MALAISE - Les manifestations contres les violences policières et en hommage à George Floyd se sont déroulées dans le calme dans de nombreuses villes samedi. A Lille, en marge d'un cortège, une commissaire de police a exprimé son désarroi et défendu une institution "au service de la population" : "La police n'est pas raciste".
Elle qualifie la situation "d'assez paradoxale". Et dans sa voix pointe un certain malaise. En marge d'un des nombreux cortèges qui ont défilé samedi dans toute la France contre les violences policières et en hommage à George Floyd, Lucille Klein, commissaire de police à Lille était - à l'image de nombreux de ses collègues - quelque peu désabusée : "On est vraiment au service de la population pour la protéger. Et là, on nous accuse, on se fait insulter", a-t-elle déploré au micro de TF1.
A Lille, comme à Paris, Bordeaux, Lyon ou Marseille, des milliers de personnes ont manifesté en réclamant "justice pour tous". Près de 23.000 manifestants dans l'ensemble de l'Hexagone se sont rassemblées en mémoire à George Floyd mais aussi pour dénoncer la violence de policiers ou le racisme. Une critique que cette commissaire estime difficile à entendre. "La police n’est pas raciste", assure Lucille Klein.
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Ces rassemblements - dont certains avaient été interdits en raison des mesures sanitaires - se sont déroulés dans le calme à l'exception de quelques débordements mineurs à Lille justement, ou Marseille. "On a de tout dans la police, des femmes, des hommes, de toutes les origines, de tous les horizons", poursuit la commissaire.
Depuis quelques jours, des témoignages anonymes de policiers évoquant le racisme de leurs collègues se sont multipliés. Et une enquête a même été ouverte après la mise au jour de publications racistes attribuées à des agents des forces de l'ordre sur un groupe Facebook de 8000 membres. Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a saisi le procureur de la République (voir la vidéo ci-dessous). "J'attends des sanctions exemplaires en la matière", a, ce dimanche, réagi Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.
Eric Dupont-Moretti demande une publication des sanctions
"Le racisme n'a pas sa place en démocratie, le racisme n'a pas sa place dans la police". "Quand on est fonctionnaire, quel que soit son niveau, quel que soit son grade, on représente la République, on représente l'État et on a donc un devoir d'exemplarité", a ajouté Frédéric Potier pour qui "il y a un écart générationnel important entre de jeunes gardiens de la paix qui arrivent dans la police nationale et qui sont très sensibles à ces questions, et d'autres policiers qui sont en fonction depuis quelques années et qui le sont peut-être moins, parce que ces questions-là n'étaient pas abordées" avant dans la formation.
Dans une tribune publiée dans le JDD, le député LaREM d'Ille-et-Vilaine Florian Bachelier et l'avocat Eric Dupont-Moretti demandent de rendre public "d'urgence les sanctions aux manquements". "Rendons des comptes statistiques, repensons les contrôles d'identités, y compris grâce au numérique", ajoutent-ils. "Non, la police républicaine ne doit, ne peut et n'est pas raciste. Oui, un policier qui se rend coupable d'un acte raciste doit se voir retirer immédiatement son uniforme", écrivent-ils. Car, expliquent-ils, "c'est la condition pour que les filles et fils de France qui ont fait le choix de porter l'uniforme de la République soient respectés, la loi appliquée, la paix civile assurée".