TRANCHES DE VIE - Après avoir été au contact des malades, les soignants doivent prendre des précautions avec leurs conjoints et leurs enfants. Comment font-ils au quotidien ? Le 20 heures de TF1 a recueilli leurs témoignages...
Pour les soignants, au contact quotidiennement des malades du coronavirus, l'angoisse ne s'arrête pas aux portes de l'hôpital. Elle se poursuit une fois rentrés à la maison car il faut coûte que coûte protéger sa famille. Valérie Voilqué est l'une de ces combattantes. Manipulatrice en électroradiologie, à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine), elle a du s'aménager un petit coin rien que pour elle au rez-de-chaussée de sa maison, s'isolant par là-même du reste de sa famille.
Le prix à payer pour ne pas risquer de contaminer son mari ou ses enfants. Et une charge mentale supplémentaire quand on aimerait au contraire pouvoir trouver du réconfort auprès des siens. "C'est vrai qu'en rentrant, j'aurais aimé me plonger dans le canapé avec eux pour qu'on discute, qu'on regarde un film, pour raconter ma journée", confie-t-elle.
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Composer avec l'inquiétude des enfants
Comme elle, les soignants sont nombreux à changer leurs habitudes pour ne prendre aucun risque. Kevin Verdeuil, lui, est aide-soignant dans le Val d'Oise. Depuis le début de l'épidémie, il doit se désinfecter intégralement avant de rentrer chez lui et retrouver sa femme et ses quatre enfants. "Normalement, je finis mon travail à 7h, mais je ne suis de retour à la maison que vers 8h30, car je prends désormais ma douche au travail où je me lave avec soin pour éviter tout risque de contamination au sein de mon foyer", raconte-t-il. Une situation qu'il accueille avec résignation : "Il faut faire avec, il n'y a pas le choix", reconnaît-il.
Et lorsqu'on questionne son fils pour savoir si le métier de son père l'inquiète, le jeune garçon avoue qu'il a peur que son père ramène des maladies à la maison. C'est l'autre difficulté que rencontrent les soignants : composer avec l'inquiétude de leurs enfants. "C'est quand maman que tu restes mille jours avec nous ?" demande ainsi le fils de Charlotte, une infirmière de nuit travaillant à l'hôpital. Désabusée, c'est une question à laquelle elle n'ose répondre : "On a l'impression de ne pas être là pour eux. C'est dur d'entendre qu'on est constamment parti ailleurs. On a l'impression qu'on abandonne un peu notre famille. C'est pas facile".