"J'ai l'impression qu'elles ne sont pas parties" : les punaises de lit, des colocataires très envahissants

Publié le 5 juillet 2019 à 15h31, mis à jour le 6 juillet 2019 à 17h07
"J'ai l'impression qu'elles ne sont pas parties" : les punaises de lit, des colocataires très envahissants
Source : GETTY IMAGES NORTH AMERICA /AFP

SANTE- 400 000 sites infestés de punaises de lit recensés dans toute la France, 100 000 rien qu'en Ile-de-France. Jeudi 4 juillet, les députés La France Insoumise et plusieurs associations ont lancé une campagne de prévention, afin de "lever le tabou sur cette question" et de faire reconnaître les punaises de lit comme un problème de santé publique. Des victimes d'invasions à Paris se sont confiées à LCI.

"Quand on s'en est rendu compte, c'était trop tard." En déplaçant son lit un beau jour, Matthieu, habitant du 10e arrondissement de Paris, identifie la cause des multiples boutons qu'il arbore sur les doigts depuis un mois : un nombre incalculable de punaises, qui pullulent à l'abri des regards. "Je croyais que c’était une araignée, je n’avais jamais entendu parler des punaises de lit."

Matthieu débourse alors 200 euros pour l'intervention d'une agence de désinsectisation. Et se retrouve à devoir payer l’intégralité de la somme. En effet, en cours de bail, difficile de prouver que la présence de punaises n’est pas du fait du locataire. Pourtant, rien à voir avec la propreté des lieux ou de l’hygiène corporelle. "Les punaises ne sentent que l’humain et migrent là où il se trouve", raconte le jeune homme, désormais expert de ces insectes ultra-résistants. 

"Une solution : déménager"

Une fois la désinsectisation faite, la bataille est pourtant loin d'être terminée : "Il faut laver tous les textiles à plus de 60 degrés ou alors les congeler, car les punaises ne survivent pas à ces températures. Il a fallu établir un planning pour pouvoir congeler nos vêtements. Une fois que c'est fait, tout doit être mis dans des sacs plastiques. Et puis le lit, poubelle." 

C'est en discutant avec sa gardienne qu'il se rend compte que tout l'immeuble est infesté depuis six mois. "Tu as l’impression que tu ne vas jamais t’en débarrasser. Je n’ai pas rencontré une personne qui m'a dit 'ça va aller' ni lu un article rassurant sur le sujet. Il ne nous restait qu'une solution : déménager." 

Sans opter pour une méthode aussi radicale, Chloé, qui pense avoir été victime de ces envahisseurs, traite rapidement le problème à la source. Pourtant, elle ne découvre aucun parasite visible dans son appartement, mais remarque "des taches noires sous trois lattes du parquet ". Cela lui suffit pour contacter une agence de désinsectisation, qui prend en charge les frais d’intervention. "J’ai simplement dû acheter le produit."

La paranoïa s'installe alors. "J’ai dormi sur un lit de camp pendant une semaine. Au début, j’avais un dessous de drap, un oreiller et une couette, et puis au fur et à mesure, j’ai tout enlevé car j’avais peur que soit infesté. J’ai fini par dormir sur le lit de camp, sans rien d’autre." 

Les jours passent et Chloé a l’impression d’avoir de plus en plus de boutons sur le corps, ce qui créé chez elle une véritable psychose. "Tu te réveilles en pleine nuit pour te gratter, tu deviens folle et exténuée. Tu te sens sale, tu n’oses plus être invitée chez des gens. Tu te sens comme un paria." Aujourd'hui, elle ne sait toujours pas si elle a eu affaire à ces insectes redoutables.

Cette paranoïa n’est pas isolée chez les personnes ayant subi pareille invasion. Capucine, locataire d’un appartement dans le 18e arrondissement de Paris, s’est débarrassée de ses punaises après plusieurs opérations de désinsectisation et le nettoyage de son sol à la terre de diatomée (poudre naturelle insecticide), mais reste quelque peu traumatisée. "J’ai toujours peur d’en avoir à nouveau. J’ai l’impression qu’elles ne sont pas parties."

S’ils sont devenus rares en Europe à partir des années 40, ces insectes ont depuis traversé l’Atlantique avec les touristes américains et canadiens principalement, qui ont investi hôtels et appartements de location comme Airbnb, comme nous explique Matthieu. Après ce douloureux épisode, le jeune homme a quitté Paris un temps pour des raisons professionnelles, puis a fini par s'y réinstaller. "J’ai fait mon deuil", raconte-t-il dans un sourire. Et relativise : "C’est la faute à pas de chance".


Caroline QUEVRAIN

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