Emmanuel Macron en Polynésie : le premier président de la République à visiter les Îles Marquises, candidates à l'Unesco

ML (avec AFP)
Publié le 26 juillet 2021 à 15h40

Source : JT 13h Semaine

ÉVÉNEMENT - Premier président à venir en visite aux Marquises, Emmanuel Macron a soutenu la candidature de cet archipel de la Polynésie française au patrimoine mondial de l’Unesco.

Un spectacle exceptionnel pour une visite historique. Dimanche soir (lundi matin en métropole), le chef de l’État a été accueilli dans les Îles Marquises avec une cérémonie traditionnelle spectaculaire où figuraient 600 danseurs et musiciens issus de ces six îles. Une escale importante dans le cadre du déplacement d’Emmanuel Macron en Polynésie française, pour la première fois sur place depuis le début de son mandat. Il s'agit du premier président de la République à se rendre dans cet archipel polynésien, et ce, pour une occasion particulière : le chef de l'État a annoncé son soutien à la candidature des Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco. 

Des cavaliers en tenue de combat ont escorté le chef de l’État au milieu du stade d'Atuona, principal bourg d'Hiva Oa, la deuxième plus grande île de l'archipel, faisant face à l’océan. S’en est suivi un spectacle de près d’une heure, dont le reportage en en-tête offre un aperçu : près de 450 danseurs ont investi le vaste stade et se sont mis en mouvement à l’unisson aux rythmes de chants puissants et d’une vingtaine de percussions polynésiennes, des pahu et faatete

Pagnes noués autour de la taille à base de auti, feuilles effilées, les participants arboraient aussi un maquillage de jours de fête délicatement tracé sur le visage. Entre les rangées de femmes assises en tailleur, des interprètes aux costumes de plumes ont circulé gracieusement et entament la danse de l’oiseau devant des gradins remplis. 

Emmanuel Macron baptisé "Grand chef qui marche et qui va loin"

Un défilé préparé depuis plusieurs semaines par les habitants de l'archipel, et dont le reportage en en-tête raconte les coulisses. Des heures de bus ou de bateau pour assister à la cérémonie : la visite présidentielle a drainé 3000 personnes, venus des six îles de l’archipel, alors qu’Hiva Oa ne compte que 2000 habitants à l’année.

"Mave mai Président Macron" arborent certains habitants sur leur T-shirt, souhaitant la bienvenue au chef de l’État en marquisien. Même à 15.000 kilomètres de la métropole, l’attachement patriotique des habitants est fort : "La France, c’est la mère patrie", commente l’une des spectatrices sur le chemin de la cérémonie, dans le reportage en en-tête. 

"Notre part d’identité française est voulue et assumée : nous sommes Marquisiens, Polynésiens, Français, et nous en sommes fiers, monsieur le président", a déclaré la maire de Hiva Oa, Joëlle Frébault. Avant de baptiser Emmanuel Macron d'un nom marquisien : "Te Hakaiki Taha’oa", "le grand chef qui marche et qui va loin".

"Notre trésor, c’est cette nature et cette culture"

Emmanuel Macron, en réponse, a commencé son discours en saluant, par quelques mots en marquisien, chaque île de l'archipel. "Notre trésor, c’est cette nature et cette culture", "alors je me battrai à vos côtés pour que nous puissions classer à l'Unesco les Marquises", a-t-il déclaré. "Soyez fiers d'être Marquisiens, d'être Polynésiens, d'être Français", a-t-il lancé en guise de conclusion de son discours, visiblement ému, debout sur une pirogue double traditionnelle en bois.

"Vous m'avez offert dans une boîte faite de votre artisanat, les plumes de chacun des oiseaux de vos îles, et j’y ai enfermé une part de vos chants, de vos danses et de vos sourires, et je les emporte avec moi contre mon cœur", a-t-il remercié.

Accompagné du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, le chef de l'État avait auparavant débuté la journée par une cérémonie au monument aux morts de Papeete puis par une réunion avec le président de la Polynésie française, l'autonomiste Edouard Fritch, et les membres du gouvernement, consacrée notamment à la crise du Covid-19. En arrivant sur place, le président s'était également rendu sur les tombes des deux grands artistes, Paul Gauguin et Jacques Brel, grands admirateurs de l’archipel. 

Falaises spectaculaires, habitations en pierre et statues : le "Bien îles Marquises" en lice pour le label Unesco

Les autorités locales, de leur côté, se sont lancées dans la course pour obtenir le prestigieux label Unesco il y a plusieurs années déjà. Une procédure longue, avec la clé peut-être la reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle du "Bien îles Marquises", qui comprend neuf sites sur les principales îles de l'archipel, avec une inscription "mixte" combinant "nature et culture".

Les Marquises offrent en effet des paysages saisissants, comme "une verticalité de falaises exceptionnelles", notamment les pics et pitons de l'île de Ua Pou. Parmi les richesses de l’archipel, on compte aussi de nombreuses espèces de poissons et dauphins. 

Du côté des constructions humaines, les îles offrent "une architecture monumentale cérémonielle et d'habitat sans précédent", ainsi que de nombreux "tiki" (statues) et "paepae", d’anciennes habitations des Marquisiens érigées en hautes plateformes en pierre. La maire Joëlle Frébault a également souhaité que le Matatiki, l’art graphique marquisien, figure au patrimoine de l’Humanité.

"Cette inscription est une démarche pour toute l’Océanie, parce qu’il faut dire au monde que certes, nous sommes des petits bouts de cailloux dans le Pacifique, mais que nous avons des richesses qui méritent d’être inscrites au patrimoine mondial", a précisé dimanche le ministre de la Culture du gouvernement polynésien, Heremoana Maamaatuaiahutapu.

L’histoire qui lie la métropole à la Polynésie française est centenaire : à la fin du XXIe siècle, l’amiral Marchand s’empare des Marquises au nom de la France, puis un protectorat s’installe à Tahiti en 1842. La colonie devient territoire d’outre-mer en 1946, avant d’obtenir le statut de collectivité d’outre-mer (COM) et de bénéficier d’une autonomie interne depuis 1984, renforcée depuis.

Le président est également très attendu dans l’archipel polynésien sur un autre sujet bien plus sensible : la question des essais nucléaires menés par la France dans l’archipel, entre 1966 et 1996. Certains habitants estiment que ces essais ont provoqué une hausse des cas de cancers dans la population et espèrent du chef de l’État des indemnisations. 


ML (avec AFP)

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