Abattoir non-conforme en Dordogne : bataille de communication entre L214 et le ministère de l'Agriculture

ANIMAUX - L'association L214 accuse un abattoir de veaux en Dordogne de ne pas être conforme aux normes. Faux, ont répondu les autorités. Avant que des courriels échangés au sein du ministère de l'Agriculture laissent penser le contraire, et que ce dernier ait annoncé ce mardi se résoudre à y mener une "enquête approfondie".
L’association L214 a diffusé le 20 février dernier les images d’un abattoir de veaux en Dordogne montrant selon elle des infractions "multiples", notamment "des signes de conscience ou sensibilité" des animaux. Elle a porté plainte auprès du procureur de la République de Périgueux pour "sévices graves" envers des animaux et a demandé la fermeture administrative d'urgence de l'abattoir de Boulazac.
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La vidéo a été tournée en novembre et décembre derniers à l'abattoir Sobeval de Boulazac, du groupe néerlandais VanDrie, un abattoir habilité pour les types d'abattage standard, qui concerne 70% de son activité, ainsi que casher et halal (30%). Avec 3.400 veaux abattus par semaine, soit 24.000 tonnes de viande, l'abattoir est le plus grand de Dordogne, mais de taille moyenne à l'échelle nationale.
Concernant l'abattage standard à Sobeval, L214 dénonce des "étourdissements réalisés en violation de la réglementation", avec la tête des veaux pas totalement immobilisée au moment de l'étourdissement, donc des "tirs mal ajustés", des animaux blessés mais conscients, et des "contrôles de l'inconscience et de l'insensibilité des veaux quasi-inexistants". Pour l'abattage rituel, où la plupart des veaux sont tués sans étourdissement, l'association affirme qu'"un contrôle systématique de la perte de conscience" de l'animal, "qui doit être effectué avant son immobilisation", n'est pas réalisé à Sobeval.
Rétropédalage
Tout de suite après la diffusion de ces images, les autorités ont réfuté ces accusations. Pour la préfecture, les images "ne reflètent en aucun cas une souffrance ou un état de conscience de l’animal (…) Ces mouvements ne sont que des réflexes musculaires ou des spasmes post-mortem". Le 23 février, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume avait déclaré sur Europe 1 que "les premiers résultats montrent que le respect du bien-être animal est là, montrent que les choses se font".
Mais Le Monde a dévoilé hier des échanges révélés par l'association L214. Il s'agit de courriels échangés au sein du ministère de l’Agriculture - dont elle a été destinataire par erreur - qui laissent entendre que la vidéo montre bien des non-conformités à la réglementation, contrairement à ce qui avait été dit dans un premier temps. L’un de ces courriers, daté du 20 février, fait état d’une "liste de non-conformités indéniables, voire majeures". Un autre daté du 19 février, soit un jour avant la diffusion des images, demande, en vue de sollicitations médias : "Il nous fait des éléments de langage béton pour ce soir. Et côté Saj (service des affaires juridiques) également. Merci !"
Ces éléments de langage auraient été transmis à la préfecture de Dordogne, ont été transmis à la préfecture de Dordogne, aux services vétérinaires du département, à l’association interprofessionnelle de la filière bétail et viande, et à la fédération des métiers de la viande.
Une enquête ouverte
Pour L214, ces échanges montrent que "la préfecture, les services vétérinaires, les services du ministère et le ministre lui-même ont sciemment choisi de mentir et se servent d’éléments de langage pour masquer une réalité reconnue par leurs services". Mardi 25 février, le ministère de l'Agriculture a indiqué que l'abattoir allait faire l'objet d'une "enquête approfondie". La direction générale de l'Alimentation (DGAL) diligente "une nouvelle inspection de l'établissement" Sobeval, a indiqué le ministère dans un communiqué publié mardi dans la soirée. "La brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et un référent national abattoir seront présents dès demain (mercredi) sur site pour une enquête approfondie. Un rapport complet sera adressé vendredi matin au ministère", poursuit-il.
Le ministère indique également qu'"une enquête interne est en cours pour comprendre les motivation de ce mail", en référence au courriel attribué à un fonctionnaire du ministère, qui écrit que les non-conformités sont "indéniables, voire majeures".
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