Covid-19 : des patinoires bientôt utilisées comme chambres froides ?

Publié le 6 novembre 2020 à 15h15
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Image d'illustration - Source : SolStock

EQUIPEMENTS - Pour gérer la surmortalité liée à la pandémie, des autorités locales envisagent de réquisitionner des patinoires pour faire office de chambres froides. Une mesure qui, si elle est mise en œuvre, serait inédite en France.

En France comme partout en Europe, la deuxième vague de l’épidémie s’annonce plus brutale et plus meurtrière que la première. Alors, pour faire face à la surmortalité qu’elle pourrait engendrer (2242 décès sont à déplorer dans le pays rien que sur la dernière semaine d’octobre, en hausse de 45% par rapport à la semaine précédente) les préfectures cherchent des solutions pour accueillir et conserver les corps. 

L’utilisation de patinoires comme chambres froides temporaires pourrait être envisagée. C’est en tout cas une option retenue par la ville d’Alès, dans le Gard, selon Midi Libre qui évoque une patinoire "en pleins préparatifs" pour y accueillir des morts du Covid "dans les prochains jours". En réalité, celle-ci se ferait seulement en dernier recours, selon nos informations. 

La patinoire d'Alès disponible mais en dernier recours

L’hôpital n’est jusqu’ici pas saturé, indique l’agglomération d’Alès à LCI, précisant que la patinoire, qui a été "maintenue en glace", est disponible mais n’a pas encore été réquisitionnée et ne le sera pas dans l’immédiat. "A l’heure actuelle, il n’y a pas de corps à la patinoire d’Alès. C’est vraiment de la prévention", précise-t-elle. La préfecture du Gard, elle, rétorque que l’utilisation de la patinoire n’est pas un projet aujourd’hui. "Ils se tiennent prêts mais la préfecture n’a jamais fait de demande en ce sens. Il y a d’autres solutions avant", nous apprend-elle. Comme faire appel à des "opérateurs privés" nous dit-on, sans donner plus de détails. 

Toutefois, la préfecture confirme chercher "des places sur tout le département pour faire face à d’éventuelles tensions ponctuelles et ciblées qui pourraient intervenir dans le contexte actuel". Dans le Gard, 164 personnes sont mortes du Covid-19 à l’hôpital ou en Ehpad depuis le mois de mars, faisant de lui le troisième département le plus touché d’Occitanie, après l’Hérault (266) et la Haute-Garonne (167). La région, elle, enregistre 1020 décès à l’hôpital au 3 novembre, selon l’Agence régionale de santé (ARS), soit 98 de plus sur les quatre derniers jours. 

A Grenoble, des pompes funèbres débordées

À Grenoble aussi, on réfléchit à utiliser la patinoire de la ville comme lieu de conservation des corps. "Si la crise sanitaire devait s’intensifier et provoquer une augmentation massive du nombre de décès à laquelle les pompes funèbres générales ou les pompes funèbres intercommunales ne pourraient pas faire face, nous pourrions effectivement envisager ce type de réquisition", indique Denis Bruel, directeur de cabinet du préfet de l’Isère au Dauphiné Libéré. "Mais ce n’est encore qu’une hypothèse à laquelle nous espérons ne pas avoir recours." 

Si la piste de la patinoire a été mise sur la table, c’est que les pompes funèbres intercommunales se trouvent totalement saturées face à l’afflux de décès, toujours selon le Dauphiné. En effet, dans son bilan arrêté le 28 octobre, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes constate "un excès significatif de mortalité toutes causes (…) observé en semaine 42 à l’échelle régionale ainsi que dans l’Isère et la Loire".

Si jamais elle venait à être mise en place à Alès ou ailleurs, la mise à contribution de patinoires pour pallier le manque de places dans les morgues serait une première en France. Elle fut l’objet de rumeurs lors de la première vague, notamment à Mulhouse, et même suggérée en 2003, pendant la canicule qui causa la mort de 19.490 personnes selon l’Inserm, mais jamais mise en œuvre.

L’Espagne, elle, a été contrainte d’y recourir fin mars dernier, en pleine "première vague", lorsque sa capitale concentrait 55% des décès nationaux, avec 1535 morts sur un total de 2696 morts. Ainsi, des corps avaient été temporairement hébergés dans la patinoire de Madrid tandis que des cercueils avaient été entreposés dans des espaces adjacents. "Ces situations dramatiques requièrent des décisions difficiles. Actuellement, nous n’avons pas la capacité pour toutes les incinérations et les enterrements", avait alors concédé le maire de Madrid, José Luis Martinez-Almeida.


Caroline QUEVRAIN

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