longues discussions avec les intéressés et que "les complémentaires se sont engagées à ne pas répercuter le quart pris en charge sur les cotisations". Un Observatoire des prix sera constitué pour veiller à ce que cet engagement soit bien suivi de faits.
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Baisse du pouvoir d'achat : "Une complémentaire santé à 1 euro par jour"
Interrogée sur son refus d'un nouveau débat sur la CSG modulable, Agnès Buzyn souligne que "le coût de la Sécurité sociale ne peut pas être entièrement assumé par des travailleurs". Pour autant, elle estime que les petites retraites bénéficieront en parallèle de coups de pouce en termes de santé : une complémentaire à 1 euro par jour. Elle concernera "trois millions de Français les plus pauvres".
PMA : "La question du remboursement (pour tous les publics) c'est la question de l'égalité réelle"
La ministre de la Santé compte bien inscrire dans la loi française le droit à la PMA pour les femmes seules et les femmes homosexuelles tout comme son remboursement. "Les femmes qui ont les moyens, elles vont déjà en Belgique et en Espagne, la question du remboursement c'est la question de l'égalité réelle", dit-elle, tout en soulignant que la "loi n'est pas écrite, c'est mon opinion personnelle".
Elle souhaite également une reconnaissance claire du parent d'intention, évoquant le cas tragique d'un couple de femmes homosexuelles où la génitrice est décédée. "L'autre mère n'avait aucun droit" et a vu ses enfants confiés aux grands-parents.
Si la question de la GPA ne se pose pas actuellement, Agnès Buzyn souhaite toutefois "sécuriser les enfants nés par GPA". "Ils ne peuvent pas être apatrides", a-t-elle martelé, laissant la réglementation au ministère de la Justice. "Ce n'est pas une question de santé publique".
Enfin, elle a tenu à faire part de son exaspération sur ces sujets très polémiques. "On parle beaucoup de la PMA et de la GPA et je le regrette vraiment", dit-elle sur LCI. "Il y a d'autres sujets comme les études génétiques qui sont beaucoup plus intéressantes à discuter." "La PMA n'est pas un problème scientifique, mais elle parasite le débat, les autres sujets sont des questions scientifiques".
Éludant la question du calendrier du vote de la loi - avant ou après les européennes, elle dit respecter l'engagement d'un vote en 2019 tout en souhaitant "un débat prolongé avec les parlementaires".