"Chaque intersection est un enfer" : expérimentés ou débutants, les cyclistes parisiens à l'épreuve de la grève

Publié le 17 décembre 2019 à 21h57, mis à jour le 19 décembre 2019 à 17h33

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGES - Selon la préfecture de police, les accidents de vélo sont en hausse de 144% chaque semaine depuis début décembre. Un nombre qui illustre les frayeurs que se font les cyclistes qui empruntent les pistes cyclables depuis dix jours. Ils racontent à LCI.

"Le vélo à Paris pendant la grève c’est se disputer à la fois avec voitures et motos dans des pistes cyclables. Une vraie aventure", résume ironiquement Carolina, pour qui l’usage du deux-roues n’est pas de tout repos ces derniers temps. Pratique et efficace, ce moyen de locomotion est l’un des plus utilisés dans la capitale depuis le début de la grève jeudi 5 décembre, mais aussi l’un des plus dangereux. 

En moyenne, 140 victimes d’accidents de la circulation sont recensées par semaine depuis début décembre, selon les derniers chiffres de la préfecture de police. Parmi elles, 22 cyclistes, soit un nombre en hausse de 144% par rapport aux deux dernières semaines de novembre, qui dénombraient 9 cyclistes accidentés par semaine. Une donnée qui pourrait faire réfléchir certains à deux fois avant de sortir leur bicyclette du garage.

"Je me suis déjà sentie en danger sur la route, ce qui n'a jamais été le cas auparavant", confie ainsi Laurence. Cette cycliste régulière depuis cinq ans explique avoir assisté à trois chutes ces dix derniers jours, contre deux seulement depuis ses débuts à vélo. C’est qu’entre les pistes cyclables prises d’assaut, la chaussée mouillée par la pluie et les routes à moitié goudronnées, un vol plané est trop vite arrivé.  

Susan raconte le sien, survenu mercredi 11 décembre au petit matin, qui lui a valu une fracture de la main droite et dix jours d’ITT. "Je me rendais au travail et je devais faire huit kilomètres pour aller à Vitry-sur-Seine. À cause de la pluie et des nombreux piétons qui traversaient la piste cyclable, j’ai glissé et j’ai percuté une grille." 

Les néophytes, dangers publics ?

Marion, elle, relate sur Twitter s’être "pris en pleine poire une femme qui traversait sans regarder" alors qu’elle circulait tranquillement à vélo sur une piste cyclable. Résultat, la jeune femme a entamé un vol plané sur la chaussée et s’en est sortie, par chance, avec quelques égratignures et un porte-bagage cassé. Pour les familiers du guidon, ce sont les nouveaux arrivants sur les pistes cyclables qui caractérisent le plus grand danger. Avec la mise à l’arrêt des transports en commun, beaucoup, pour se rendre au travail, ont enfourché un vélo pour la première fois. On les appelle les néo-cyclistes, néophytes, newbies… Bref, les débutants. 

Ces derniers n’ont pas les codes et peuvent paraître hésitants lorsqu’il s’agit d’emprunter un rond-point, de tourner à gauche, de s’arrêter à un carrefour… "Ce sont des gens qui n’en font jamais en temps normal. On ne peut pas du tout anticiper leur réaction", insiste Laurence, qui parcourt en moyenne vingt kilomètres chaque jour. "Avec les routes qui sont tellement encombrées de voitures, on n’a aucune marge de manœuvre. Chaque intersection est un enfer." 


Caroline QUEVRAIN

Tout
TF1 Info