Dans les coulisses de la mise au point du futur porte-avions français

Publié le 8 décembre 2020 à 21h35, mis à jour le 9 décembre 2020 à 11h46

Source : TF1 Info

EXCLUSIF - Emmanuel Macron a annoncé ce mardi que le porte-avions français appelé à remplacer le Charles-de-Gaulle devrait "être à la mer pour ses premiers essais en 2036". On vous embarque au cœur de la conception de ce futur monstre océanique.

Le Charles-de-Gaulle aura bien un successeur. Lors d'une visite au Creusot ce mardi, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait se doter d'un nouveau porte-avions à propulsion nucléaire. Pour l'instant, on ignore comment sera baptisé ce nouveau bateau, mais ses dimensions sont déjà impressionnantes : 75.000 tonnes, 305 mètres de long et 40 mètres de large à la flottaison. Il devrait ainsi être une fois et demie plus imposant que son homologue actuel. Le coût prévu ?  Sept milliards d’euros. Mais il faudra s'armer de patience avant de découvrir les courbes de ce "porte-avions nouvelle génération" qui ne devrait être mis à la mer qu'en... 2036.

Pour l'instant, le futur monstre des mers est à l'état d'embryon. Avant de lancer la construction prévue en 2025, les maquettes prennent forment et se succèdent à l'intérieur de la direction générale d'armement (DGA). C'est ici que les premières esquisses du futur porte-avions ont été pensées par les ingénieurs. Et ils sont loin d'en être à leur premier coup d'essai puisque tous les bateaux militaires sont conçus dans ce centre spécial. 

Il faut bien faire dès la première fois.
Laurent, directeur DGA

En passant avec nostalgie devant la maquette de son précédent enfant, le Charles-de-Gaulle, Le directeur de la DGA, Laurent Le Saint, évoque l'importance de réaliser une multitude de maquettes. Autant d'essais qui permettront d'atteindre la perfection. Ils n'ont, en effet, pas le droit à l'erreur. En taille réelle, il n'existera qu'une seule version. "Il faut bien faire dès la première fois. C'est pour cela qu'il y a beaucoup d'études au départ et donc plusieurs maquettes."  L'objectif de ces multiples essais ? "Déterminer sa vitesse, ses performances manœuvrières et son comportement quand il est soumis aux vagues", répond l'ingénieur.

Prédire la puissance nécessaire
Sophie, responsable technique

Sous un hangar, un gigantesque bassin de 600 mètres de long, la première maquette du futur porte-avions est scrutée avec attention. La coque est ainsi étudiée sous toutes ses coutures. "Ça nous permet de voir si l'étrave est bien dessinée", explique Sophie, responsable technique. Plusieurs personnes autour d'elle ont ainsi les yeux rivés sur leurs écrans. À travers ces multiples tests, le but est de réduire au maximum la résistance à l'eau de ce navire d'une dizaine de mètres de long aujourd'hui.  "Tout cela nous permet de prédire la puissance nécessaire pour faire avancer le bateau à une vitesse donnée", reprend Sophie. 

Dans un autre bassin, l'ambiance semble tout aussi studieuse. Actuellement en phase d'essai, l'hélice est au cœur des  préoccupations des ingénieurs. Celle-ci est soumise à une forte pression d'eau propulsée afin de la faire tourner. "Ça fonctionne un petit peu comme une soufflerie et l'intérieur est rempli d'eau. On a plusieurs milliers de m3 d'eau qui circulent dans cette boucle", éclaire Patrick, chef du département tunnel. L'ingénieur traque avec attention les moindres défauts sur un grand écran : "Vous voyez ici, on voit apparaître ces poches de vapeur, on appelle ça des tourbillons. C'est ce qu'il faut éviter. Lorsqu'on est face à ce type de phénomène, l'hélice est moins performante."

Une technologie plus avancée

Avant d'être soumise à une batterie de tests, l'hélice a pris forme dans le cerveau d'un jeune homme. Il s'appelle Rémi et il est ingénieur. Le scientifique a créé son projet dans un endroit spécial nommé "le couloir des numériciens". Installé devant un écran d'ordinateur, le jeune homme raconte comment il a modélisé l'hélice en deux mois grâce à une technologie de plus en plus avancée :" Avant, quand on n'avait pas la simulation numérique, on devait faire des dizaines de modèles d'hélice. On devait tous les essayer et ensuite choisir le meilleur. Là, on a juste à le valider en essai." L'essentiel des recherches se fait par simulation avec l'aide d'une puissance de calcul spectaculaire.

Au total, 2000 personnes seront mobilisées sur ce projet qui deviendra l'un des étendards de la souveraineté française. 


La rédaction de TF1info

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