Salon de l'agriculture : les agriculteurs ont-ils la fibre Gilets jaunes ?

Anaïs Condomines
Publié le 22 février 2019 à 16h35
Salon de l'agriculture : les agriculteurs ont-ils la fibre Gilets jaunes ?
Source : AFP

MOBILISATION - Le salon de l'Agriculture, édition 2019, ouvre ses portes ce samedi 23 février. L'occasion d'interroger la place des agriculteurs et exploitants au sein du mouvement des Gilets jaunes, dont certains verront peut-être passer devant leur stand de nombreuses personnalités politiques ce week-end.

Des gilets jaunes sur la calandre du tracteur ? Vous en avez peut-être croisé quelques-uns, sur les routes de campagne, mais la question de l'adhésion du monde agricole aux revendications du mouvement né le 17 novembre, se pose. A la veille de l'édition 2019 du salon de l'Agriculture, sait-on si les paysans français sont impliqués dans ce phénomène social qui secoue l'exécutif depuis quatre mois ? Une interrogation qui permet, notamment, de prendre la température et de savoir si, en ce 15e week-end de mobilisation, le salon de la porte de Versailles et son défilé de personnalités politiques seront particulièrement visés par les Gilets jaunes, samedi 23 février.

Au départ, il faut bien le dire, les agriculteurs ont un peu tardé à rejoindre le mouvement. Même si les représentants des principaux syndicats disent se montrer "solidaires" des préoccupations des Gilets jaunes, peu de consigne est donné à l'époque. Car la revendication initiale, à savoir la hausse des prix du carburant, ne concerne les exploitants que de loin. Jusqu'alors, ils sont parvenus à conserver un prix du gazole maîtrisé, un carburant dit "professionnel", assorti d'une détaxation. 

Combien d'agriculteurs parmi les Gilets jaunes ?

Mais on l'a bien compris depuis, le mouvement des Gilets jaunes va plus loin que le simple prix des carburants. Ainsi, dès le mois de décembre, la presse locale se fait le relais d'une participation accrue des agriculteurs aux rassemblements des Gilets jaunes, surtout sur les ronds-points. Exemple ici dans la Somme, où quelques producteurs laitiers ont décidé de marquer le coup en distribuant gratuitement du lait aux automobilistes. Et dénoncent un ras-le-bol général. Surtout, à ce stade de la mobilisation, la FNSEA, principal syndicat agricole, sort de son silence et enjoint les agriculteurs à se mêler au mouvement. Christiane Lambert, la présidente du syndicat annonce d'ailleurs  sa volonté de dire "stop au matraquage". De son côté, la Confédération paysanne appelle officiellement à soutenir la contestation. Son porte-parole invite les paysans "à rejoindre le mouvement, confronter des idées, être force de proposition et construire le monde de demain avec tous celles et ceux qui veulent changer le système". 

Mais alors même que le mouvement s'étoffe, il reste compliqué de savoir précisément dans quelle proportion le monde agricole s'implique. Dans les sondages consultés sur les Gilets jaunes, les agriculteurs représentent uniquement 1% des personnes interrogées et à notre connaissance, aucune étude n'a permis, à l'heure actuelle, de connaître avec précision leur degré de sympathie avec le mouvement. Au mois de novembre 2018, une consultation en ligne sur 1500 personnes établissait bien que "six agriculteurs sur dix étaient prêts à manifester contre la hausse du carburant". Mais il est impossible de croiser ces résultats, obtenus via un site de presse professionnelle, avec un autre sondage. 

Entre 10 et 15% des agriculteurs

Et aujourd'hui, quatre mois après le début du mouvement et alors que s'ouvrent les portes du SIA 2019, où en est-on ? Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA et président de la chambre du territoire de Belfort, nous indique qu'il n'y a à l'heure actuelle "aucun mot d'ordre". Mais que, depuis le début, émergent des "interrogations". "Ce qu'on essaie de dire, c'est un grand débat est désormais ouvert. Les thèmes spécifiques à l'agriculture peuvent y être abordés et répétés, notamment suite aux Etats généraux de la loi Alimentation. Mais il n'y a pas que des revendications catégorielles qui peuvent être amenées car nous sommes aussi concernés par les questions d'emploi et de dépendance aux transports sur nos territoires ruraux."

Concernant la proportion d'agriculteurs impliqués dans le mouvement, Daniel Prieur tient à rester prudent : "On a eu des retraités de l'agriculture qui y sont allés, car avec la hausse de la CSG, ils se sentaient vraiment comme les dindons de la farce. Par ailleurs, de manière plus générale, je pense qu'au début du mouvement entre 10 et 15% des agriculteurs ont pu prêter main forte aux Gilets jaunes." Et le numéro 3 de la FNSEA de préciser qu'un certain désamour du mouvement a pu naître, dès "la médiatisation de certains cas de violences" en marge des manifestations. Reste à savoir si les plus actifs d'entre eux souhaiteront saisir l'opportunité du salon de l'Agriculture pour faire part de leurs griefs aux représentants de l'Etat. 


Anaïs Condomines

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