ALGERIE - Emmanuel Macron a "demandé pardon" lundi au nom de la France aux harkis ayant combattu aux côtés de l'armée française durant la Guerre d'Algérie. Le chef de l'Etat a été brièvement interrompu durant son discours par des descendants.
"On a vécu l'ignorance, l'humiliation". Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron a "demandé pardon" lundi aux harkis au nom de la France. Un sujet toujours sensible, comme l'a montré l'émotion régnant dans la salle des fêtes de l'Élysée.
Fait sans précédent, le discours du président a en effet été interrompu par deux enfants de harkis. "Moi, pour que je ne m'échappe pas du camp, on m'a brûlé la main, les pieds. Aujourd'hui, ce que je vous dis, ce n'est que la vérité", lui a lancé une femme, la voix tremblante et les larmes dans les yeux. Avant de poursuivre : "Si je pleure, c'est que mon père de là-haut il le voit. Aujourd'hui je suis là et je vous dis comment mon cœur, il est blessé. Il n'y a pas que mon cœur, y a le cœur de tous ceux qui sont morts, qui se sont suicidés. On est ici comme des mendiants, en train de vous supplier."
"Ce n'est pas des promesses en l'air"
"Monsieur Macron vous m'avez fait des promesses. Vous m'avez fait des promesses, monsieur Macron", a poursuivi un homme. "Ce n'est pas des promesses en l'air", a assuré le chef de l'État, avant que l'atmosphère retrouve son calme. "Il n’y a aucun mot qui réparera vos brûlures et ce que vous avez vécu", a reconnu également le président de la République.
"Après la guerre d’Algérie, la France a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants", a affirmé le chef de l'État en s'exprimant à l'Élysée devant quelque 300 représentants de cette communauté estimée à 800.000 personnes. "La République a contracté à leur égard une dette (...) Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi la prison, je leur demande pardon. Nous n’oublierons pas", a-t-il ajouté.