A Bruxelles, il est désormais possible d'abandonner son enfant dans une "boîte à bébé"

par Charlotte ANGLADE
Publié le 24 septembre 2020 à 17h24
A Bruxelles, il est désormais possible d'abandonner son enfant dans une "boîte à bébé"
Source : iStock

ABANDON ENCADRÉ - Après trois ans de litiges, une association s'apprête à ouvrir la première "boîte à bébé" de Bruxelles. Le dispositif permet à un parent en détresse d'abandonner dans l'anonymat et en toute sécurité son enfant.

Avec sa façade blanche et son toit de tuiles, rien, en apparence, ne différencie cette petite maison de ses voisines. Pourtant, elle a été l'objet de nombreuses controverses ces dernières années. Située au numéro 405 de la rue du Tilleul, elle abrite la première "boîte à bébé" de Bruxelles. Installée à l'initiative de l'association Corvia, qui vient en aide aux femmes en situation de précarité, elle permet à une maman en détresse d'y abandonner son bébé.

Initialement installé en 2017, le dispositif s'était vu immédiatement interdit par l’ancien bourgmestre de la commune bruxelloise d'Evere. L'association Corvia avait alors entamé une procédure au Conseil d’Etat. Trois ans plus tard, l'interdiction a été levée. L'association espère mettre en service la "boîte à bébé" début octobre.

Un dispositif sûr et anonyme

"Le projet est né dans la ville d’Anvers, avec l’association Moeders voor Moeders (Les Mères pour les Mères). Une boîte à bébé y est installée depuis vingt ans", nous explique Aline Duportail, pédagogue à l'association Corvia. "A Bruxelles, beaucoup de mamans sont en situation de précarité et nous nous sommes dit que la ville avait aussi besoin de ce dispositif." Le mode d'emploi est simple. La maman désireuse d'abandonner son enfant se présente au 205, rue du Tilleul et tape sur un clavier le code indiqué sur le montant de la fenêtre. Une trappe s'ouvre, dans laquelle se trouve un couffin où installer le bébé. Dans le même temps, la maman récupère une grande enveloppe contenant de nombreuses informations sur l'acte d'abandon.

Une fois la porte de la boîte fermée, elle est définitivement verrouillée. Une alarme avertit alors un responsable de l'association, chargé d'avertir immédiatement un médecin afin d’apporter les premiers soins au nouveau-né. L'enfant est ensuite envoyé vers l'hôpital pour enfants Reine Fabiola et pris en charge par la pouponnière en lien avec l'établissement. Il sera ensuite placé en famille d'accueil.

Trois mois pour changer d'avis

"En Flandres, les mamans ont six mois pour changer d'avis. Ici, à Bruxelles, le délai fixé est de trois mois", nous indique Aline Duportail. Une petite poupée unique, présente dans l'enveloppe récupérée lors du dépôt du nourrisson, permet d'identifier la mère. Pour autant, récupérer son enfant n'est pas si simple. L'abandon est en Belgique considéré comme un délit. La mère doit donc se présenter à la justice et peut se voir infliger une sanction. "Mais lorsque l'enfant est abandonné dans une boîte à bébé, le parquet est en général plus clément", nous fait savoir la pédagogue. "Il y a quand même une punition, qui peut consister à ne pas voir les enfants pendant une année, ou juste le week-end par exemple. Tout dépend des motivations et de la condition de la mère."

Une alternative à la rue, non une incitation à l'abandon

Si le dispositif fait débat, l'association se défend d'inciter à l'abandon. "En Belgique, il n’est pas possible d’accoucher 'sous X'", explique Aline Duportail. "La boîte à bébé n’est certes pas idéale, mais il s'agit d'un lieu sécurisé où la maman peut déposer son enfant en étant certaine qu’il soit entre de bonnes mains. Nous voyons beaucoup de mamans, très courageuses d’ailleurs, qui abandonnent leur bébé dans des boîtes en carton dans des parcs, dans la rue, sur des places… Ce dispositif leur offre un autre choix, plus sûr." 

Interviewée par BX1, la chaîne d'information de la région Bruxelles-Capitale, la députée bruxelloise Carla Dejonghe, également membre du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, défend elle aussi l'association : "Je ne pense pas que ce soit une incitation à l'abandon. Quand on regarde les chiffres à Anvers, il y a dix bébés qui ont été déposés en dix ans." En France, environ 600 enfants naissent "sous X" chaque année.


Charlotte ANGLADE

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