La ville de Paris peut-elle être la future capitale du vélo ?

Publié le 31 janvier 2020 à 16h20
La ville de Paris peut-elle être la future capitale du vélo ?
Source : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

PETITE REINE – Dans cette campagne pour les municipales, c’est la course folle à qui libèrera le mieux Paris de la voiture, polluante et encombrante. Anne Hidalgo a présenté mardi 28 janvier son plan vélo dessinant une "ville 100% cyclable", sur le modèle d’Amsterdam ou de Copenhague. Mais Paris a-t-il les moyens de ses ambitions ?

La totalité des rues de la capitale adaptées pour les cyclistes, telle est l’ambition d’Anne Hidalgo pour 2024. Pour ce faire, la maire sortante de Paris souhaite notamment supprimer 60.000 places de stationnement sur les 133.000 actuelles et généraliser les zones 30 km/h. 

Anne Hidalgo veut tailler une voie royale à la petite reine, au détriment de la voiture et en fait l’un de ses principaux arguments de campagne. "Pour cela, il ne faut pas faire des aménagements cyclables partout, c'est au niveau des grandes artères qu'ils sont nécessaires", prévient Frédéric Héran, urbaniste et auteur de l’ouvrage Le Retour de la bicyclette. "Il faut aussi modérer la vitesse là où c’est possible, afin que l'on puisse circuler à petite vitesse sur la même chaussée entre cyclistes et automobilistes." 

Paris et le poids des transports en commun

"Paris sera la capitale du vélo", a donc promis l’édile en cas de réélection, prenant exemple sur les villes d’Amsterdam et de Copenhague. Mais la ville peut-elle vraiment arriver à la cheville de ces pionnières en matière de déplacements à vélo ? Non, selon Frédéric Héran, pour une simple et bonne raison : "Paris a quelque chose qu’Amsterdam n’a pas, c’est un réseau de métro extrêmement dense, qu’on dit être le meilleur du monde". Certes, la capitale des Pays-Bas se trouve équipée de tramways, mais ceux-ci sont nettement moins efficaces que les transports souterrains, avec une capacité d'accueil deux fois moins importante.

Ainsi concurrencé par le poids des transports en commun, le vélo parisien n’aura jamais la place occupée par son voisin néerlandais. Ce qui n’empêche pas pour autant l’essor tout tracé du vélo, qui se fera forcément au détriment de la voiture et de la place qu’elle occupe dans une ville aussi dense que Paris, assure l’urbaniste.

Et la densité de la capitale est pour beaucoup dans l'exaspération des Parisiens à l'égard des automobilistes. Si seulement 10 % des déplacements se feraient en voiture, selon les estimations faites à partir de l'Enquête Globale Transports de 2010 et des comptages de la mairie, le ressenti est tout autre. En effet, 2,14 millions d'habitants se partagent un espace de... 105 km carrés, provoquant inévitablement un phénomène de congestion. À titre de comparaison, Amsterdam est vaste de 219 km carrés pour 821.700 habitants en 2015. "La voiture fait tout pour prendre toute la place qu'on lui donne", résume ainsi Frédéric Héran. 

Chasser la voiture de Paris, une vieille politique

Ayant étudié de près les politiques de la ville menées depuis un siècle, l'urbaniste remonte aux origines du combat contre la voiture à Paris. Dans les années 70, Jacques Chirac, fraîchement élu à la mairie de Paris, installe alors des poteaux le long des trottoirs pour empêcher le stationnement illicite des voitures –estimé à 50.000 places ajoutées aux 300.000 officielles de l'époque.  Mais c’est dans les années 90 que la restriction de la circulation automobile dans Paris intra-muros se met en marche, avec Jean Tiberi, locataire de l’Hôtel de ville de 1995 à 2001, qui "mène ouvertement une politique anti-voiture". Bertrand Delanoë s'inscrit dans la même trajectoire en 2001, de manière toutefois plus affirmée durant son premier mandat. Résultat, le trafic baisse (de 4 à 5 points par an), à la faveur de la petite reine. Alors qu’en 1976, seuls 0,2 % des déplacements se faisaient en vélo, ils représentent aujourd’hui 4 %, soit 20 fois plus. 

Toutes les grandes villes occidentales se mettent  aujourd'hui à libérer de l’espace pour les cyclistes, d’après Frédéric Héran, qui prend l’exemple de Washington et de sa hausse annuelle de 14 % des déplacements en vélo depuis déjà dix ans. "Ce n’est pas une question de couleur politique, c’est un mouvement de fond." 


Caroline QUEVRAIN

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