FAITES CE QUE JE DIS, MAIS... - Le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye est fragilisé par des soupçons de conflit d'intérêt après des omissions dans sa déclaration d'intérêt. Pourtant dans le passé, il s'était souvent fait le défenseur de "l'exemplarité" et de la "transparence".
Jean-Paul Delevoye n'avait pas vraiment rempli dans les règles de l'art sa déclaration d'intérêts auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Il l'a rectifiée en déclarant 13 mandats, six de plus que dans la version initiale. Il y a quelques jours, il avait déjà reconnu avoir omis de déclarer sa fonction d'administrateur bénévole dans un institut de formation de l'assurance.
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Des manquements et des oublis qui font tâche tant leur auteur s'est affiché, dans le passé, comme un fervent défenseur de la transparence et de l'exemplarité en politique. En juin 2017, celui qui était président de la commission d’investiture de La République en marche pour les élections législatives déclarait sur Public Sénat : "Vous savez la confiance de nos concitoyens vis-à-vis des politiques, c’est certes l’exemplarité, certes la transparence, mais c’est aussi la vérité. Et je crois qu’il ne faut rien cacher".
En février 2010 au Sénat, alors qu'il était médiateur de la République, il expliquait : "Mon angoisse, c’est de voir aujourd’hui la remise en cause de la confiance dans les décisions publiques parce qu’il y a un manque d’éthique, un non-respect de l’éthique. Et c’est vrai aujourd'hui sur l’ensemble d’un certain nombre de comportements qui se doivent d’être exemplaires. L’exemplarité est aujourd'hui un élément de construction de la confiance. La transparence est aujourd'hui aussi quelque chose de tout à fait déterminant."
L'opposition réclame son départ
Ces manquements fragilisent le haut-commissaires aux retraites dans l'opinion publique, en plein conflit social contre la réforme des retraites. Mais l'artisan de cette réforme a reçu samedi le soutien d'Edouard Philippe, ce dernier estimant sa "bonne foi" "totale". En revanche, l'opposition continue de s'offusquer et de réclamer des sanctions.
Jean-Paul #Delevoye doit démissionner ! C'est un menteur. Sa parole n’est plus crédible ! C’est à l’image dont les débats sur les #retraites ont été menés : avec beaucoup d’arrogance sociale ! » J'étais en duplex sur #BFMTV . Partagez ! #reformesdesretraites #greve17decembre pic.twitter.com/5ZvWBfebgb — Alexis Corbière (@alexiscorbiere) December 15, 2019
Ainsi, le député La France insoumise Alexis Corbière estime qu'il doit "partir" et "démissionner". "Cet homme est un menteur. Il a des mœurs incroyables. (…) Sa parole n’est pas crédible" a-t-il déclaré sur BFMTV. Ce dimanche sur Europe 1, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a considéré que "la suspicion de conflit d’intérêt à son égard le disqualifi(ait) totalement”. Anticor, association contre la corruption et pour l'éthique en politique, juge également problématique le maintien à son poste de Jean-Paul Delevoye.