Circulation à Paris : "Les Parisiens sont trop fainéants pour pédaler"

Publié le 20 février 2020 à 19h45
Circulation à Paris : "Les Parisiens sont trop fainéants pour pédaler"
Source : Mbzt

REPORTAGE – De plus en plus de Parisiens se disent favorables à réduire la place de la voiture en ville, projet porté par la maire Anne Hidalgo. Mais qu’en pensent-ils à l’échelle d’un quartier ? Nous sommes allés prendre le pouls dans le 13e arrondissement, où plusieurs artères ont fait l’objet d’aménagements.

Au bar-tabac Le Celtique du boulevard Auguste Blanqui, les discussions entre habitués vont bon train en cette fin de matinée. Le sujet du jour porte sur la circulation dans le quartier depuis le prolongement de la ligne de bus 64 "qui paralyse un peu plus le boulevard", selon Luc. Affairé derrière le comptoir, l’employé ne mâche pas ses mots : "Avec Hidalgo, on va retourner au Moyen-Age". Une référence à la politique conduite par la maire de Paris vers une réduction de la place laissée à la voiture en ville au bénéfice d’autres moyens de déplacement. "C’est sûr qu’elle n’en veut plus, des voitures", approuve Gérard.

Le monsieur aux épaisses lunettes grises, venu prendre son café comme tous les jours, soutient mordicus que vouloir bannir la voiture de Paris "ne marchera pas". Et cela pour une simple et bonne raison : "Les Parisiens sont trop fainéants pour pédaler." Si le vélo est laissé au garage, que reste-t-il comme option ? La voiture, assurément.

Moins de voitures pour plus de bus ?

Pourtant, si l’on en croit les projets d’urbanisme de la ville, une valorisation des transports publics s’est opérée avec une rénovation des grandes places et un nouveau plan bus, mis en place en avril dernier. Place à des lignes plus longues, comme ici boulevard Auguste Blanqui et le bus 64 qui doit bientôt rejoindre la place Denfert-Rochereau. Eléonore, trentenaire habitant le quartier et revenue récemment de l'étranger, constate avec satisfaction les aménagements faits aux abords de la place d’Italie : "Il y a beaucoup plus de lignes de bus desservies sur la place mais aussi tout autour, comme sur le boulevard Vincent Auriol." 

En effet sur le boulevard, une piste cyclable a remplacé l'été dernier une voie réservée aux automobilistes. Aujourd’hui, il se découpe de la manière suivante : deux voies sont dédiées aux bus, deux autres aux vélos, ne laissant plus qu’une voie pour la circulation des voitures. Ce qui n’est pas au goût de tous. Marianne, retraitée depuis peu, s’agace : "Avec leurs histoires, c’est devenu un bordel innommable le soir". Avant de désigner d’un mouvement de tête un bus à l’arrêt bloquant brièvement le passage à un camion de livraison : "Regardez par vous-même". 

"Ceux qui râlent n’ont pas besoin de se déplacer en transports"

Pour Juliette, jeune infirmière croisée place d’Italie à l’arrêt du fameux bus 64, la priorité est d’aménager au mieux le quartier et de laisser une place digne de ce nom aux transports en commun : "Qu’est ce qui est préférable ? Un bus qui peut accueillir 50 personnes ou des voitures qui circulent quasiment vides ? Ceux qui râlent, ce sont ceux qui n’ont pas besoin de se déplacer en transports." 

Du côté de la mairie du 13e, aucune plainte de riverains n’est remontée concernant des difficultés pour circuler sur le boulevard Auguste Blanqui. Si le prolongement de la ligne 64 a été acté au mois d’avril dernier, c’est pour suivre le trajet du métro aérien, nous explique-t-on au service de la voirie. Aucune restriction du trafic n’aurait été entreprise ici : "Des quais-bus (terre-pleins, ndlr) ont été aménagés qui n’ont perturbé en rien la circulation car ils ont remplacé des places de stationnement."

Selon les témoignages recueillis par la plateforme Monaviscitoyen, dont LCI dresse l’inventaire, les Parisiens font de la qualité de l’offre des transports publics une vraie priorité. Ces derniers ont donné aux transports de la capitale la note de 5,9/10. 


Caroline QUEVRAIN

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