Les enseignants appelés par leurs principaux syndicats à une "grève sanitaire" mardi

Virginie Fauroux, avec AFP
Publié le 5 novembre 2020 à 17h32
Les enseignants appelés par leurs principaux syndicats à une "grève sanitaire" mardi
Source : Istock

COVID-19 - Les premiers syndicats du secondaire et du primaire appellent à une "grève sanitaire" le 10 novembre pour dénoncer un protocole sanitaire qu'ils jugent insuffisant pour freiner l'épidémie. Ils réclament de nouvelles mesures en urgence.

Un vent de fronde souffle sur les établissements scolaires en cette rentrée des vacances de la Toussaint. Alors que la France est reconfinée, mais que les écoles restent ouvertes pour préserver les apprentissages et la scolarisation des élèves, cette continuité pédagogique est "mise en péril par le ministre de l’Éducation nationale", selon le SNUipp-FSU. Pour le syndicat majoritaire du primaire, des moyens indispensables pour assurer la nécessaire protection des élèves, comme celle des personnels, sont en effet souvent manquants. 

"Les conditions actuelles rendent impossibles la limitation du brassage, la constitution de petits groupes d’élèves ou encore la distanciation physique. L’école souffre par ailleurs d’un manque d’enseignants pour assurer le remplacement des professeurs absents", dénonce dans un communiqué le SNUipp-FSU qui, en conséquence, appelle les enseignantes et enseignants des écoles à se mettre en grève le mardi 10 novembre pour exiger de meilleures conditions sanitaires. Même son de cloche du côté du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, qui demande notamment "le passage à des demi-groupes", la "réorganisation de la demi-pension", le "recrutement d'agents pour nettoyer davantage les salles" et une "réflexion pour renforcer l'aération".

Les lycéens dénoncent leur mise en danger

Même sentiment de colère du côté des lycéens. A Nantes ce jeudi, le lycée des Bourdonnières a été bloqué par plusieurs centaines d'élèves qui ont aussi empêché la circulation sur la voie publique, selon la police, qui a fait état de feux de poubelles. Au moins deux lycéens ont été interpellés. Dans un communiqué, le "mouvement lycéen des Bourdonnières" a dénoncé "la mise en danger des professeurs, des élèves et (...) leur entourage avec tous les brassages dans un lycée de 2.000 élèves, notamment au self où la distanciation sociale reste impossible". Interrogé, le rectorat a indiqué que les cours avaient pu reprendre dans la matinée après la dispersion de la manifestation par la police.

Même chose à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), où le lycée Aristide Briand a été bloqué par les élèves, provoquant là aussi l'intervention des forces de l'ordre, selon la police. Dans le même temps, à Tours, plusieurs dizaines de lycéens ont organisé un barrage filtrant devant le lycée Grandmont, a constaté un correspondant de l'AFP. "Nous sommes trente dans certaines classes et nous avons peur de propager le virus. Nous voulons nous protéger et aussi nos familles. Nous avons pris quelques poubelles et palettes pour faire le blocage mais nous rangerons tout dans la journée. On laisse entrer nos camarades", a expliqué Dimitri, scolarisé en Terminale. 

Une autre lycéenne, Margot, a de son côté dénoncé l'impossibilité même de respecter le protocole sanitaire à la cantine : "Au bout de cinq minutes, la distanciation n'est plus respectée. On va prendre de l'eau avec le même pichet qu'on fait passer de mains en mains", a regretté cette élève de Terminale. Une délégation des lycéens a été reçue par le proviseur de l'établissement et le directeur académique d'Indre-et-Loire, Dominique Bourget. "Nous allons travailler sur des modalités d'organisation adaptées tout en préservant la continuité pédagogique en présentiel et à distance", a déclaré ce dernier à l'AFP. Une cellule d'analyse devait se réunir cet après-midi, au niveau académique, pour apporter rapidement des réponses.

Des profs ont exercé leur droit de retrait

A Caen, des professeurs du lycée Malherbe ont, eux, exercé leur droit de retrait. "Le point noir c'est la cantine. Il y a 1.900 gamins qui mangent à la cantine (...) Dehors, ça va mais dès qu'ils rentrent dans le couloir, les gamins font la queue les uns sur les autres. C'est pas gérable", a décrit Christophe Lajoie, représentant FCPE du lycée Malherbe interrogé par l'AFP.

Tandis qu'au Havre, une soixantaine d’enseignants du lycée professionnel Jules-Lecesne ont décidé de ne pas reprendre les cours ce jeudi matin. En cause, la non-validation, pour l’heure, d’un protocole sanitaire rédigé en concertation avec la direction de l’établissement comprenant près de 900 élèves, soit un millier de personnes, une fois compté l’ensemble du personnel.

Écrit lundi 2 novembre, jour de rentrée, le document propose, entre autres, d’appliquer le dédoublement des classes. Autrement dit, de faire cours à des demi-effectifs. "Soit par demi-groupes simultanément dans deux salles puisque certains cours sont dispensés par deux enseignants à la fois. Ce qui permettrait de passer, en moyenne, de 25-30 élèves à 12, tout au plus 16, par salle. Soit en les reportant, toujours par demi-groupe d’une semaine sur l’autre", détaille Franck Mazaudon, professeur de mathématiques. 

"C’est loin d’être anodin et permettrait de protéger l’ensemble des personnes présentes", souligne un autre professeur. "Car dans les espaces communs, que ce soit les couloirs ou le réfectoire, le Covid ne fait pas de distinction. Encore hier, nous avons tous pu voir 200 élèves agglutinés à l’entrée de la cantine où l’on sert 400 couverts par jour". 

Ce protocole envoyé au rectorat mardi 3 novembre n'a toujours pas reçu de réponse.


Virginie Fauroux, avec AFP

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