"Une vingtaine de secondes pour évacuer" : le centre qui forme des militaires à survivre à un crash en mer

Publié le 20 juin 2020 à 12h20

Source : TF1 Info

SANG-FROID - Depuis plus de vingt ans, le Centre d'entraînement à la survie et au sauvetage de l'aéronautique navale (Cessan) forme des militaires à survivre à un accident aérien en mer. Un passage obligé qu'ils n'oublieront sans doute jamais tant les épreuves sont redoutables.

"Il faut parer au pire, toujours". Telle pourrait être la devise du Centre d'entraînement à la survie et au sauvetage de l'aéronautique navale (Cessan), situé dans le Finistère. Un lieu unique en France, qui enseigne depuis plus de vingt ans aux personnels des armées le sang-froid des héros de films catastrophe.

"Avec le cœur qui va augmenter ses battements, le stress qui va diminuer votre apnée, vous avez en gros une petite vingtaine de secondes pour évacuer en sécurité", explique l'un des instructeurs. Quelques précieux instants pour échapper à la noyade et à l'enfer de l'exercice de simulation qui cumule tous les obstacles : un accident dans l'eau, de nuit, au cœur d'une tempête… avec des vents à 150 km/h ! "Le crash va être très rapide, et violent, donc il va falloir qu'ils aient des actes réflexes pour pouvoir s'en sortir en sécurité ", détaille le premier-maître Christophe.

Rester sous l'eau, la tête en bas

 Et du sang-froid, les stagiaires de l'armée vont devoir en avoir, notamment avec le test de l'apnée, un exercice qu'il faut répéter encore et encore jusqu'à ce qu'il soit validé, et où il faut rester sous l'eau, la tête en bas. "C'est pas évident, mais c'est mental", renchérit le premier-maître Cédric. Il faut dire que dans quelques mois, ces jeunes militaires voleront à bord des hélicoptères ou des avions de l'armée en tant que membres d'équipages. En cas d'accident, "ils vont se retrouver dans un cadre des plus dégradés, à l'envers dans une machine, à récupérer de l'air, avec des infiltrations dans le nez, sans savoir où ils sont, ni où est la sortie, c'est purement un travail mental ", insiste l'instructeur.

Autre épreuve, peut-être encore plus redoutée, celle du crash de la cabine d'hélicoptère. Des heures de travail sont nécessaires pour l'affronter et apprendre à ne pas paniquer : "Vous êtes de nuit, pendant un treuillage au-dessus d'un bâtiment, vous avez une panne de moteur et vous vous écrasez au-dessus de l'eau, vous n'aurez aucune référence visuelle. Donc c'est clairement à la sensation des mains que vous allez pouvoir sortir", indique l'instructeur, le maître principal Frédéric.

Dans cette situation, garder ses repères peut sembler impossible, mais les gestes, étudiés des dizaines de fois, doivent guider les naufragés : trouver la porte, l'ouvrir, s'accrocher avant d'enlever son harnais pour enfin retrouver l'air. Une fois la surface retrouvée, les premières impressions ne trompent pas : "Quand on voit les autres le faire, on se dit que c'est super rapide, mais quand on est dedans, ça parait une éternité", souligne un jeune stagiaire. Ce baptême est un passage obligé pour plus de 1000 militaires chaque année, notamment les forces spéciales, le GIGN ou les pilotes. Tous doivent valider ce test jusqu'à 3 mètres 50 sous l'eau,  à l'aveugle. 

La formation ne s'arrête pas là. Ce centre propose également des exercices pour apprendre à amerrir avec un parachute, ce qui peut ajouter une difficulté supplémentaire. Ce dernier peut en effet être un ange gardien... ou un ennemi. Car harnaché de la sorte, on peut être traîné violemment, sans parvenir à se détacher, ou encore être coincé sous la voile, elle-même alourdie par des trombes d'eau. Seule chance de s'en sortir, garder les mains en l'air. "Et rester calme, mais c'est vrai qu'on se sent un peu oppressé quand même ", avance un stagiaire qui poursuit : "En fait, la voile vient se poser sur le visage, et comme elle est étanche, on ne peut pas respirer à travers. Comme elle est mouillée, elle vient aussi se coller partout… C'est dramatique", poursuit-il.

Des scénarios du pire qui ont permis à plusieurs pilotes d'avoir la vie sauve. D'ailleurs, c'est à la suite d'un accident d'hélicoptère, survenu en 1967 au large de la Corse, que ces stages ont été imaginés. Ils ont ensuite vu le jour en 1981, mais étaient organisés alors sur la base aéronautique de Fréjus, avant d'être transférés en 1995 sur la base de Lanvéoc-Poulmic, en face de Brest.


Virginie FAUROUX

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