Dégâts, reconstruction, enquête... les questions qui se posent après l'incendie de Notre-Dame de Paris

Publié le 19 avril 2019 à 13h58

Source : JT 20h Semaine

EN QUESTIONS - À l'heure où nombreux sont celles et ceux à penser à la rénovation de Notre-Dame de Paris, quatre jours après l'incendie qui a ravagé en partie l'édifice multiséculaire, l'enquête bat son plein pour déterminer l'origine du départ de feu. LCI fait le point sur les nombreuses questions qui restent en suspens.

La question de l'avenir de Notre-Dame est posée. Quatre jours après l'incendie qui a consumé en partie la cathédrale la plus emblématique de France, joyau de l'art gothique et emblème de la capitale française, le sinistre soulève toujours de nombreuses questions. Face à plusieurs pignons qui menaçaient de s'effondrer, et à l'instabilité de la structure, les spécialistes sont toujours à pied d'œuvre. L'heure est à la sécurisation de l'édifice religieux avant d'envisager la reconstruction du monument le plus visite d'Europe grâce aux dons massifs, qui continuent d'affluer d'un peu partout dans le monde.

Pourquoi l'enquête va être un casse-tête ?

Depuis le début, la piste accidentelle est privilégiée. "Rien ne va dans le sens d'un acte volontaire", a affirmé le procureur de Paris Rémy Heitz. Saisie par le parquet de Paris, la Direction de la police judiciaire de Paris a mobilisé cinquante enquêteurs et confié à la brigade criminelle le soin de cette enquête hors norme déclenchée pour "destruction involontaire par incendie". En premier lieu, les ouvriers qui travaillaient sur ce chantier ont été autorisés à rentrer chez eux après avoir été entendus plusieurs fois depuis lundi. Les auditions se poursuivent pour les premiers intervenants et le personnel de Notre-Dame. 

Pour l'heure, les enquêteurs sont entrés plusieurs fois dans la cathédrale mais ils n'ont pas démarré à proprement parlé les prélèvements. Ils attendent toujours le feu vert des autorités compétentes pour pouvoir procéder aux constatations et collecter les preuves matérielles. Une fois cette partie réalisée, viendra le temps de l'analyse par les experts et l'exploitation des différents supports médias (vidéosurveillance intérieure et extérieure, vidéos et photos des particuliers) pour déterminer l'origine du départ de feu. Seule certitude pour l'instant le feu a démarré du centre de la toiture vers la base de la flèche. 

Incendie de Notre-Dame : comment travaillent les enquêteurs ?Source : JT 20h Semaine

Qu'a-t-on pu sauver de Notre-Dame ?

S'il a détruit en partie la cathédrale, l'incendie a aussi épargné nombre de ses trésors. À l'extérieur du monument, les deux beffrois, abritant dix des treize cloches de Notre-Dame dont le célèbre bourdon Emmanuel, 13 tonnes à lui seul, ont été sauvés. "Si le feu gagnait les cloches dont tous les supports sont en bois, on perdait le beffroi", a avoué le lieutenant-colonel des pompiers de Paris, José Vaz De Matos. "Si on perdait la guerre du beffroi, on perdait la cathédrale." Englouti par les flammes, à l'instar de la flèche de Viollet-le-Duc, le coq qui l'ornait a été retrouvé, cabossé mais restaurable, dans les décombres. Après plusieurs jours d'incertitude, les trois ruches de la sacristie et les quelques 200.000 abeilles ont finalement survécu.

À l'intérieur de Notre-Dame, le grand orgue du XVe siècle - ses cinq claviers, ses 115 boutons et ses 8000 tuyaux répartis sur trois étages - n'a ni brûlé ni fondu malgré les fortes chaleurs. L'instrument a tout de même pris la suie et la poussière. Il est inutilisable à l'état et nécessitera une restauration. Le petit orgue, situé sous la flèche, a lui été fortement endommagé. Les trois magistrales rosaces, datant des XIIe et XIIIe siècles, ont tenu bon mais ont été superficiellement noircies. 

Au milieu du désastre, les pompiers ont pu sauver la Sainte Couronne d'épines posée, selon la croyance, sur la tête du Christ avant sa crucifixion. Deux autres reliques, un morceau de la Croix et un clou de la Passion, ainsi que la tunique de Saint-Louis ont été extirpées à temps du brasier. Tout a été conservé dans un coffre de la mairie de Paris puis transporté au Louvre. D'autres œuvres d'art, présentes dans la nef et le chœur, sont restées intactes à l'image de la statue de la Vierge à l'Enfant. Les derniers tableaux encore dans Notre-Dame devaient être "sécurisés" ce vendredi "dans la journée" selon le gouvernement. L'Observatoire du patrimoine religieux estime entre 5 et 10% la part des œuvres d'art qui ont disparu dans l'incendie. 

TÉMOIGNAGES - Notre-Dame : ils ont sauvé les trésors de la cathédraleSource : JT 20h Semaine

Combien de temps va durer la rénovation ?

Mardi soir, à 20h, Emmanuel Macron a annoncé qu'il souhaitait que la reconstruction de la cathédrale "soit achevée d'ici cinq années". Peut-on imaginer Notre-Dame restaurée pour les jeux Olympiques de 2024 ? "Peu probable" pour certains, "irréaliste" pour d'autres, quoiqu'il en soit les spécialistes du secteur tablent sur un délai beaucoup plus long. Interrogé par LCI, un Compagnon du devoir, association d'ouvriers qui est déjà intervenue dans la restauration des tours de la cathédrale, estime même qu'il faudra "des décennies de travaux" pour remettre sur pied l'édifice multiséculaire dont un pan est parti en fumée. 

Pour redonner à Notre-Dame son éclat d'antan, il faudra donc du temps. Avant de passer à la phase de reconstruction, des travaux préparatoires, d'assainissement, de consolidation, de séchage devront être effectués. À la suite de cela, des arbitrages devront être pris. Faut-il rebâtir la cathédrale à l'identique ou dans un style contemporain ? Avec quels matériaux ? Mercredi, le Premier ministre Édouard Philippe a lancé un concours international d'architecture pour décider du futur de la flèche. Une fois les décisions arrêtées, les entreprises compétentes qui disposent des savoir-faire pourront conduire la restauration.

Possède-t-on les savoir-faire pour rebâtir ?

De la maçonnerie à la charpente, en passant par la couverture et la pierre de taille, les professionnels de la restauration historique ne vont pas manquer de travail. Mais ont-ils les savoir-faire nécessaires ? "Le savoir-faire est là, la compétence professionnelle est maintenue. Il y a une très grosse activité d'entretien et de restauration des bâtiments historiques due à notre patrimoine. La France est une référence", a confié un Compagnon du devoir à qui on a posé la question. 

Maîtres verriers, ébénistes, doreurs... les besoins sont variés pour la reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame. Si le savoir-faire est là, il semble bien qu'il manquera de la main d'oeuvre. "Pour le chantier de reconstruction, il faudrait que dès septembre nous recrutions en apprentissage 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs", a annoncé Jean-Claude Bellanger, secrétaire général des Compagnons du devoir, à l'issue d'une rencontre avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud. "Ces métiers manuels sont peu valorisés et attirent peu (...) on a un manque cruel de jeunes sur ces métiers."

INFOGRAPHIE - Notre-Dame de Paris : la reconstruction s'annonce titanesqueSource : JT 20h Semaine

Quel coût pour les travaux de Notre-Dame ?

C'est la grande inconnue, quatre jours après l'incendie qui a ravagé de Notre-Dame. Le coût des réparations d'un monument est très difficile à évaluer de manière précise. Il faut attendre que le diagnostic soit établi pour connaître l'ampleur des dégâts. À partir de là, les experts pourront estimer et chiffrer le désastre. Les travaux devraient atteindre plusieurs centaines de millions d'euros. En fonction du type de rénovation et des techniques utilisées, le coût pourrait varier de un à trois.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, ce vendredi matin, près d'un milliard d'euros ont été promis ou récoltés pour la reconstruction de l'édifice chrétien. La cagnotte destinée à la cathédrale devrait continuer à croître fortement et atteindre de nouveaux sommets ces prochains jours. L'élan de solidarité devrait ainsi permettre de couvrir l'ensemble des dépenses.


La rédaction de TF1info

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