POLÉMIQUE - La formation écologiste ne digère pas que la maire de Paris ait "insinué" que des élus écologistes de la capitale n'aient pas voté pour donner de l'enseignant décapité à un lieu public, ce qu'ils ont fait. Son secrétaire national Julien Bayou a exigé des excuses de l'édile.
Le torchon brûle entre les écologistes et Anne Hidalgo. Le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts (EELV) Julien Bayou a demandé ce lundi 23 novembre à la maire de Paris des excuses après qu'elle a "insulté tous les écologistes". En cause ? L'édile aurait insinué que des élus Verts n'auraient pas voté mardi pour qu'un lieu de la capitale porte le nom de l'enseignant décapité Samuel Paty.
"C'est vraiment scandaleux ce qui s'est passé parce que la maire de Paris insinue que nous nous serions abstenus. Or elle sait très très bien ce qui s'est passé ; c'est extrêmement grave", a accusé sur RFI le patron d'EELV. Avant de tacler : "Je ne comprends pas que dans cette interview à BFM, elle puisse mentir les yeux dans les yeux et insulter comme ça tous les écologistes (...) Ce n'est pas possible d'instrumentaliser comme ça cet assassinat de Samuel Paty". "Nous demandons des excuses de la part d'Anne Hidalgo, elle doit retirer ses propos, il n'y a aucune ambiguïté sur la République pour les écologistes", a-t-il conclu.
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"Une insulte personnelle"
À l'origine du courroux de Julien Bayou : un entretien accordé samedi sur BFMTV par Anne Hidalgo. Un entretien dans lequel elle avait jugé "choquant" que quelques élus Verts se soient abstenus pour ce vote et avait invité les écologistes à "progresser sur les questions notamment de République".
Or, en réalité, les Verts parisiens avaient voté cette délibération. Ils avaient simplement souligné que celle-ci était prise rapidement après la mort du professeur, alors que la pratique habituelle veut qu'un délai de cinq ans s'écoule entre le décès d'une personne et le fait qu'on attribue son nom à un lieu. Une confusion était en outre apparue du fait d'un incident technique, qui avait comptabilisé 20 élus issus de tous les groupes - dont cinq EELV - parmi les non-votants. Et ne se sont pas privés de le faire savoir à la maire.
Les 5 adjoints écologistes membres de l’exécutif de Anne #Hidalgo : @David_Belliard (transports), @annesouyris (santé), @danlert (environnement), @anneclaire_boux (politique de la ville) et @f_letissier (ESS) pic.twitter.com/34vYIqrjUm — Lucas Biosca (@LucasBiosca) November 23, 2020
Les deux camps devraient prochainement s'expliquer
Pourquoi cette attaque contre les élus Verts ? "Je ne sais pas si c'est parce qu'elle pense à 2022, je ne sais pas si c'est parce qu'elle a encore en travers le fait que nous ayons mis en cause ses liens avec Christophe Girard", a répondu Julien Bayou. La majorité municipale avait en effet connu une première crise avec la démission pendant l'été, poussée par les Verts, de l'adjoint à la Culture Christophe Girard, un proche d'Anne Hidalgo, entendu dans le cadre de l'affaire Matzneff.
Les deux camps devraient prochainement s'expliquer : la cheffe du groupe municipal des Verts, Fatoumata Koné, doit rencontrer prochainement Anne Hidalgo. De son côté, le groupe EELV à la mairie de Paris va demander à la maire "si elle souhaite continuer à travailler avec (eux)", a annoncé dimanche soir l'élu David Belliard dans une interview à Libération, en faisant part de sa "meurtrissure" contre ce qu'il qualifie d'"insulte personnelle".