L'inquiétude de Philippe Etchebest face au confinement : "On demande juste le minimum vital"

Publié le 20 avril 2020 à 11h41

Source : TF1 Info

DECONFINEMENT - La confirmation de la fermeture des cafés et restaurants après le 11 mai, prononcée par le Premier ministre Édouard Philippe dimanche 19 avril, laisse craindre une hécatombe sans nom dans la profession. Le célèbre cuisinier Philippe Etchebest laisse éclater sa vive inquiétude ce lundi.

210 000 cafés et restaurants du pays, fermés depuis le début du confinement. Au bord de l’asphyxie, ils "doivent être autorisés à retravailler au plus vite", plaident dix-sept grands noms de la gastronomie réunis au sein du Collège culinaire de France, dans une tribune au Figaro

Parmi eux, Philippe Etchebest, très inquiet, préfigurant une effroyable hécatombe : "Si nous devons rouvrir avec les mesures sanitaires de restriction, cela veut dire que nous devrons réduire l'activité au moins de moitié, donc licencier la moitié de notre effectif", assure-t-il sur LCI. "Dans notre profession, le coût de la masse salariale est le plus élevé. 50% de clients en moins entraîne 50% de licenciements. Alors, je me pose la question de la durée de l'après-confinement, sous condition de distanciation sociale et de mesure sanitaire." D'autant qu'"appliquer les mesures sanitaires en vigueur actuellement n'est pas viable pour la plupart des entreprises dans notre secteur". D'où ces questions : comment faire ? Faut-il rouvrir si c'est pour ne le faire qu'à moitié ?

"Que les assurances aident les entreprises à assurer le minimum vital"

Lors d'une conférence de presse ce dimanche, le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran ont fait un point de situation sur la crise sanitaire. Reprenant les chiffres affichés par l'Insee, ils ont rappelé que la récession économique qui se présente devant nous du fait des mesures de confinement est la plus forte depuis 1945 (-8% en 2020). Dans certains secteurs, la baisse de l'activité observée est beaucoup plus forte, allant jusqu'à 90% dans le secteur de l'hébergement et de la restauration. 

Le chef étoilé, qui tient un restaurant à Bordeaux, estime que l'Etat doit faire pression sur les assurances pour que ces dernières "puissent trouver des fonds et indemniser les entreprises devant assurer le minimum vital pendant la fermeture. Pour un accompagnement, les banques doivent prendre leur part de l'effort, qui doit être financée par une répartition collective. On ne demande pas la lune, on demande juste le minimum vital pour que nos entreprises puissent survivre à cette crise (...) Il faut que ce soit collégial : l'Etat, les banques, les assurances et nous aussi. Je parle au nom de tous les restaurateurs."

"Tout cela va entrainer des milliers de licenciements"

Dimanche soir, le Premier ministre a par ailleurs confirmé que les cafés et les restaurants ne rouvriront pas après le 11 mai. En d'autres termes, on devra vivre avec le virus encore pendant longtemps. Seulement, on imagine mal notre monde d'après sans ces restaurants ni bistrots, encore moins avec les mesures actuelles : "Vous vous imaginez sortir de votre journée de travail sans pouvoir partager un moment de lien social et ne pas aller au restaurant ?" demande Philippe Etchebest. "Nous sommes des lieux qui permettent cet équilibre psychologique. On subit ce virus de plein fouet, on essaye de tous travailler collectivement, tous ensemble, pour sortir de cette crise qui va laisser des traces."

De plus, comment imaginer un restaurant avec des tables plus espacées, du personnel masqué ? Très inenvisageable, selon le médiatique cuisinier, juré de Top Chef : "Avec des tables plus espacées, c'est simple : vous réduisez votre activité de moitié" appuie-t-il auprès de LCI. "Pour les petits restaurants où les tables sont proches, je ne sais pas comment ils vont pouvoir faire. Qui dit réduction d'activité, dit réduction des effectifs. Tout cela va entraîner des milliers de licenciements, il faut être conscient de ça". 

Faut-il alors attendre la fin définitive de la crise pour tout rouvrir comme avant ? "On n'est pas irresponsables non plus, on ne peut pas ouvrir dans n'importe quelles conditions. D'autant qu'on engage notre responsabilité en tant que restaurateur. Si jamais vous avez un client qui vient manger dans votre restaurant et qui tombe malade, s'il porte plainte contre vous, comment pouvez-vous faire ? Idem pour nos salariés, il faut qu'on les protège. Rester à ne rien faire ne m'arrange pas du tout. J'ai des fourmis dans les pieds, mes salariés aussi. Mais nous sommes tous impuissants devant cette situation."


Romain LE VERN

Tout
TF1 Info