En Suisse, la crainte d'un déconfinement trop rapide

DECONFINEMENT - Les autorités de santé helvètes tirent la sonnette d'alarme alors que le pays est entré dans une nouvelle étape marquée par un assouplissement des restrictions.
Le déconfinement en Suisse est trop rapide, a affirmé le président de la Task force scientifique fédérale dédiée à la maladie Covid-19, dans des entretiens diffusés dimanche par trois médias suisses.
"Au cours des sept derniers jours, le nombre de cas a augmenté de 30%", explique au SonntagsBlick Matthias Egger, épidémiologiste et chef de la Task force scientifique conseillant le gouvernement sur les questions liées au nouveau coronavirus.
Selon lui, il est probable que le taux de reproduction du virus, qui indique combien d'autres personnes contamine une personne infectée, est à nouveau de 1, voire plus. "Dans cette situation incertaine, nous, au sein du groupe de travail scientifique, considérons qu'il est prématuré de prendre de nouvelles mesures pour assouplir les règles", affirme-t-il.
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En Suisse, une 4e étape qui interroge
Cet avertissement intervient alors que le gouvernement suisse, qui n'a jamais instauré de confinement aussi strict que d'autres pays européens, a annoncé vendredi une quatrième étape d'allègement des restrictions imposées en raison de l'épidémie.
Il a ainsi autorisé les rassemblements de 1.000 personnes et la distance physique réglementaire entre les personnes passera de deux mètres à 1,5 mètre, tandis que le couvre-feu imposé aux restaurants et aux établissements de nuit à partir de minuit sera levé, ainsi que l'obligation d'être assis dans les bars.
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Matthias Egger considère qu'"il y a bien sûr de bonnes raisons économiques et politiques à cet assouplissement", mais il les juge "problématiques", notamment parce qu'il manque encore un système de surveillance fonctionnel de l'épidémie pour tout le pays. "C'est ce qui nous inquiète", dit-il, en soulignant par ailleurs qu'"avec un assouplissement rapide, le Conseil fédéral (gouvernement, ndlr) prend un risque".
M. Egger s'est par ailleurs prononcé sur le port du masque, qui n'est pour l'instant pas obligatoire sauf pour les manifestations. L'expert plaide en faveur de l'obligation de le porter dans les transports publics et autres lieux où les gens ne peuvent pas respecter les règles de distance. "Avec le nouvel assouplissement des règles, nous arriverons bientôt au point où il faudra introduire une obligation du masque à grande échelle", dit-il à la SonntagsZeitung.
La Suisse a été relativement épargnée par le nouveau coronavirus, malgré sa proximité avec l'Italie, qui fut l'épicentre de l'épidémie en Europe. Le pays de 8,5 millions d'habitants a enregistré plus de 31.200 cas confirmés de Covid-19 et 1.679 décès selon le dernier bilan. Au cours des dernières 24h, le pays a enregistré 35 cas supplémentaires, un chiffre en légère hausse par rapport aux jours précédents.
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