COLÈRE - Quatre jours après l'immolation d'un étudiant devant le Crous de Lyon, des manifestants ont forcé les grilles du ministère de l'Enseignement supérieur, mardi 12 novembre à Paris. Ils se sont brièvement introduits dans l'enceinte du bâtiment aux cris de "Vidal démission", avant de partir à l'arrivée des forces de l'ordre.
Plusieurs dizaines de personnes ont forcé, dans la soirée du mardi 12 novembre, les grilles du ministère de l'Enseignement supérieur, rue Diderot à Paris, après une manifestation en soutien à l'étudiant qui s'est immolé devant le Crous de Lyon, quatre jours auparavant. Après s'être rassemblés devant les locaux du Crous parisien à l'appel de plusieurs syndicats étudiants, les protestataires ont ensuite débuté une manifestation sauvage vers le ministère.
VIDÉO - La grille d'entrée d'un bâtiment du ministère de l’enseignement supérieur a été forcée par des manifestants. @CLPRESSFR pic.twitter.com/1oK3spbTXu — Clément Lanot (@ClementLanot) November 12, 2019
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Aux alentours de 20h, des manifestants sont parvenus à ouvrir les grilles du ministère et plusieurs dizaines d'entre eux sont restés brièvement dans l'enceinte, aux cris de "Vidal démission", ou "le Crous assassine, la précarité tue". Les manifestants se sont ensuite dispersés à l'arrivée des forces de l'ordre, selon des journalistes présents sur place. Sur place, des tags ont inscrits sur les murs, notamment "assassin" et "la précarité tue".
Dans un communiqué, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal, qui a fait l'objet d'appels à la démission à cette occasion, "condamne fermement les violences et les dégradations ayant eu lieu en marge des rassemblements ce mardi 12 novembre, ainsi que l'intrusion de manifestants dans un amphithéâtre de l'université Lille-II ayant entraîné l'annulation de la conférence que devait y tenir François Hollande".
"Le geste tragique commis par un jeune homme vendredi dernier suscite une émotion légitime, mais la violence ne peut pas avoir de place à l’université. Les appels à la violence et les menaces de mort adressés aux responsables des CROUS qui se sont multipliés tout au long de la journée sont inadmissibles", poursuit la ministre. Au sujet de l'étudiant qui s'est immolé à Lyon, Frédérique Vidal "rappelle qu’en parallèle de l’enquête ouverte par le procureur de la République, elle a saisi l’Inspection Générale de l’Education, du Sport et de la Recherche pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances du drame".
Le parquet de Paris a confirmé à LCI l'ouverture d'une enquête, confiée à la sûreté territoriale de Paris.
Ce mardi, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de France pour dénoncer la précarité étudiante après la tentative de suicide d'Anas K., 22 ans, brûlé à 90% et toujours "entre la vie et la mort" après s'être immolé vendredi devant le Crous de Lyon. Dans une lettre dans laquelle il expliquait son geste, il dénonçait la précarité étudiante et accusait Emmanuel Macron, François Hollande, Nicolas Sarkozy et l'UE. Un message qui a été repris, ce mardi soir. "On a fait tomber une grille, mais c'est rien, c'est symbolique. On voudrait faire tomber tout le système néolibéral, qui nous rend précaire", a ainsi indiqué un étudiant, sous couvert d'anonymat, au micro de LCI.