PUNI - Le député LaREM de Haute-Garonne Sébastien Nadot a été exclu ce jeudi par son groupe parlementaire pour avoir voté contre le budget 2019, une ligne rouge pour le parti d'Emmanuel Macron. Un député au profil atypique, prof et historien, venu du Mouvement des progressistes de l'ex-PCF Robert Hue.
Il a franchi le Rubicon. Jeudi, le député LaREM de Haute-Garonne Sébastien Nadot a dépassé la ligne rouge fixée au début du quinquennat par la majorité présidentielle : voter contre le budget 2019. La réaction a été immédiate, puisque son groupe parlementaire l'a exclu jeudi soir à l'issue d'un bureau extraordinaire. Le règlement intérieur de LaREM est formel : tous les députés macronistes ont accepté, en juin 2017, de "s'engager à appliquer une disciple de vote, hormis sur les questions éthiques".
Jusqu'ici, quelques députés avaient bravé l'interdiction - Philippe Foliot contre la loi hydrocarbures, Aina Kuric et Jean-Michel Clément contre la loi asile et immigration. Seul ce dernier, sur la sellette, avait décidé de démissionner de lui-même du groupe. Sébastien Nadot, en votant contre budget, est le premier député de cette majorité à aller aussi loin.
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Il s'en est expliqué sur son site, ciblant "le dirigisme gouvernemental", l'exercice solitaire du pouvoir au gouvernement, la priorité donnée à la seule réduction de la dépense publique ou encore l'effort fiscal inégalement réparti dans la population. "Si je vote contre le budget, c'est qu'il y a de la déception par rapport à la copie qui est rendue", a-t-il expliqué devant la caméra de LCI, justifiant son vote par la volonté "de faire avancer le débat".
Ex-prof de sport
Sébastien Nadot, 46 ans, près de trois enfants et originaire du Gers, a été enseignant avant de se consacrer à la représentation nationale. Il intervenait dans des collèges et lycées de Haute-Garonne en tant que professeur agrégé d'éducation physique. Il est également docteur en histoire (EHESS Paris) et a siégé au Conseil économique et sociale (Cese) entre 2015 et 2017, dans sa section "emploi et travail", précise sa bio officielle. Il est en outre l'auteur, notamment, d'un roman, Reinette 2.0 (Alma Editeur), un "conte politique" qui mettait en scène des personnages "réinventant la démocratie directe en conjuguant révolution numérique et révolution tout court", un thème d'actualité à l'heure des Gilets jaunes.
Sur le plan politique, l'actuel député s'était engagé auprès du Mouvement des progressistes, fondé par l'ex-communiste Robert Hue, avec l'intention de se présenter comme "candidat citoyen" à l'élection présidentielle de 2017 sur le thème de la participation des citoyens à la décision politique. Il avait toutefois été recalé de la primaire socialiste, à laquelle il souhaitait concourir, avant d'échouer à recueillir les 500 parrainages nécessaires pour être candidat à la présidentielle, avant d'appeler à un large rassemblement allant de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron pour s'opposer à la droite et à l'extrême droite. Il avait enfin rejoint le candidat d'En Marche en entrant au conseil politique du mouvement.
Contre les ventes d'armes
Elu député LaREM à l'Assemblée nationale, il s'est illustré en interpellant le gouvernement sur la ventes d'armes à l'Arabie saoudite.
Il s'était abstenu, au même titre que Sonia Krimi et Mathieu Orphelin notamment, lors du vote en deuxième lecture de la loi asile et immigration en juillet 2018. Pour le reste, il avait observé la discipline de vote de la majorité, notamment sur la loi de programmation des finances publiques pour les années 2018-2022, la réforme ferroviaire, la réforme du travail , et plus récemment la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019.