Guyane : l'épidémie s'accélère, le report des municipales réclamé

MUNICIPALES - Face à la propagation de l'épidémie de Covid-19 en Guyane, en forte augmentation depuis la fin du confinement, des voix s'élèvent contre le maintien du second tour des municipales dans ce territoire d'outre-mer limitrophe du Brésil.
Face à la propagation de l'épidémie de Covid-19 en Guyane, en forte augmentation depuis la fin du confinement, des voix s'élèvent contre le maintien du second tour des municipales dans ce territoire voisin du Brésil. Un comité d'experts médicaux locaux mis en place par le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre, a préconisé mardi "le report du second tour des élections municipales" soulignant que "le territoire est actuellement confronté à la phase ascendante de l’épidémie".
Depuis le déconfinement, le nombre de cas positifs en Guyane (300.000 habitants) a été multiplié par six : 865 cas confirmés mercredi, pour 144 le 10 mai. Un second décès lié au Covid a été déploré lundi, le nombre de patients en réanimation est passé de 2 à 6 en deux jours, et l'Agence régionale de santé a alerté sur "un prochain afflux de patients dans les hôpitaux", annonçant l'arrivée de renfort de la réserve sanitaire.
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"Aussi déraisonnable qu'imprudent"
"Il y a un risque certain à organiser un second tour en Guyane particulièrement sur l'île de Cayenne (Rémire, Matoury, Cayenne) où les cas ne cessent d'augmenter depuis 15 jours", estime le sénateur LaREM Antoine Karam. Début juin, le député (GDR) Gabriel Serville s'était déjà interrogé quant à "la pertinence du maintien du scrutin". Il faut dire que les conclusions d'experts médicaux de Guyane sont sans appel. "Maintenir ce scrutin (...) serait aussi déraisonnable qu'imprudent, particulièrement en raison de la circulation et des flux de personnes générés par ces rendez-vous électoraux."
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Au niveau national, le conseil scientifique qui seconde le gouvernement, a renouvelé le 8 juin son feu vert prudent à la tenue du second tour des municipales, tout en soulignant, pour Mayotte et en Guyane, où le virus circule activement, "l'importance des risques particulièrement élevés associés à la campagne électorale". Le conseil doit donner un nouvel avis le 14 juin. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a indiqué que les avis étaient "partagés" en Guyane sur un éventuel report. "Aucune décision n'est prise" pour l'instant, a cependant expliqué le ministre de l'Intérieur lors d'une intervention au Sénat.
Une diminution de la vigilance
Le directeur de l'institut Pasteur de Cayenne, le Dr Mirdad Kazanji, avait mis en garde, la veille du déconfinement, sur le fait que la Guyane n'avait "pas connu de première vague", contrairement à l'Hexagone, et avait été confinée le 16 mars au stade 1 de l'épidémie, avec moins de 10 cas déplorés. Début juin, dans un arrêté maintenant le couvre-feu et interdisant les cérémonies religieuses dans les communes touchées par le virus, le préfet de Guyane a souligné "une baisse de vigilance de la population", avant même l’annonce du déconfinement.
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Il évoquait notamment "une fête à Camopi (commune amérindienne de 1.800 habitants à la frontière du Brésil) le 15 mai regroupant près de 400 personnes, des rassemblements (fin mai) dans les rues de Cayenne", et d’autres regroupements de plus de 10 personnes, notamment à Saint-Laurent du Maroni ou à Kourou. Un foyer épidémique touche désormais plus de 60 personnes dans un quartier de Rémire (10 km de Cayenne), peuplé majoritairement de personnes d'origine brésilienne, mis en quarantaine par arrêté. La contamination a été attribuée par l'ARS à une fête en carbet (logement en forêt) fin mai.
Selon Mirdad Kazanji, "la dynamique de l'épidémie au Brésil" a un impact sur cette flambée des cas guyanais. Le "village PK 6", près de Kourou, relais de l'activité aurifère illicite depuis 20 ans, a comptabilisé plusieurs contaminations. La ville spatiale dépasse les 100 cas positifs cumulés. A l'est, à la frontière du Brésil, Saint-Georges de l'Oyapock comptait lundi 247 cas pour 4.220 habitants, tandis qu'à l'ouest, à la frontière avec le Suriname, Saint-Laurent qui comptait 22 cas cumulés en juin, en avait 38 de plus mardi. Le Suriname a maintenu ses législatives fin mai, mais a vu son nombre de cas passer en une semaine d'une dizaine à 100. Le pays s'est reconfiné depuis lundi pour deux semaines.
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