Journée des droits des femmes : comment l'image de propagande "Rosie la riveteuse" est devenue l'emblème du combat féministe

Publié le 7 mars 2020 à 15h28, mis à jour le 7 mars 2020 à 15h35
Journée des droits des femmes : comment l'image de propagande "Rosie la riveteuse" est devenue l'emblème du combat féministe
Source : Istock

MODÈLE - Ce dimanche 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les participantes de la "Marche des grandes gagnantes" organisée dans plusieurs villes de France sont invitées à se vêtir d'un bleu de travail et d'un foulard rouge, les attributs de la désormais emblématique "Rosie la riveteuse". A l'origine, cette icône, inventée en 1943 par un dessinateur américain, représentait les six millions de femmes travaillant dans l’industrie de l’armement.

Le symbole claque : les dizaines de milliers de manifestantes qui sont attendus ce dimanche 8 mars, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, à Paris et dans au moins une dizaine d'autres villes en France, sont invitées à se vêtir en "Rosie la riveteuse", le poing levé mais les mains dans des gants... de vaisselle jaunes. 

Et à 15h40 - heure théorique où les femmes cessent d'être rémunérées, compte tenu des écarts de salaires entre les sexes - les participantes jetteront ces fameux gants de ménage, manière de protester à la fois contre les inégalités en matière de salaire et de répartition du travail domestique. 

Mais pourquoi un tel accoutrement, déjà porté dans de précédentes manifestations par les opposantes à la réforme des retraites ? Que représente finalement cette célèbre "Rosie", devenue l'emblème du combat féministe ? La réponse est peut-être à trouver du côté du slogan qui accompagne leur icône : comme cette dernière, représentée en bleu de travail sur une affiche mondialement connue, elles croient au fameux slogan "We can do it !" : oui, elles peuvent le faire. 

"Icône de toutes les travailleuses invisibles"

Pourtant, à l'origine, cette campagne de propagande, réalisée en 1943 par un dessinateur américain, J.Howard Miller, était surtout destinée à encourager les femmes à participer à l’effort de guerre, en travaillant comme ouvrières pour remplacer les hommes partis au front. A l'époque, il ne s'agissait donc pas tellement de mettre en avant les femmes en tant qu'égales des hommes, mais plutôt de les inciter à retrousser leurs manches, et à travailler encore plus. 

Mais peu importe, l'histoire nous a quand même appris que c'est justement grâce aux deux guerres mondiales successives que les femmes ont arraché leur indépendance. Cette affiche symbolise par ailleurs les six millions de femmes qui travaillèrent dans l’industrie de l’armement et produisirent le matériel de guerre.

Surnommées les "Rosies" en écho à cette affiche qui porte le nom d'un chant patriotique intitulé "Rosie the Riveter" (Rosie la riveteuse, ndlr) : "All the day long, Whether rain or shine, She’s a part of the assembly line. She’s making history, Working for victory, Rosie the Riveter", elles furent encouragées, au retour des hommes, à laisser leur place aux soldats démobilisés ou furent orientées vers des travaux non spécialisés.

Qui a vraiment servi de modèle ?

Quant à la panoplie portée par "Rosie la riveteuse", salopette bleue et foulard rouge dans les cheveux, elle est basée à tort sur une photographie en noir et blanc de l'United Press International (UPI) d'une ouvrière de 17 ans, Géraldine Doyle, vivant dans le Michigan. On la voit portant un fichu à pois sur la tête, alors qu'elle travaille sur une machine à emboutir des pièces métalliques.

Sauf qu'en 2011 un professeur de l'université Seton Hall, James J. Kimble, identifia et démontra après une longue enquête que le véritable modèle de cette célèbre affiche était en fait une jeune fille d'une vingtaine d'années,  Naomi Parker. Durant la Seconde guerre mondiale, elle travaillait à la chaîne dans la base aéronavale d'Alameda en Californie, peut-on lire sur Wikipédia. Et rien ne dit qu'elle était affublée de la sorte. 

Au final, cette affiche de propagande a été redécouverte dans les années 1980, notamment par les féministes qui se sont appropriées son côté revendicateur ; l'image a aussi été utilisée dans des publicités et des parodies, et même sur un timbre postal américain (photo en tête de cet article) en 1998. 


Virginie FAUROUX

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