La Fédération nationale des chasseurs porte plainte contre Super U après le départ de deux gérants pour un Safari-chasse

par Mathilde ROCHE
Publié le 7 août 2019 à 10h23, mis à jour le 7 août 2019 à 10h31
La Fédération nationale des chasseurs porte plainte contre Super U après le départ de deux gérants pour un Safari-chasse
Source : DR

CONTRE-ATTAQUE - Début juillet, les photos d'un couple de gérants d'un super U, posant à côté de leur trophée de chasse en Afrique créait un scandale sur les réseaux sociaux, les poussant à quitter leurs fonctions. La Fédération Nationale des Chasseurs a décidé de porter plainte contre le groupe des magasins U pour avoir tenu des "propos discriminants" dans leur communiqué sur la polémique.

Les chasseurs contre-attaquent. Début juillet, deux gérants d’un super U étaient vivement pris à partie sur les réseaux sociaux pour avoir fait de la chasse lors d’un safari en Afrique. Sous la pression, l’enseigne annonçait le jour même le départ du couple et leur remplacement à la direction de leur magasin. Un mois après la polémique, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a décidé de porter plainte contre l’Enseigne U pour discrimination. "Cela commence par les safaris de chasse à l’étranger mais se poursuivra demain à propos d'autres chasses pratiquées tout aussi légalement en France", craint la Fédération à propos du rejet de leur pratique.

Lutter " contre le harcèlement dont sont victimes les chasseurs"

Sur des photos datant de 2015 - déterrées sans explication - le couple pose fièrement aux côtés de cadavres de lion, de léopard, d’éléphant, de buffle et d'alligator. Les clichés font rapidement le tour de la toile, accompagnés de messages appelant au boycott de l’enseigne. La polémique enfle, les propos de certains internautes deviennent violents. La filiale U assure d’abord que "ces images relèvent d'activités personnelles en dehors de la sphère professionnelle" et dit simplement se désolidariser de "ces pratiques qui vont à l'encontre des valeurs que nous défendons". Mais plus tard dans la même journée, la direction générale finit par céder à l’opinion publique et communique sur la fin de leur collaboration avec le couple, assurant que "les dirigeants du magasin d'Arbresle ont décidé de quitter l'enseigne".

Après plusieurs semaines de concertation avec leurs avocats, la FNC a donc porté plainte le 1er août contre le groupe U pour discrimination envers les chasseurs. La Fédération dit vouloir lutter contre "le dénigrement du droit de pratiquer une activité légale et contre le harcèlement dont sont victimes les chasseurs". Joint par téléphone, le Président de la FNC, Willy Schraen, affirme que cette plainte ne concerne pas la décision interne de remaniement hiérarchique, mais se porte sur les mots utilisés par la filiale pour communiquer sur cette polémique.

"Tout cela est légal, il n'y a rien de choquant"

"La façon dont ils ont géré l'affaire en interne ne nous regarde absolument pas", assure Willy Schraen. "Le problème, c'est la façon dont ils ont condamné la chasse dans leur communiqué", explique-t-il. "Dans leur choix de mots, notamment 'réprobation (...) émotion légitime', l'enseigne U fait un réel jugement d'intention. Pourquoi 'légitime' ? Tout cela est légal, il n'y a rien de choquant", continue le Président de la FNC. C'est donc sur ces termes jugés "anormalement utilisés et irrespectueux pour le monde de la chasse" que la Fédération veut l'avis des juges.

De son côté, le groupe U confirme avoir reçu une assignation en justice pour "propos discriminants" mais préfère "ne pas commenter davantage". L'enseigne a 15 jours pour décider quelle démarche juridique suivre et n'a "pas encore choisi quelle sera la prise de position du groupe". Aucun des deux partis n'a souhaité communiquer sur le montant des préjudices demandés. Pour M. Schraen ce n'est pas ce qui compte. "On fait cela pour le symbole" affirme-t-il. "D'ailleurs, d'autres plaintes vont suivre, contre plusieurs associations anti-chasse, pour incitation à la violence et à la haine", continue le Président.

Une plainte polémique au sein des adhérents de la Fédération

Sur l'idée que les photos de ce couple souriant auprès de cadavres d'animaux ont pu choquer certaines personnes, Willy Schraen répète son incompréhension la plus totale. "Non à vrai dire je ne vois pas pourquoi cela dérange", admet-il. "Ils sont contents de les avoir trouvés et de les avoir tués et ils prennent une photo souvenir, je ne vois pas le problème. Encore une fois c’est une activité légale", insiste le Président de la FNC.

La légalité de cette chasse est une raison pourtant jugée insuffisante par certains adhérents de la Fédération. Sur leur page Facebook, les avis se contredisent sous l'annonce de la décision de porter plainte contre les magasins U. Certains concèdent réprouver la chasse de ces animaux exotiques mais estiment que "les chasseurs doivent se serrer les coudes". D'autres marquent carrément leur désaccord et demandent à la FNC de se positionner contre la chasse-safari. Comme Marc Chorro, qui commente : "Je suis chasseur depuis mes 16 ans, j'en ai 67, j'ai toujours aimé la chasse mais je ne vois pas l'intérêt et la raison d'aller tuer des lions des hippopotames des buffles. Pour moi c'est de l'ego surdimensionné et je ne pense pas que cela arrange la chasse en France". Des propos qui ont déclenché chez les chasseurs autant d'approbations que de contre-arguments. 

Pour tempérer les nombreuses réactions sur Facebook, la Fédération assure à ses adhérents : "Il est important que la FNC réagisse dans ce genre de situation, car cela commence par les safaris de chasse à l’étranger mais se poursuivra demain à propos d'autres chasses pratiquées tout aussi légalement en France. C’est la liberté individuelle de chasser qui est en jeu et il est de notre devoir de ne pas cautionner le e-lynchage et ses terribles conséquences sur la vie professionnelle et privée des chasseurs."

Pour Willy Schraen, dénoncer la chasse en Afrique est tout simplement un non sens. "Quand vous habitez dans la brousse, le lion reste une saloperie qui mange votre bétail et vos enfants, donc vous voulez vous en débarrasser", commence-t-il. "Mais lorsqu’il se met à avoir un intérêt économique et que le donner à chasser à des étrangers vous rapporte assez d’argent pour nourrir le village la moitié de l’année, là vous en prenez soin du lion !"

Selon le Directeur de la FNC, l’autorisation de la chasse dans les pays d’Afrique éviterait aux locaux de se tourner vers le braconnage pour éradiquer les “nuisibles”. La chasse serait donc, en plus d’être très profitable, complètement bénéfique aux populations d’animaux dont les espèces sont menacées, soutient le représentant de la FNC :  "Une raison de plus pour ne pas tirer sur les chasseurs".  


Mathilde ROCHE

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