Covid-19 : la "règle des six" a-t-elle vraiment montré son efficacité ?

Publié le 15 octobre 2020 à 20h29
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TOUR D'HORIZON - Le gouvernement veut imposer "la règles des six" - pas plus de six personnes en même temps - y compris au sein des foyers. Cette règle a déjà été testée au Royaume-Uni ou en Belgique. Mais a-t-elle fonctionné ?

"La règle, c'est six maximum". Le message posté sur le compte Twitter d'Emmanuel Macron a presque une allure de slogan. Il vise à limiter au maximum les interactions sociales y compris dans la cellule familiale afin de freiner la deuxième vague de l'épidémie de coronavirus. Contacté par LCI ce jeudi soir, le ministère de la Santé a apporté une précision importante : cette règle des six inclut également les enfants. Un couple avec deux enfants ne peut donc, en théorie, recevoir plus de 2 personnes chez lui.  

Ce message est inspiré de ce qui se fait déjà, ou a été expérimenté, à l'étranger comme l'a laissé entendre le Président lui-même."Cette règle de six au maximum pour notre vie personnelle, il faut le faire", a ainsi préconisé le chef de l'Etat, expliquant que la France "a regardé ce qui marchait chez nos voisins, chez les autres". Il  a cité en exemple le modèle britannique. 

Depuis mi-septembre, une obligation Outre-Manche

Outre-manche, où sont tout de même exemptées les écoles, les lieux de travail, les mariages ou les funérailles, cette règle des six personnes maximum dans la sphère privée est en effet effective depuis mi-septembre. Contrairement à la France, où le président en appelle au sens civique, l’État ne pouvant pas légalement imposer ce type de restrictions dans le cadre privé, la règle est obligatoire au Royaume-Uni et passible en cas d’infraction d’une amende allant jusqu’à 3 200 livres. 

Mais cette règle est déjà en partie caduque : le gouvernement britannique a en effet relevé jeudi le niveau d'alerte pour Londres et sept autres zones en Angleterre, interdisant à quelque onze millions d'habitants supplémentaires de rencontrer amis et famille à l'intérieur dès samedi. Ce niveau implique que les membres de foyers différents, quel que soit leur nombre, n'ont plus le droit de se rencontrer à l'intérieur, que ce soit chez eux ou à l'intérieur des pubs ou restaurants. 

La "règle des cinq" abandonnée en Belgique

Une solution semblable a déjà été adoptée par le gouvernement belge à la sortie du confinement, les interactions étant alors limitées à quatre personnes. La "bulle sociale" avait dans un second temps été étendue à quinze en juillet avant d'être réduite à nouveau à cinq personnes, dès le 29 juillet. Autant de revirement qui semblent avoir dérouté les Belges, qui semblent ne jamais avoir véritablement adhéré à la mesure de surcroît difficile à respecter au sein de nombreuses familles. "Une des raisons [du manque d'adhésion], c'est la lassitude", notait début septembre Sophie Wilmès, alors Première ministre belge. La "règle des cinq" qui échappait aux contrôles a finalement été abandonnée le 24 septembre. Toutefois, le gouvernement appelle les Belges à la responsabilité et à "garder ce repère de cinq personnes pour limiter les contacts sans gestes barrières". 

Quel bilan en tirer ? "Il est très difficile de mesurer l'impact d'une mesure particulière sur l'ensemble de la courbe épidémique", expliquait il y a quelques jours sur LCI le professeur Jean-Christophe Goffard, directeur du service de médecine interne à l'hôpital Erasme de Bruxelles. Pour rappel, la "bulle sociale" a été imposée de manière concomitante avec une série d'autres mesures, rendant difficile l'évaluation de son efficacité.

Règle "zéro" en Irlande

En Allemagne, le nombre de participants à des événements privés est lui aussi limité désormais mais dans des proportions moindres, à savoir 15 maximum dans les régions enregistrant plus de 35 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants sur sept jours. 

D'autres pays ont, eux, fait le choix de la règle de "zéro" en dehors du cercle familial avec lequel on vit. En Irlande, le Premier ministre  Micheal Martin a ainsi annoncé l’interdiction à partir de jeudi minuit des visites à domicile, en intérieur comme en plein air, sur tout le territoire irlandais, où 1 835 personnes sont mortes du Covid-19 depuis le début de la pandémie. Même injonction au Québec où les habitants sont appelés à ne pas recevoir d'invités à leur domicile.

S'il semble difficile et précoce de tirer les enseignement de la mise en place d'une telle mesure, le chiffre choisi par les différentes gouvernements prête lui à discussion. En France, ce dernier coïncide avec celui retenu dans le cadre du protocole sanitaire renforcé dans les restaurants des zones en alerte maximale effectif depuis le 6 octobre. Mais de l'avis de certains, observateurs plus symbolique qu'autre chose. "On aurait pu dire 7, 8, 9… On s’en fiche", a ainsi commenté ce jeudi sur BFMTV, le cardiologue Alain Ducardonnet estimant qu’il "n’y a pas de démonstration scientifique qui dise qu’à partir de 7 c’est beaucoup plus dangereux". Et d'insister sur le sens de cette mesure : "plus on est nombreux, plus il y a un risque de contamination".


Audrey LE GUELLEC

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