DÉNONCIATION - Dans l'Essonne, la maire LR de Montgeron incite ses habitants à dénoncer les personnes qui ne respecteraient pas le confinement. Elle cible, en particulier, les regroupements dans les halls et les cages d'escalier de deux quartiers populaires.
Toutes les méthodes sont bonnes pour faire respecter le confinement... ou presque. À Montgeron, dans l'Essonne, la maire LR Sylvie Carillon en a fait l'amère expérience. Le Parisien rapporte que l'édile, récemment réélue en mars lors des élections municipales, a fait afficher des notes dans les halls d'immeubles et cages d'escaliers de deux quartiers populaires, l'Oly et la Forêt. Le papier officiel, signé de sa main, revient sur la crise sanitaire et rappelle les règles de base du confinement.
Mais, dans ce document, un paragraphe incite les habitants à dénoncer à la police municipale ou nationale tout contrevenant. "Si vous êtes témoins du non-respect du confinement, je vous invite à le signaler à la police municipale ou nationale (en composant le 17) afin que les forces de sécurité puissent intervenir dans les meilleurs délais", affirme la municipalité.
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Certains habitants ne dorment plus
Sylvie CARILLON, maire de Montgeron
Un appel à la délation condamné par Cécile Ciéplinski, conseillère municipale (DVG), selon qui "la ligne rouge a été franchie". "Je suis d'accord avec 90 % de cette note, mais ce paragraphe n'est pas acceptable. Un rectificatif doit être fait", a-t-elle demandé dans une lettre ouverte à la majorité. "Ce message risque d'exacerber les tensions dans les quartiers. Les forces de l'ordre pourraient se retrouver submerger par des appels calomnieux qui donneraient lieu à des conflits de voisinage."
En réponse à la levée de boucliers, la maire Sylvie Carillon a justifié le paragraphe incriminé en rappelant sa volonté de limiter les rassemblements "dans les cages d'escaliers". Selon l'élue, les habitants sont "traumatisés" et "à cran". "J'ai voulu signaler aux habitants de ces deux quartiers qu'ils ont aussi le droit de faire intervenir la police. Certains ne dorment plus. Dans les cages d'escalier, ils peuvent être une quinzaine à se regrouper tous les jours jusqu'à parfois deux heures du matin."