VIDEOS - "En marche" : le mouvement lancé par Emmanuel Macron en quatre questions

Publié le 7 avril 2016 à 13h00
VIDEOS - "En marche" : le mouvement lancé par Emmanuel Macron en quatre questions

JE ME LANCE - Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, lance à 39 ans son mouvement politique "ni droite ni gauche", baptisé "En marche". Que peut-on en retenir ? On fait le point.

► Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il fait son annonce mercredi à Amiens ?
Emmanuel Macron est né à Amiens (Somme) et il y a fait sa scolarité, avant de poursuivre ses études à Paris, au lycée Henri-IV. C'est donc tout naturellement qu'il s'y est invité pour lancer son mouvement. L'ancrage local idéal pour une hypothétique candidature aux prochaines législatives ? Lors des municipales de mars 2014, des bruits de couloir avaient déjà laissé imaginer que le ministre de l’Economie pourrait y creuser son sillon. En tout cas, l'accueil des élus PS locaux a été un peu glacial mercredi. "Nous n'avons pas été informés : c'est normal, car Macron n'est pas socialiste", expliquait l'un d'eux au Courrier Picard avant l'événement. Hormis Amiens, plusieurs pistes ont déjà été évoquées par la suite pour un parachutage en règle : Dijon , à l'invitation de François Rebsamen, les Hautes-Pyrénées, sur les terres de Jean Glavany, voire à Bordeaux … en 2020.

► Que dit son clip promotionnel diffusé depuis mercredi ?
Pas grand-chose à vrai dire. Les séquences enchaînent quelques clichés aux allures de slogan publicitaire, en mode "il faut que ça bouge". Un conseil d'administration d'entreprise en pleine réunion, un drapeau tricolore, un trader face au cours de la Bourse, des enfants jouant au ballon, des cités avec un jeune encapuchonné mimant le désœuvrement, une "executive woman" incarnant le renouvellement, des jeunes salariés en plein "co-working", un patron applaudi lors d'une conférence, des éoliennes, des manifs d'agriculteurs ou de jeunes, et pour finir une jolie vue de Paris façon réclame pour un parfum.

Le commentaire en off n'en dit pas beaucoup plus, malgré sa teinte résolument libérale : il faut "en finir avec l'immobilisme", la France est un "pays sclérosé par les blocages politiques et sociaux qui préservent les privilèges de quelques-uns au détriment de millions d'autres", "l'ascenseur social est en panne", "les Français ont du potentiel et du talent", il faut "une génération nouvelle". Le site "En marche" ne renvoie que sur ce clip. A ce stade, le groupe de soutien " Les Jeunes avec Macron " n'en dit pas vraiment plus sur un éventuel programme.


► Et sinon, que dit Emmanuel Macron ?
Que son "mouvement politique" ne sera "pas à droite, pas à gauche". Qu'il ne le lance pas pour être "un énième candidat à la présidentielle" – pour l'heure, il soutient une nouvelle candidature de François Hollande – mais qu'il souhaite "construire une majorité" autour d'un programme "radical". Il promet "des débats libres et décomplexés" autour de valeurs comme "la liberté économique, sociale, politique et notre capacité collective à l'articuler avec la justice".

► Comment réagit la classe politique ?
Elle est partagée entre soutien et agacement. Au gouvernement, la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a affirmé sur Europe 1 qu'elle "adhérait assez" à l'initiative de son collègue, qui dit "arrêtons les discours déclinistes". A contrario, la secrétaire d'Etat Pascale Boistard a malicieusement tweeté un lien vers la chanson "Je marche seul", de Jean-Jacques Goldman, pour illustrer ce qu'elle considère implicitement comme une initiative solitaire du ministre de l’Economie.


Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, n'a pas caché son agacement, confiant au Parisien que Macron " fait la une des journaux alors que moi, je suis en page 18 ". Mais la réaction la plus virulente est finalement venue du chef du gouvernement lui-même, dont l'opposition au ministre de l’Economie est de plus en plus flagrante. "Il serait absurde de vouloir effacer" les différences entre la gauche et la droite, a déclaré Manuel Valls lors d'un déplacement à Metz. "Il y a forcément des forces politiques. Il y a même une gauche et une droite. Il y a des extrêmes gauches et une extrême droite. Et heureusement. C'est ainsi que fonctionne notre démocratie. Il serait absurde de vouloir effacer ces différences".

Plus à gauche, Jean-Luc Mélenchon a fustigé un ministre qui a "mis en panne tout le pays et crée un mouvement qui s'appelle 'en marche'. Ça me fait rire". Alors que le FN voit en Macron l'incarnation de "l'UMPS", quelques voix à droite se sont montrées enthousiastes, à l'instar de Jean-Pierre Raffarin (LR), qui verrait bien le jeune ministre rejoindre l'équipe d'Alain Juppé. Plus critique, le député LR Eric Woerth a toutefois affirmé sur LCI : "Je suis d'accord avec Emmanuel Macron, il faut en finir avec l'immobilisme".

Finalement, l'un des soutiens les plus fervents à l'initiative du jeune ministre en venu du patron du Medef, Pierre Gattaz.


Vincent MICHELON

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