Fonte des glaciers : "On est en train de perdre la bataille", prévient le climatologue Hervé Le Treut

Publié le 7 août 2020 à 18h44

Source : TF1 Info

CLIMAT - Un énorme bloc de 500.000 m³ menace de se détacher d'un glacier du Mont-Blanc. Des routes ont été bloquées et plus de 70 personnes ont été évacuées. L'accélération de la fonte des glaciers, à l'image de celui-ci des Grandes Jorasses près de Courmayeur, inquiète les scientifiques, à l'instar du climatologue Hervé Le Treut.

Menace dans les Alpes. Une portion de 500.000 mètres cubes de glacier, sur le territoire de la commune italienne de Courmayeur, risque à tout moment de s'effondrer après l'apparition d'une profonde fracture . La faute aux variations de températures, toujours plus élevées chaque été dans le massif. 

Ce phénomène inquiète Hervé Le Treut, climatologue et membre de l’Académie des Sciences. Sur l'antenne de LCI, le scientifique explique que "le paysage montagnard est bousculé" par le réchauffement global de la planète. 

Le rôle indéniable du réchauffement climatique

Pour Hervé Le Treut, le doute n'est plus permis : "Le réchauffement porte bien son nom et là, il conduit à des fontes de glaciers un peu partout sur la planète". Il s'appuie notamment sur l'exemple marquant de la Mer de glace à Chamonix. Le plus long glacier de France recule de 8 à 10 mètres par an, soit 120 mètres en un siècle. La température moyenne observée près du Massif du Mont-Blanc a augmenté de 4° entre les années 1950 et les années 2000. De quoi considérablement fragiliser les géants de glaces. Les glaciologues ont désormais acté le fait que "des glaciers d’altitude puissent fondre", explique Hervé Le Treut. "Un phénomène qu’on risque de voir de manière beaucoup plus fréquente à l’avenir". 

La disparition des glaciers n'a pas seulement un impact paysager: ils agissent comme des réserves d'eau douce qui, grâce à la fonte naturelle durant l'été, assure une alimentation régulière des ruisseaux et rivières. Or, si les glaciers baissent de volume, ils redistribuent moins d'eau. L'Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse estime que les glaciers alpins délivrent 15,5 milliards de mètres cubes d’eau douce par an pour la seule région Provence-Alpes-Côtes-d'Azur, une des plus sèches de France.

La fonte des glaciers fragilisent également le relief puisque "la glace sert de ciment sur les parois montagneuses ", avertit Hervé Le Treut. Sans oublier "le risque de poches d'eau qui se forme en altitude et qui peuvent créer des dommages ensuite en éclatant brutalement". Par exemple, près de 40.000 mètres cubes d'eau sont contenues dans les entrailles du glacier de Tête Rousse, dans la vallée de Saint-Gervais (Haute-Savoie). Des opérations de pompages ont été lancées pour éviter la catastrophe. 

"On est en train de perdre la bataille"

Hervé Le Treut se montre pessimiste sur l'avenir concernant la lutte contre le changement climatique. "On est en train de perdre la bataille car on va moins vite dans nos mesures que la planète elle-même". Pourquoi une telle analyse ? Car même dans le cas où les décisions politiques seraient suffisamment courageuses, le climatologue rappelle que "les gaz à effet de serre se stockent dans l’atmosphère et ce stockage est relativement irréversible. Il n’y a pas de marche arrière facile", conclut-t-il. 

Depuis le début de l’ère industrielle, la Terre s'est réchauffée de +1,2 degrés. Certaines projections de scientifiques prévoient, dans le pire des scénarios, une augmentation moyenne des températures de 6 à 7°C en 2100.


La rédaction de TF1info

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