Hausse de l'utilisation du portable au volant chez les jeunes : "L'éducation routière doit inclure le téléphone"

par Sylvia BOUHADRA
Publié le 26 juillet 2019 à 21h09

Source : JT 20h Semaine

COMPORTEMENT - Une étude de l'Association des sociétés d'autoroutes (Asfa) dévoilée vendredi 26 juillet montre que 75% des jeunes conducteurs disent utiliser leur téléphone portable au volant. Une pratique notamment liée aux nouveaux usages du téléphone, selon Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière.

Ils ne peuvent pas se passer de leur portable. 75% des jeunes conducteurs avouent utiliser leur téléphone portable au volant et ce même sur l'autoroute, selon une étude dévoilée par l'Association des sociétés d'autoroutes (ASFA) ce vendredi 26 juillet. Un chiffre lié à l’hyper-connectivité chez les moins de 35 ans ? Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière nous répond.

Ce qui est criant c’est que toute leur vie est sur leur smartphone
Anne Lavaud

LCI : 75% des jeunes conducteurs disent utiliser leur téléphone au volant. Ce chiffre est-il en hausse ? 

Anne Lavaud : L’usage du téléphone au volant est en effet en augmentation. Je préfère d’ailleurs dire que c’est l’usage du smartphone. Parce que l’on va voir progressivement que l’usage du téléphone est minime par rapport à tout autre chose. 

Sur cette cible là, les jeunes, ce qui est criant c’est que toute leur vie est sur leur smartphone. Leur musique, leurs copains, leur travail, etc. Donc prendre le volant avec le téléphone, c’est la capacité de "prendre" toute sa vie avec soi au volant. Jadis, quand on conduisait, on n’emmenait pas toute sa vie avec soi. La différence est là. Le smartphone nous permet de faire quelque chose que l’on ne pouvait pas avant. Donc bien évidemment ça change les comportements. Lorsque vous embarquez votre vie avec vous, vous avez tendance à vouloir rester connecté à votre vie.

LCI : Quels sont les nouveaux comportements liés au téléphone au volant ?

Anne Lavaud : Passer un coup de fil est devenu la moindre des pratiques. Manipuler sa playlist, écouter sa musique, c’est assez rarement évoqué comme étant un danger sur la route. Mais ça peut l’être tout autant que de passer un appel à sa mère.

C’est une fois que les gens ont leur permis qu’ils prennent des libertés qu’ils n’ont jamais eu
Anne

LCI : Sur les réseaux sociaux, on observe de plus en plus de personnes se filmant au volant. Peut-on établir un lien de causalité ?

Anne Lavaud : A l’association, on a une formule qui est de dire que la route est notre premier réseau social. C’est le premier en nombre, en importance, et c’est le premier historiquement. L’endroit où toute la société se retrouve. Le réseau social, de toute façon, est inhérent au fait de conduire. On a toujours voulu montrer ce que l’on faisait. Le fait d’avoir son téléphone, qui nous permet de partager avec toute une communauté ce que l’on est en train de faire, amplifie ce que l’on a toujours montré sur ce réseau social qu’est la route, au mépris du danger. L'envie de montrer que ce que l’on fait est plus fort que les risques que l’on prend.

LCI : Comment lutter contre cette hyper-connectivité au volant ?

Anne Lavaud : Il faut se dire que l’éducation routière doit inclure la dimension prise par le téléphone. Je crois qu'aujourd’hui, dans la pratique, les moniteurs d’auto-école parlent assez peu du sujet. Ils n’ incitent pas, puisque c’est interdit, leurs élèves à manipuler le téléphone. C’est une fois que les gens ont leur permis qu’ils prennent des libertés qu’ils n’ont jamais eu. En Belgique, certaines auto-écoles, demandent à leurs élèves, en milieu fermé, dans un parking par exemple, d'envoyer des textos ou de passer un coup de fil. Ça permet à l’élève de voir que ce n’est pas possible et c’est l’occasion pour le moniteur d’engager une discussion sur ce thème-là. Je ne suis pas certaine que cela soit généralisé en France. Il faut adapter l’enseignement à cette pratique. 


Sylvia BOUHADRA

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