Privés de chômage partiel pour garde d'enfant, des parents en télétravail craignent le retour "en enfer" ?

Publié le 10 septembre 2020 à 17h51
Privés de chômage partiel pour garde d'enfant, des parents en télétravail craignent le retour "en enfer" ?
Source : AFP

"PLUS JAMAIS CA" - Le gouvernement a annoncé la reconduction du mécanisme de chômage partiel pour les parents en cas de fermeture d'école. A l'exception de ceux qui peuvent télétravailler. Inquiets, voire angoissés, certains concernés craignent de revivre "l'enfer" vécu pendant le confinement.

Anne est catégorique : "quand on doit gérer un tout petit (-3 ans), bosser en même temps est impossible". Alors que les fermetures de classes, voire d'écoles, se multiplient depuis la rentrée en raison de cas avérés de Covid-19, le gouvernement a annoncé mercredi la reconduction du mécanisme de chômage partiel pour les salariés contraints de garder leurs enfants. Mais cette mesure - rétroactive depuis le début de l'année - s'appliquera sous stricte condition, excluant notamment ceux qui peuvent bénéficier du télétravail. "J'ai posé des congés", se désole ce jeudi cette maman sur Twitter, qui n'est décidément pas prête à revivre l'expérience du printemps dernier. 

Et à en croire les réactions qui se succèdent sur la Toile, elle n'est pas la seule, les plus inquiets étant semblent-il les parents d'enfants en bas-âge. "Si l’école ferme, chômage partiel pour les salariés devant garder leur enfant... à la condition qu’ils ne peuvent pas télétravailler. Les mères vont encore vivre un enfer", redoute une autre internaute. "Il faut vraiment ne pas avoir travaillé avec un enfant à la maison pour croire que le télétravail avec un enfant est possible ...", s'insurge cette fois un père, tandis qu'un autre renchérit : "Soit, ils n’ont jamais fait de télétravail, soit ils n’ont pas d’enfants en bas âge."

"Désolé mais plus jamais"

D'aucuns évoquent de mauvais souvenirs, et excluent purement et simplement l'éventualité de la renouveler en cas de fermeture d'école. "Telétravailler et garder un enfant de 2,5 ans qui a besoin d’attention toute la journée, ce n’est pas possible. Je l’ai fait pendant 4 mois et j’ai failli y laisser ma santé. Alors désolé mais plus jamais!", prévient une autre mère sur Twitter, estimant qu'"il faut arrêter de nous prendre pour des cons avec le télétravail!"

Même rebut pour celle-ci : "Télétravail + garde d'enfant. J'ai donné pendant le confinement, j'aimerais bien éviter de recommencer. Ça n'était bon ni pour moi ni pour lui." D'autres ironisent sur la situation : "Je ne comprends vraiment pas pourquoi on se prend la tête à chercher des modes de garde (en général) puisque visiblement télétravail + s'occuper d'un enfant pourrait être compatible."

Mais quelle alternative alors ? Si des pistes sont lancées ici et là, quelques uns n'hésitent pas à rappeler combien il serait mal venu, voire imprudent dans le contexte sanitaire actuel, de se tourner vers les grands-parents. "Grands-parents? Sans doute pas très prudent si les enfants sont mis en quarantaine par précaution", souligne-t-on.

Enfin, d'autres n'hésitent pas à  imaginer le pire, en soulignant un problème de responsabilité juridique inhérent à cet entre-deux : travail et garde d'enfants.  "Sur le plan juridique, que se passerait-il en cas d'accident de travail survenu dans le cadre du télétravail qui impliquerait un tiers comme par exemple un enfant?"

"Evidemment, c'est très compliqué de télétravailler avec des enfants à la maison, malheureusement, ça ne va pas permettre un travail parfait et l'apprentissage à de jeunes enfants parfait", abonde à son tour Cécile Frattaroli, présidente de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP) à Paris qui qualifiant de "sportif" cette double tâche qui incombe aux concernés. Mais cette dernière invite néanmoins à relativiser, disant "comprendre la volonté de reconduire ce chômage partiel sous condition" qui est "une manière de faire participer un peu tout le monde" avec l'espoir que "les entreprises fassent preuve d’indulgence à l'égard de leurs salariés dans ce contexte".

Ce ne sera pas possible "durablement avec des enfants en bas âge à la maison"

Et d'insister : "Une solution est proposée, je tiens à la saluer (...) c'est une bonne chose et un stress en moins pour les familles qui en auront besoin".  Elle rappelle que dès la rentrée et les premières fermetures annoncées dans l'Hexagone, les représentants de parents d'élèves avaient soumis au gouvernement la problématique de la garde des enfants placés en quatorzaine, lequel avait immédiatement annoncé, sous peu, la mise en place d'un dispositif. "On ne connaissait pas les modalités, ça a mis une semaine à tomber, on a bien compris que c’était sous condition mais on était prévenus, donc on est quand même plutôt contents", ajoute encore celle qui préfère décidément voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, tout en rappelant que rares sont les pays à proposer un dispositif semblable et qu'il faut garder à l'esprit, dans ce contexte, que "le but est à la fois permettre à chacun de vivre décemment tout en enrayant au maximum l'épidémie".

Tout en saluant également "une bonne nouvelle", Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, note tout de même ce "bémol" relatif à la clause restrictive concernant les parents qui peuvent télétravailler. Selon lui, le télétravail ne sera pas possible "durablement avec des enfants en bas âge à la maison".

Pour rappel, seules les fermetures d'écoles peuvent justifier le déclenchement du chômage partiel pour les parents concernés. Au 10 septembre, 32 établissements scolaires sont fermés en France, selon le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal "soit 0,05 %" sur l'ensemble du territoire. S'ajoutent à ces fermetures celles de 524 classes qui elles, donc, ne donnent lieu à aucun dispositif.


Audrey LE GUELLEC

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