"La Hongrie et la Pologne n'ont pas d'immigrés" : Eric Zemmour dit-il vrai ?

Publié le 20 novembre 2019 à 17h30
"La Hongrie et la Pologne n'ont pas d'immigrés" : Eric Zemmour dit-il vrai ?
Source : BERTRAND GUAY / AFP

À LA LOUPE – Lors d'un débat avec François Asselineau, le polémiste de CNEWS a assuré que malgré une directive européenne sur le regroupement familial, ni la Hongrie ni la Pologne n'avaient d'immigrés. LCI a vérifié.

Le président de l'Union populaire républicaine François Asselineau était l'invité de CNEWS le 19 novembre. En plateau, il a débattu avec Éric Zemmour, autour notamment des questions de souveraineté et d'immigration. L'ancien candidat à la présidentielle a tenté d'expliquer que selon lui, les règles de l'Union européennes constituaient un frein à l'action, la France étant tenue de s'y conformer. Il a notamment pris l'exemple d'une directive relative au regroupement familial, que les pays membres sont obligés d'appliquer.

En désaccord, Éric Zemmour lui a opposé plusieurs arguments : "Je vous rappelle que nous sommes dans l'Union européenne", lui a-t-il notamment lancé, "avec la directive dont vous parlez, et que la Hongrie et la Pologne n'ont pas d'immigrés […] votre directive, on peut très bien s’asseoir dessus." 

Hongrie et Pologne face à la justice européenne

Contrairement à ce qu'affirme Éric Zemmour, l'immigration n'est pas nulle en Hongrie et en Pologne. Les deux pays se sont néanmoins distingués ces dernières années par leur politique migratoire très dure, qui leur a valu les remontrances de l'Union européenne. En décembre 2017, ils ont en effet été renvoyés devant la Cour de justice de l'UE – tout comme la République tchèque –, pour n'avoir pas respecté leurs engagements en matière de relocalisation de migrants.

En 2015, face à l'afflux massif de réfugiés en Grèce et en Italie, les instances de l'Union avaient en effet fixé des quotas d'accueil aux pays membres, afin que toutes les personnes débarquées en Europe par la Méditerranée puissent bénéficier d'une prise en charge. Hongrois, Tchèques et Polonais avaient alors traîné des pieds. 

"La Hongrie n'a pris aucune mesure depuis le début du programme de relocalisation et la Pologne n'a procédé à aucune relocalisation ni offert aucune place depuis décembre 2015", a indiqué la Commission européenne dans un communiqué le 7 décembre 2017. La République tchèque pour sa part, "n'a procédé à aucune relocalisation depuis août 2016 ni offert aucune nouvelle place depuis plus d'un an."

Une immigration faible, mais bien réelle

Pour connaître les chiffres réels de l'immigration en Europe, il faut se tourner vers l'agence continentale de statistiques, Eurostat. Elle nous indique notamment qu'en 2017, la Hongrie a vu arriver sur son sol 36.400 immigrants, parmi lesquels 25.300 en provenance de pays hors de la zone euro. Pour la Pologne, Eurostat indique que les données relèvent d'estimations. Il convient de les observer avec prudence, mais nous disposons d'un ordre d'idée avec 76.600 immigrants recensés, dont 53.800 hors zone euro. Bien loin de l'immigration zéro. 

Le durcissement des politiques migratoires dans ces pays, symbolisé par l'érection d'un mur de barbelés en Hongrie, semble entraîner une réduction des flux de population. On observe en effet qu'entre 2017 et 2018, les demandes d'asile ont baissé légèrement en Pologne, tandis qu'elles étaient divisées par six en Hongrie.

Si l'on rapporte les chiffres de l'immigration à la population globale des différents pays, on s'aperçoit enfin que la Suède ou l'Estonie accueille une proportion d'immigrants supérieure à la Grèce ou à l'Italie. Autre surprise : ces immigrants sont proportionnellement moins nombreux en France… qu'en Hongrie (5,5 pour 1.000 habitants contre 7 pour 1.000 habitants).  

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Thomas DESZPOT

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