Caricatures religieuses : la colère de plusieurs hommes d'église

C.A.
Publié le 31 octobre 2020 à 17h40
Un prêtre prie dans une église de Nice, le 27 mars 2020
Un prêtre prie dans une église de Nice, le 27 mars 2020 - Source : AFP

RELIGION - Depuis les deux attentats qui ont frappé coup sur coup la France ces derniers jours, des voix s'élèvent contre la publication de caricatures religieuses. Parmi elles, celles de deux hommes d'église.

Après l'attentat de Nice et l'assassinat de Samuel Paty, l'amertume et la colère se mêlent au deuil. Choqués, horrifiés et désemparés par la barbarie avec laquelle ont été assassinés ce professeur d'histoire, ainsi que trois chrétiens par des islamistes, certains jettent aujourd'hui l'opprobre sur la publication et la diffusion de caricatures religieuses. Parmi eux, l'archevêque de Toulouse Monseigneur Le Gall, le père Jean-Louis Giordan, ancien curé de la basilique Notre Dame de Nice, ainsi que l'évêque de Nice André Marceau. Leurs déclarations ont suscité de vives réactions.

"On ne se moque pas impunément des religions, vous voyez le résultat que ça donne"
Monseigneur Le Gall, archevêque de Toulouse

"On ne se moque pas impunément des religions, vous voyez le résultat que ça donne", a déclaré vendredi l'archevêque de Toulouse Monseigneur Le Gall, au micro de France Bleu Toulouse. Selon lui, montrer des caricatures de Mahomet est "dangereux" et revient à jeter "de l'huile sur le feu". L'homme d'église a affirmé être contre la liberté de blasphémer les religions, quelles qu'elles soient, en France. "La liberté d'expression a ses limites comme toute liberté humaine", a-t-il estimé en défendant plutôt "la liberté d'être ensemble, de parler ensemble, la liberté d'être des frères ensemble".

Les réactions suite à ces propos ne se sont pas fait attendre. "Les digues sautent. Un évêque excuse les crimes. Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, la liberté de blasphémer les religions est en cause !", l'a interpellé Jean-Luc Mélenchon sur Twitter.

Le Président du département de la Haute-Garonne, Georges Méric, a dit quant à lui regretté les propos de l'archevêque, "qui constituent un recul dans le processus de sécularisation de la religion catholique". Il a estimé que la "liberté de blasphémer appartient au droit de notre République, confirmant la liberté de penser et d'expression".

Moi, je ne suis pas Charlie.
Père Jean-Louis Giordan, ancien curé de la basilique Notre Dame de l'Assomption, à Nice

Dans un entretien publié samedi par le quotidien Nice-Matin, Monseigneur André Marceau, évêque de Nice, rejoint Monseigneur Le Gall. "Non je ne suis pas Charlie, je suis André Marceau! Soyons nous-mêmes avec nos convictions. Ces caricatures, ce n'est pas mon problème. Certes la liberté d'expression est sacrée en France, mais que chacun s'assume. Il y a des identités qu'on ne peut pas trop bafouer à la légère", explique l'évêque. "Dans les cercles de l'islam on doit prendre des mesures, tenir des propos afin d'ouvrir les fidèles à d'autres réalités que celles qui vont jusqu’à l'extrémisme. Les musulmans doivent dire très fort qu'ils ne portent pas cette violence", estime-t-il néanmoins.

Le jour-même de l'attaque, le père Jean-Louis Giordan, ancien curé de la basilique Notre Dame de Nice, expliquait de son côté au Parisien qu'il en voulait à Charlie Hebdo et à ceux qui incitent à la diffusion de leurs caricatures des religions, en l'occurrence l'islam et son prophète Mahomet. "Moi, je ne suis pas Charlie et je suis en colère contre ces discours qui, sous couvert de défendre la laïcité et la liberté d'expression, salissent les religions et finissent, au bout du compte, par exciter des fous", avait-il déclaré.

Des propos qui ont une nouvelle fois fait réagir. Invité de France Inter vendredi matin, Bruno Le Maire a convenu qu'il n'était pas friand des dessins de l'hebdomadaire satirique, mais qu'il les défendrait toujours. "Je n'aime pas ces caricatures. Mais je les défends. Je défends ceux qui les ont faites, je défends ceux qui les diffusent, au nom de quelque chose qui est plus important pour moi que ces caricatures, qui est la liberté. La liberté d'expression et la liberté tout court", a-t-il répondu. Et d'ajouter : "Quand on est Français, on défend Charlie Hebdo, même si on n'aime pas les caricatures de Charlie Hebdo. C'est exactement mon cas. Je suis Français, je défends l'esprit français et je défendrai toujours la culture française."  Lors d'une interview accordée à Al Jazeera ce samedi, Emmanuel Macron a quant à lui affirmé "comprendre" que l'on puisse être choqué par des caricatures. "Mais je n'accepterai jamais qu'on puisse justifier la violence", a-t-il ajouté. 

Si la publication et la diffusion de caricatures religieuses est soutenue par le gouvernement Français, tel n'est pas le cas dans tous les pays européens. En Belgique, un enseignant a été suspendu cette semaine pour avoir montré à ses élèves de 10-11 ans une caricature publiée par Charlie Hebdo après la plainte de "deux ou trois parents" à la direction de cette école primaire.


C.A.

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