Confinement : la crainte d'une forte hausse des suicides en France

CQ
Publié le 6 novembre 2020 à 18h20
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Image d'illustration - Source : damircudic

TRAUMATISME - Alors que la France vit un nouveau confinement, la Fondation Jean-Jaurès s'inquiète des effets dévastateurs qu'a pu avoir celui du printemps sur la santé mentale des Français et constate une hausse des intentions suicidaires, particulièrement marquée dans trois catégories professionnelles.

Tandis que l'ensemble des Français sont de nouveau renvoyés à domicile depuis le 29 octobre, pour quatre semaines au moins, les effets du confinement du printemps, de mi-mars à début mai, commencent à être connus. Et ils semblent avoir été dévastateurs psychologiquement.

Pour tenter d'en savoir plus, la Fondation Jean-Jaurès a mené l'enquête du 21 au 28 septembre auprès de 2000 personnes représentatives de la population, à partir d'un questionnaire en ligne. Le constat est sans appel : le confinement a été éprouvant. Ainsi, 20% des personnes interrogées ont déjà sérieusement envisagé de se suicider, dont 11% pendant le confinement et 17% depuis le déconfinement, et parmi elles, 27% ont déjà fait une tentative provoquant leur hospitalisation, contre 22% en 2016. 

Des catégories professionnelles davantage concernées

"Je voudrais qu'on soit autant mobilisés face à cela que face à la Covid car si on prend en compte tous les effets induits des confinements, il y aura des effets dévastateurs sur la santé globale", déplore auprès de l'AFP Michel Debout, professeur de médecine légale et membre de l’Observatoire national du suicide ayant dirigé l'enquête.

Selon la Fondation, trois catégories professionnelles connaissent plus d'idées suicidaires que la moyenne nationale : ce sont les chômeurs et les dirigeants d'entreprise, qui ont reconnu à 27% avoir déjà songé à mettre fin à leurs jours, et puis les artisans-commerçants, à 25%. Parmi ces derniers ayant eu des volontés suicidaires, pas moins de 42% confient avoir été hospitalisés après une tentative. Ces catégories ont en commun qu'elles ont été fortement touchées par la crise sociale et économique ayant découlé de la crise sanitaire. 

Au-delà des idées suicidaires, la consommation d'antidépresseurs est elle aussi plus importante parmi les chômeurs, qui sont 16% à déclarer en avoir pris au cours des 12 derniers mois, soit 6 points de plus que la moyenne nationale. Les artisans-commerçants, eux, sont 11% à avoir consommé des anxiolytiques au cours de l'année écoulée, contre 9% des Français, et sont 7% à avoir pris des neuroleptiques, contre 2% des Français.

Deux confinements, deux logiques différentes

Aussi, la Fondation Jean-Jaurès s'inquiète de ce deuxième confinement, qui doit durer jusqu'au 1er décembre au minimum et qui ne poursuit pas la même logique que le précédent. "Au printemps dernier, c’était l’urgence sanitaire qui dominait, et les pouvoirs publics ont décidé l’arrêt total de toute l’activité économique", explique la Fondation. "Cet automne, un autre choix prévaut : éviter les contacts humains mais en maintenant le plus possible l’activité des entreprises et des secteurs publics. Nous sommes passés ainsi de tous à domicile (avec des exceptions) à tous au travail (avec d’autres exceptions)."  

Une situation actuelle qui engendrerait, selon la Fondation, de nombreuses incompréhensions "des secteurs économiques qui doivent cesser leur activité, alors même qu’il ne leur paraît pas évident que leur activité soit la source d’une contamination particulièrement préoccupante". En particulier chez les artisans-commerçants qui, on le rappelle, sont les plus affectés par le premier confinement.

En conclusion, la Fondation insiste sur le caractère nécessaire de la prévention "dans les territoires" et dit attendre le dispositif sanitaire global du plan de relance destiné au "million de chômeurs estimés" ainsi qu'aux "milliers d’artisans-commerçants et dirigeants de PME qui devront déposer leur bilan".


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