Mort lors d'un stage de survie : comment éviter de tels drames ?

M.D.
Publié le 28 septembre 2020 à 21h26, mis à jour le 29 septembre 2020 à 10h09

Source : TF1 Info

DRAME - La mort d'un jeune homme de 25 ans, en août dernier lors d'un stage de survie en Bretagne, a mis en lumière l'absence de réglementation pour encadrer ce loisir. Actuellement, n'importe qui peut s'improviser moniteur. L'oncle de la victime a mis en ligne une pétition pour interpeller le gouvernement.

C'est un loisir qui séduit de plus en plus de Français, en quête d'aventure et de dépassement de soi. Dans le froid, en montagne, en ville ou à l'étranger, les stages de survie explosent. Mais à quel prix ? La réglementation, notamment pour l'encadrement, est encore floue. Et les accidents se multiplient, allant parfois jusqu'à la mort d'un participant.

Ulysse avait 25 ans. Il voulait devenir maître-chien. En attendant son entretien dans un centre de recrutement des forces armées, le jeune garçon s'entraînait intensivement. Le 11 août, il était parti passer un week-end dans la forêt pour un stage de formation à la survie, en Bretagne. Pensant qu'elle était comestible, lui et sept autres participants ont alors ingéré une plante toxique. Quatre d’entre eux ont dû être hospitalisés. Mais pour Ulysse, l’issue a été fatale. 

Ulysse a commencé à convulser puis il a perdu connaissance. Il ne s’est jamais relevé…
Duc Ha Duong, président de l’association Les Survivants d’Ulysse

Vingt minutes après l’absorption du poison, "Ulysse a commencé à convulser puis il a perdu connaissance. Il ne s’est jamais relevé…", raconte Duc Ha Duong, l’oncle de la victime, encore sous le choc. Le stage auquel participait Ulysse était pourtant encadré par un instructeur. A qui la faute ? Afin qu’un tel drame ne se reproduise jamais, Duc Ha Duong a fondé l’association Les Survivants d’Ulysse et a mis en ligne une pétition (qui a déjà recueilli plus de 26.000 signatures) pour interpeller le gouvernement sur l’absence de réglementation.

Enseigner la survie requiert des connaissances pointues afin d’éviter les accidents. "Le brevet d’Etat d’accompagnateur en montagne nous donne une qualification, une maîtrise de la flore locale, pour se nourrir, se soigner, fabriquer des élixirs. On ne joue pas à l’apprenti sorcier", explique Cédric Hoareau, spécialiste des stages de survie. Cependant, en France comme ailleurs en Europe, aucune formation spécifique n’est requise pour organiser ce type de stage. Autrement dit, n’importe qui peut s’improviser moniteur.  

Et le problème ne date pas d'hier. La question fut même posée par écrit en 1989 et la réponse du ministère du Travail est sans équivoque :  "Aucune disposition législative ou réglementaire ne fixe à l'heure actuelle un cadre juridique spécifique aux stages dits de motivation ou de survie".

La mort d’Ulysse a eu l’effet d’un électrochoc. Pour Frédéric Cuvelier, qui organise des camps de survie depuis plus de dix ans, il devient urgent d’encadrer la pratique de ce loisir. L'ancien militaire, aujourd’hui à la tête du Syndicat national des moniteurs vie, nature et survie, réclame la mise en place d’une réglementation et surtout des contrôles plus réguliers. "Le problème est qu’on ne sait pas qui fait quoi et dans quel cadre et avec quel brevet. Le moniteur est-il déclaré ? A-t-il une assurance ? Actuellement, c’est impossible à savoir. Il faut aussi que l’Etat fasse un travail de contrôle", soutient-il. La mort d'Ulysse permettra, espère-t-il, d'éviter un nouveau drame.


M.D.

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