Grève dans les hôpitaux parisiens : "Il y a des jours où on travaille à la chaîne et où ça en devient dangereux pour les malades"

Publié le 19 avril 2019 à 9h51

Source : Sujet JT LCI

COLÈRE - Alors que plusieurs services d'urgences de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris sont toujours en grève illimitée, démarre ce vendredi une grève générale de 24 heures, à laquelle est appelé "l'ensemble du personnel" de l'institution francilienne.

C'est, entre autres, la conséquence d'une série d'agressions sur le personnel. Alors que plusieurs services d'urgences de l'Assistance publique- Hôpitaux de Paris étaient toujours en grève illimitée jeudi, une grève générale de 24 heures a démarré ce vendredi. "L'ensemble du personnel" de l'institution francilienne est appelé à suivre le mouvement entamé mi-mars aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine, et rejoint par une dizaine d'établissements selon des représentants de SUD et de la CGT, sans pour autant perturber la continuité des soins, les personnels pouvant être assignés. Fait inédit depuis la réforme du temps de travail en 2015, l'ensemble des principaux syndicats de l'AP-HP (CGT, SUD, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa), auquel s'est joint le SMPS (manageurs publics de santé) ont déposé un préavis de jeudi à 21H00 à samedi à 07H00.

Conditions d'exercice dégradées, impossibilité de faire "son travail correctement", patients qui attendent des heures sur des brancards, agressions à répétition... Les soignants en ont "ras-le-bol", a résumé pour l'AFP l'urgentiste et syndicaliste CGT Christophe Prudhomme.

"On répète les mêmes choses depuis 20 ans, aucune mesure n'a été prise", s'indigne celui qui aimerait voir "la mayonnaise monter" au niveau national. "On a eu une augmentation de 3% du passage dans les urgences annuellement à peu près, il y a des jours où on travaille à la chaîne et où ça en devient dangereux pour les malades", témoigne pour sa part Diane Abreu, infirmière à l'hôpital Saint-Antoine. 

"Côté effectifs, on est loin du compte"

Pour l'heure, à l'AP-HP, la direction évoquait jeudi un taux de mobilisation (grévistes absents ou assignés) d'un peu plus de 30%, comme lundi. "La direction n'est pas sourde à nos revendications", a déclaré Cathy Le Gac, dont le syndicat SUD, en citant les "avancées" obtenues comme "un million d'euros mis sur la table pour la sécurisation des locaux" ou la titularisation progressive des contractuels. Mais "côté effectifs, on est loin du compte", a-t-elle regretté. 

La direction vient d'annoncer la création de 61 emplois supplémentaires, à répartir dans l'ensemble des services d'urgences, où les effectifs à l'avenir "évolueront proportionnellement à l'activité", selon un document de synthèse consulté par l'AFP. Mais il faudrait 700 postes de plus, rappellent les syndicats, qui s'appuient sur les recommandations professionnelles. Concernant les rémunérations, un "forfait spécifique d'heures supplémentaires" de 250 euros, versé à "titre exceptionnel", s'ajoutera à une "indemnité pour travaux dangereux" de 65 euros par mois. Une nouvelle réunion de négociation devrait avoir lieu mardi.

Confrontée à une forte dégradation de ses comptes depuis 2017, l'AP-HP a serré la vis sur ses dépenses de personnel, gelées jusqu'en 2023. Cela s'est traduit par la suppression nette de 405 équivalents temps plein (ETP) l'an dernier et une nouvelle diminution prévue de 779 ETP cette année.


La rédaction de TF1info

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