Après 17 ans de travail au noir, l'ancien chauffeur de Jean-Marie Le Pen porte plainte

Publié le 15 mars 2017 à 11h35
Après 17 ans de travail au noir, l'ancien chauffeur de Jean-Marie Le Pen porte plainte
Source : Claude Paris/AP/SIPA

JUSTICE - Jean-Pierre Zablot a travaillé pendant 17 ans au service de Jean-Marie Le Pen. Il était son chauffeur personnel. Rémunéré par le Front National, il n’a cependant jamais été déclaré et réclame aujourd’hui justice. Une enquête préliminaire a été ouverte suite à sa plainte.

Dans le livre "Marine est au courant de tout..." (éditions Flammarion) paru ce mercredi, les journalistes Mathias Destal (Marianne) et Marine Turchi (Mediapart) multiplient les révélations gênantes sur le Front National et sa candidate à la présidentielle. Parmi elles : une plainte à l’encontre du parti pour travail dissimulé. Le plaignant se nomme Jean-Pierre Zablot ; il reproche au FN de l’avoir employé comme chauffeur pendant 17 ans, sans jamais le déclarer. 

J’étais mobilisable tout le temps. Une journée type, c’était aller chercher le président à 9 heures et terminer à 22 ou 23 heures. Pas de vacances et pas de week-ends.
Jean-Pierre Zablot

Jean-Pierre Zablot explique dans cet ouvrage être un ancien membre du DPS (Département protection sécurité), le service de sécurité du parti, et l'ex-chauffeur attitré de Jean-Marie Le Pen. "Il m'arrivait de conduire Marine aussi", explique-t-il aux journalistes. Une affirmation confirmée par une source proche du dossier, selon l’AFP.

Surnommé "Z2", M. Zablot explique qu’il enchaînait les journées de travail, sans compter ses heures : "J’étais mobilisable tout le temps. Une journée type, c’était aller chercher le président à 9 heures et terminer à 22 ou 23 heures. Pas de vacances et pas de week-ends." Le tout pour 2.000 euros mensuels, payés "au noir"... Une situation qu’il assimile à de "l'esclavage moderne". L’ancien parachutiste a cependant continué pendant de nombreuses années à servir Jean-Marie Le Pen. Mais en avril 2015, Z2 tombe malade. Il souffre de "graves difficultés pulmonaires, d'insuffisance rénale et d'anémie". L’ancien parachutiste est alors tout bonnement congédié. "J'ai été abandonné comme un chien", enrage-t-il.

J'ai été abandonné comme un chien.
Jean-Pierre Zablot

Le Front National nie ses 17 années d'activité

Jean-Pierre Zablot obtient tout de même quelques "indemnités", des aumônes. Nicolas Lesage, directeur de cabinet de Marine Le Pen, lui verse "10 000 euros" au nom du FN. Celui qu’il appelle encore aujourd’hui "le Président" met également la main à la poche en lui donnant "4000 euros". Dernier coup de pouce : 7800 euros de Fraternité française, une association dont la présidente d'honneur n’est autre que la femme de Jean-Marie Le Pen, Jany. En tout : 21.800 euros. Mais cela ne permet pas au septuagénaire de joindre les deux bouts. Aujourd’hui, il n’a plus les moyens de payer le loyer de son 10m² de Saint-Cloud, en région parisienne.

Selon les journalistes qui ont mené l’enquête, Jean-Marie Le Pen lui-même aurait poussé l’ancien chauffeur à se tourner vers le parti, avec lequel il est en conflit. Le cabinet de Me William Bourdon aurait adressé une mise en demeure à Marine Le Pen à la mi-juillet 2016. La réponse n’aurait pas tardé à arriver. Le trésorier Wallerand de Saint Just réfute "absolument toutes les allégations de M. Zablot" et nie même ses 17 ans d’activité. Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire fin janvier.


La rédaction de TF1info

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