Etudiants en journalisme arrêtés en marge de la manifestation contre les retraites : que s'est-il passé ?

par Claire CAMBIER
Publié le 13 décembre 2019 à 14h36, mis à jour le 13 décembre 2019 à 18h18
Etudiants en journalisme arrêtés en marge de la manifestation contre les retraites : que s'est-il passé ?
Source : DENIS CHARLET / AFP

INTERPELLATIONS - Deux étudiants de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille ont été interpellés ce jeudi 12 décembre, en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites. Ils ont été libérés ce vendredi matin, après 17 et 19 heures de garde à vue.

Deux étudiants en journalisme de l'ESJ Lille (Ecole Supérieure de Journalisme) ont été interpellés ce jeudi et étaient encore en garde à vue dans la soirée. Leur établissement a rapidement réagi et condamné "avec fermeté" ces arrestations, tout comme le SNJ, le syndicat majoritaire des journalistes. 

"L’ESJ Lille est informée de l’interpellation de deux de ses étudiants. Les éléments en notre possession nous amènent à penser qu’ils ont été interpellés pour avoir pris des photos de policiers en intervention. La liberté de prendre des photos lors de manifestation est un droit", a réagi l'école sur Twitter. "Nous défendons ce droit pour les journalistes professionnels et pour les futurs journalistes. Les tentatives de restreindre ce droit par des intimidations ou des amendements législatifs ne sont pas acceptables. Nous les condamnons avec fermeté", a-t-elle ajouté.

Que s'est-il passé ? Les étudiants couvraient la manifestation contre la réforme des retraites qui se déroulait à Lille ce 12 décembre. L'un d'entre eux, Baptiste, a été violemment interpellé par des policiers en marge de cette manifestation. Selon Nicolas Lee, un photographe présent sur les lieux et qui a filmé la scène, l'arrestation s'est déroulée "place Richebé à 16h34". " Violemment mis au sol et traîné par les FDO", le jeune homme de 18 ans a été emmené "au commissariat central."

Dans un communiqué, les étudiants de l'ESJ assurent que Baptiste "photographiait pacifiquement une première arrestation d'individus ayant provoqué verbalement les agents" de police.

Ses camarades ont alors décidé d'organiser un rassemblement devant le commissariat en question pour protester contre cette interpellation et réclamer la libération de l'apprenti journaliste. "Les forces de l'ordre ont commencé à nous pousser hors du parvis du commissariat", explique le BDE de l'ESJ. Les policiers en faction "ont refoulé des étudiants de l'académie", confirme Alexandre Horn, un des membres de l'ESJ, présent sur les lieux. Il est alors 18h. 

Les étudiants se mettent alors à genoux sur le trottoir. Sur la vidéo ci-dessus, on peut observer quelques dizaines de  personnes, genoux à terre et bras en croix au dessus de la tête, poings fermés ou appareils photos à la main. "Informer c'est pas un délit", clament-ils. 

L'un d'entre eux, Quentin, est par la suite isolé par les forces de l'ordre et interpellé, comme le montre la vidéo ci-dessous prise par Alexandre Horn. "Il n'a rien fait", peut-on entendre.

"Les deux étudiants sont sortis à 11h30 après 17 et 19 heures de garde à vue", a annoncé M. Horn ce vendredi matin.

Les forces de l'ordre livrent de leur côté, une version différente des événements. "Un jeune homme a été interpellé en fin d'après-midi place de la République pour violences volontaires sur agent de la force publique", a ainsi indiqué une source policière à l'AFP. Le jeune homme aurait, selon lui, refusé d'obtempérer. "A priori, ses collègues ne connaissaient pas le motif de cette interpellation et se sont donc rendus devant l'hôtel de police vers 18h00. C'est à ce moment-là qu'un deuxième étudiant a été interpellé pour attroupement malgré les sommations réglementaires, lorsqu'il a refusé de quitter les lieux."

Sollicitée par LCI, le parquet a confirmé que le motif de la garde à vue du 1er étudiant était "violences volontaires  sur personne dépositaire de l'autorité publique". Une enquête préliminaire est toujours en cours.  Le second avait été placé en garde à vue pour "participation à un attroupement après sommations e dispersion". Il a fait l'objet d'un rappel à la loi. 


Claire CAMBIER

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