"Notre nouvelle vie" : Liberté pas si chérie par les Français ?

par Sophie LUTRAND
Publié le 15 mai 2020 à 18h13
"Notre nouvelle vie" : Liberté pas si chérie par les Français ?

CONSULTATION - TF1 et LCI ont lancé fin avril, en partenariat avec Sciences Po et Bluenove, une grande consultation citoyenne pour témoigner, débattre, partager nos inquiétudes et inventer le monde de demain. Après "la vie à distance", voici le deuxième volet de notre enquête portant sur la question des libertés. Comment avons-nous vécu ces mois de privation de liberté individuelle et collective ? Serions-nous prêts à y renoncer durablement ?

Inscrite dans la devise de la République française et dans les paroles de la Marseillaise, la liberté a été plus que bousculée ces deux derniers mois. Comment avons-nous vécu ces privations ? C’est l’une des questions posées dans le cadre de la grande consultation citoyenne "Ma nouvelle vie" lancée fin avril par les rédactions du groupe TF1 en partenariat avec Science Po et Bluenove. Voici les quatre principaux enseignements de cette enquête qui a déjà recueilli plus de 50 000 contributions. 

1. Étonnamment pas si compliqué

Le premier enseignement est peut-être que, du seul point de vue de la privation de liberté, la situation n’était pas si difficile à vivre selon la majorité des répondants "qui ont même apprécié le calme qui en découlait". Aux yeux des participants, ces 55 jours de confinement ne se sont pas relevés si difficiles car justifiés et nécessaires. 

Seuls 10% des participants ont fait part d'un sentiment d’oppression, ont mal vécu le fait d’être bloqués chez eux et l’ont comparé à un emprisonnement. 4% des contributions mettent en cause une dérive autoritaire de l’Etat.

2. On recommence demain ? 

Notre consultation nous apprend que plus d’une personne interrogée sur deux (56%) serait même prête à renoncer à un certain nombre de libertés pour davantage de sécurité face aux pandémies. Dans l’ordre, voici ce à quoi il serait le moins douloureux de renoncer : la liberté de regroupement (25% y sont prêts), la liberté de circuler (20%), le respect de ses données personnelles (17%) et la liberté d’aller voter, à condition que celle-ci soit remplacée par un vote électronique par exemple. 

A l’inverse, pour les 44% qui ne souhaiteraient pas renoncer à des libertés en cas de nouvelle pandémie, ils estiment que le confinement était lié à l’impréparation de l’Etat, envers lequel ils se montrent critiques et espèrent que, si le cas se représentait, ce ne serait plus nécessaire. 

3. Partager son dossier médical ? Oui, mais pas avec n’importe qui

53,6% des répondants accepteraient de laisser l’accès à leurs données médicales à davantage de personnes. Le premier souci est de "mieux soigner et de soigner plus rapidement, grâce à une meilleure connaissance des antécédents médicaux par le médecin ou du fait d’une collecte facilité des informations de santé par exemple".

Partager ses informations de santé avec le corps médical, pas de problème, les Français ont confiance en la Sécurité sociale pour mieux tracer les dépenses de santé, en l’Etat et en les autorités régionales de santé pour mieux lutter contre la propagation de la pandémie. Mais là s’arrête la transparence. Les Français ne souhaitent aucunement que les assurances aient accès à leurs données de santé. Cette défiance concerne le partage de données avec tout acteur privé au nom du respect du secret médical. Le traçage des patients atteints du Covid ou des cas-contacts, comme envisagé dans le plan de déconfinement, fait surgir cette crainte.

Dans le cas d’une privation de liberté, l’âge apparaît comme une pierre d’achoppement. L’âge ne peut pas être un motif de différenciation, ce "critère n’étant pas purement médical".
Consultation "Notre nouvelle vie"

4. Réduire la liberté de certains plus que d’autres ? 

Dans l'éventualité d'une nouvelle pandémie, 67,3% des participants considèrent que traiter des groupes de personnes différemment serait acceptable. Mieux protéger les personnes à risques, les régions les plus touchées ou encore les personnes âgées ne choque pas les participants à la consultation. Car dans l’esprit des répondants, il s’agirait davantage de prévenir la pandémie en distribuant des masques, en testant davantage certaines personnes plutôt que de "punir", ou d’assigner à domicile ceux-ci. Une sorte de discrimination positive de la prévention. 

Dans le cas d’une privation de liberté, encore une fois, l’âge apparaît comme une pierre d’achoppement. Le gouvernement s’y était cassé les dents quand il avait évoqué la possibilité d’un confinement plus long pour les personnes âgées, la consultation le confirme. L’âge ne peut pas être un motif de différenciation, ce "critère n’étant pas purement médical". 

Enfin, ce qui ressort des contributions, c’est le souhait, à l’avenir, d’en appeler à la responsabilité de chacun. La liberté de chacun à restreindre… sa propre liberté. 

La consultation citoyenne se poursuit jusqu'à la fin du mois de juin. Le prochain thème abordé sera "le monde de demain". Si vous souhaitez participer, rendez-vous sur la plateforme "Notre nouvelle vie". 


Sophie LUTRAND

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