Attaque à Paris : le suivi des mineurs étrangers est-il défaillant ?

V. F
Publié le 27 septembre 2020 à 17h03, mis à jour le 27 septembre 2020 à 17h36

Source : JT 20h WE

LIVRÉS A EUX-MEMES - L'auteur présumé de l'attaque au hachoir à Paris serait arrivé en France il y a 3 ans avec le statut de mineur isolé. Ces enfants de nationalité étrangère, sans aucun représentant légal, seraient 16.760 dans le pays selon les fichiers de l'Etat, mais leur prise en charge est régulièrement pointée du doigt.

Dans le profil de l'agresseur de l'attaque perpétrée vendredi à Paris, un élément cristallise particulièrement les critiques de l'opposition. Le suspect avait demandé le statut de mineur isolé à son arrivée dans l'Hexagone il y a trois ans. Ces jeunes étrangers, de plus en plus nombreux sur le territoire (leur nombre a triplé en cinq ans), arrivent en France après des mois de voyage, sans parent ni famille. En théorie, ils ont droit à la protection de l'Etat mais les départements, seuls à gérer ce dossier, sont dépassés. 

Non expulsables en raison de leur minorité

Selon le ministère de l'Intérieur, ils sont 16.700 en France, mais seraient en réalité 40.000 selon les associations. Non expulsables en raison de leur minorité, toute la difficulté est de savoir s'ils ont effectivement moins de 18 ans. Quant à leur prise en charge, elle laisse à désirer. "Ils vont être laissés à l'hôtel pendant des mois. Ils n'ont même pas un titre de transport pour pouvoir se déplacer. Ils n'ont pas non plus un référent ou un éducateur. En fait, il ne se passe rien pour eux. Il n'y a personne qui va les aider à rentrer dans un système d'assistance éducative suivi avec une prise en charge, l'école, ce dont ils aspirent quand ils arrivent", constate Agathe Nadimi, la fondatrice de l'association Les midis du Mie.

Ces jeunes se retrouvent donc souvent de nouveau livrés à eux-mêmes. Et lâchés dans la nature une fois leur majorité atteinte. Beaucoup se retrouvent à la rue, et au tribunal parfois, pour de la petite délinquance. Ce qui, pour l'avocate Dominique Attias, n'est que la conséquence de ce mauvais suivi. "Bien sûr qu'il y a de nombreux gamins qui commettent des délits de subsistance, mais si vous mettez un gamin qui depuis trois ans erre à travers l'Europe, qui arrive chez nous, et que vous le mettez dans un hôtel miteux de Barbès où il y a tous les trafics, quel enfant ne commettrait pas des délits, y compris le mien, y compris le vôtre ?", interroge cette spécialiste du droit des mineurs.

Pointés du doigt, les départements renvoient la balle vers l'Etat. Emmanuel Macron leur avait promis en début de quinquennat de réformer la politique d'accueil et d'accompagnement de ces mineurs. Un sujet resté lettre morte. 


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