Un ours abattu par balles en Ariège, l'Etat va porter plainte

Publié le 10 juin 2020 à 7h19

Source : JT 13h Semaine

DÉFENSE ANIMALE - Un ours a été retrouvé mort, tué par balles en Ariège, dans les Pyrénées ce mardi. La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne annonce que l'Etat va porter plainte.

Un acte "illégal et profondément condamnable". C'est ainsi qu'a réagit Elisabeth Borne mardi 9 juin après la découverte d'un ours brun mort, tué par balles en Ariège, dans les Pyrénées. La ministre de la Transition écologique a annoncé que l'Etat allait porter plainte. 

L'animal gisait dans une zone de haute montagne, sur la commune d'Aulus-les-Bains, près de la station de ski de Guzet. Une enquête a été ouverte par le procureur de Foix, selon la préfecture. C'est le deuxième ours retrouvé mort dans les Pyrénées cette année. En avril, la dépouille de Cachou, un mâle né en 2015, avait été découverte dans le Val d’Aran, en Espagne, sans que les causes de sa mort n'aient jusque là été divulguées. La réintroduction de l'ours dans la région depuis 1991 fait débat, suscitant notamment la colère des bergers. 

Espèce protégée

"Personne n’a le droit de supprimer un ours dans les Pyrénées, c’est inconcevable. C’est une espèce protégée", a réagi Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l’ours, qui défend la présence de l’espèce dans les Pyrénées. "Bien entendu, (nous) les associations allons également déposer plainte et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver les responsables et les faire condamner", a ajouté cette figure du mouvement pro-ours interrogée par l'AFP.

La croissance de la population plantigrade dans les Pyrénées, après des réintroductions entamées en 1991, alimente depuis des années des tensions avec les éleveurs qui estiment leur présence incompatible avec l'activité pastorale. Le nombre d'ours dans les Pyrénées atteint désormais les 50 individus, selon les autorités, niveau qui n'assure toutefois pas la survie de l'espèce. 

Colère des éleveurs

Dans le camp anti-ours, la nouvelle est loin d'émouvoir, alors que la piste d'un éleveur en colère n'est pas écartée. "Il faut que les gens soient à bout pour commettre des actes illégaux comme ça. On n’a jamais écouté leurs souffrance au quotidien. On a semé la douleur, la souffrance, la zizanie dans nos montagne", réagit Philippe Lacube, leader historique des anti-ours et président de la Chambre d'agriculture de l'Ariège. "Ça peut être aussi être de la légitime défense", dit-il dans un second temps.

Il assure qu'une quinzaine d'ours vivent dans cette zone de l'Ariège, le Couserans, sur un total qu'il estime pour sa part varier entre 60 à 80 spécimens. "Pourquoi la vie d’un ours est-elle plus importante que celle d’une brebis. 1500 brebis ont été victimes de l'ours l'an dernier. On n’en serait pas là si le dossier de l’ours se gérait localement, par les aborigènes de ce territoire, pas à Paris au ministère." 

La France avait adopté un "plan ours" pour 2018-2028 prévoyant de nouveaux lâchers d'ours, mais il été enterré par le gouvernement quelques mois à peine après sa mise en place, après des manifestations d'éleveurs.

En 2019, 1173 animaux ont été tués par des ours et 36 ruches détruites, selon les chiffres contenus dans une consultation publique lancée récemment pour des mesures d'effarouchement des ours bruns dans les Pyrénées.La semaines dernière, les ministres de la Transition écologique et solidaire et de l’Agriculture avaient d'ailleurs annoncé une enveloppe de 500.000 euros supplémentaires pour la cohabitation ours-pastoralisme. 

Les défenseurs des plantigrades dénoncent pour leur part des chiffres gonflés par la course aux indemnisations, et des imputations aux prédateurs non confirmées. 


La rédaction de TF1info

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