REPORTAGE - Pour prévenir une deuxième vague de Covid-19, l'ARS a lancé une campagne de dépistage dans l'agglomération de Mulhouse. Près de 125 000 personnes sont invitées à effectuer un test gratuitement depuis ce lundi 27 juillet.
Dans le Grand Est, les derniers mois, ont été éprouvants et on n'a surtout pas envie de revivre les mêmes choses. Les autorités ont identifié sept départements où le virus circule un peu plus qu'ailleurs sur le territoire et les ont d'ailleurs placés sous surveillance. Parmi ces départements, la Mayenne, les Vosges, le Finistère, le Val-d'Oise, le Haut-Rhin, Paris et la Seine-Saint-Denis.
Mais c'est dans le Grand Est que l'augmentation est nettement marquée. Alors pour prévenir une deuxième vague, l'ARS du Grand Est, lance une vaste campagne de dépistage dans l'agglomération mulhousienne. En tout, 125 000 personnes seront testées gratuitement et la campagne de dépistage a démarré ce lundi 27 juillet où les 22.000 premières personnes ont été invitées à se présenter pour un test PCR.
Embouteillages dans les laboratoires
Parmi elles, Carmen. Sa maman a été testée positive et elle vient se faire dépister, malgré l'absence de symptômes. "Il y aura 120 000 à 130 000 bons disponibles. Notre objectif est de casser chaque chaîne de transmission", a expliqué la directrice de l'ARS lors d'une conférence de presse. Mais dans les laboratoires on est en surchauffe et ces campagnes de dépistage, créent un embouteillage de prélèvements et d'analyses.
Pierre Adrien Bihl, du laboratoire BioRhin redoute cependant que le dépistage massif créer des embouteillages et "retarde la prise en charge des personnes qui ont besoin d'un diagnostic et d'un traitement". Avec la mise en place de tests gratuits, sans ordonnance médicale, les professionnels vont devoir faire face, là encore, à un afflux de personnes, toujours plus nombreuses et il leur faudra s'adapter. "On va devoir recruter des personnes en capacité de faire ces prélèvements", explique Hélène Becker, biologiste à Pfafftadt. Et l'afflux est tel que les laboratoires ont demandé un étalement des prélèvements, jusqu'à septembre.
On s'est concentré sur les foyers mais c'est une grave erreur, il faut se concentrer sur les porteurs du virus
Catherine Hill, épidémiologiste
Dans un arrêté publié samedi 25 juillet, au Journal officiel. le gouvernement a annoncé que les tests, qui coûtent 54 euros, seront intégralement pris en charge par l'Assurance maladie même sans ordonnance. Ainsi, les infirmiers diplômés d'Etat, les étudiants en odontologie, en maïeutique et en pharmacie, les aides-soignants, les sapeurs-pompiers, les marins-pompiers et les secouristes des associations agréées de sécurité civile titulaires d'une formation adéquate aux premiers secours pourront réaliser le prélèvement d'échantillon biologique.
Le gouvernement a déjà élargi la possibilité de faire les prélèvements, initialement réservée aux seuls biologistes médicaux, aux 40.000 techniciens de laboratoire. Il s'agit des tests virologiques PCR pour lesquels les délais d'attente sont aujourd'hui trop longs dans de nombreuses zones, notamment en Ile-de-France, où le manque de bras et la forte demande entraînent une quasi-saturation. Un problème qui pourrait être accentué alors que la France vient de renforcer son dispositif de dépistage, en rendant les tests obligatoires dans les aéroports pour les voyageurs provenant de 16 pays classés "rouge".
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"Il faut beaucoup plus de gens pour faire les prélèvements. Si on veut contrôler l'épidémie il faut tester beaucoup plus largement la population", a estimé samedi sur Europe 1 l'épidémiologiste Catherine Hill. "On s'est concentré sur les foyers mais c'est une grave erreur, il faut se concentrer sur les porteurs du virus", a-t-elle prévenu alors que la Direction générale de la Santé (DGS) a alerté la veille que la circulation virale était en "nette augmentation" dans le pays, avec plus de 1.000 nouveaux cas par jour.