POLÉMIQUE - Ce jeudi, Mediapart affirme qu’Alexandre Benalla a voyagé au Tchad muni d’un passeport diplomatique. Des révélations qui posent de nouvelles questions dans cette affaire de plus en plus embarrassante pour l’Elysée.
Le voyage d’Alexandre Benalla au Tchad début décembre, quelques jours avant la visite d’Emmanuel Macron dans le pays, n’a pas livré tous ses secrets. Ce jeudi 27 décembre, Mediapart affirme que l’ancien conseiller élyséen, licencié du palais en juillet dernier suite aux révélations de violences commises le 1er mai, a voyagé dans le pays africain muni d’un passeport diplomatique. Et ce, alors que le principal intéressé se déplaçait pour ses propres affaires professionnelles et que, du côté de l’Elysée, on a martelé que l’ancien officier de sécurité n’a jamais été "un émissaire officiel ou officieux" du président de la République. De nouvelles révélations qui posent questions.
La première concerne le fait de savoir pourquoi et comment Alexandre Benalla peut détenir un passeport de ce type, réservé, précise Mediapart, "aux diplomates de carrières et, par extension, à certains membres de cabinet dont les fonctions ont une dimension diplomatique même s’ils ne sont pas diplomates professionnels". Auditionné devant le Sénat le 19 septembre dernier dans le cadre de la mission d'enquête parlementaire ouverte sur ses activités élyséennes, Alexandre Benalla avait reconnu posséder un passeport diplomatique - et même deux - minimisant toutefois l’importance d’un tel sésame. Il avait ajouté que ce passeport lui avait été renouvelé le 24 mai dernier, soit plus de trois semaines après les événements du 1er-Mai. Il avait argué d'une "procédure administrative classique".
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Encore plus troublant, devant le Sénat, Alexandre Benalla a affirmé avoir laissé ces documents dans le bureau qu’il occupait à l’Elysée avant son licenciement. Une version des faits en totale contradiction avec les révélations de Mediapart, qui affirme, citant des sources sécuritaires et confirmant la date de délivrance du 24 mai 2018, que l’ex-conseiller a utilisé ce passeport diplomatique "ces dernières semaines pour entrer dans différents pays africains, ainsi qu’en Israël".
Contacté mercredi par LCI, l’entourage d’Alexandre Benalla nous avait indiqué que le Tchad ne réclamait pas de visa pour les ressortissants français, ce qui est contestable. "Le visa d’entrée est obligatoire. Tout voyageur non muni d’un visa se voit refoulé", indique formellement l’ambassade de France à N’Djamena.
Au-delà de ces incohérences, comment Alexandre Benalla a-t-il pu conserver un passeport diplomatique plusieurs mois après son départ de l’Elysée ? Sur ce point, le Quai d'Orsay a seulement fait savoir en fin d'après-midi qu'il "avait réclamé fin juillet la restitution des deux passeports diplomatiques".